A la Une: crise des «gilets jaunes», comment en sortir ?

Comment sortir de cette crise des Gilets jaunes ? La question est plus que jamais pressante alors que le pouvoir est « submergé », pour reprendre le grand titre de Libération.

« L’enjeu se résume à une question, pointe le journal : la France peut-elle affronter les défis du siècle qui commence sans y associer le peuple ? C’est la voie choisie depuis dix-huit mois,constate LibérationSous la houlette intéressée des classes dirigeantes, on met en œuvre un programme de réformes tombées d’en haut, sans discuter avec personne, ni les corps intermédiaires ni la population, selon un calendrier calamiteux qui favorise les favorisés avant de se soucier du pouvoir d’achat de la grande majorité des Français. A cela se sont ajoutées des déclarations d’une insigne maladresse, qui ont humilié les classes populaires et fait du Président le symbole de l’arrogance des élites. »

Alors, « dans ces conditions, une seule voie démocratique reste ouverte, préconise Libération :la négociation. La négociation immédiate, franche, rugueuse, et non une molle discussion décentralisée qu’on mine à l’avance en prévenant qu’on ne fera pas de concessions. »

Une grande table ronde

« Quels leviers politiques pour sortir de la crise ? », s’interroge en écho Le Figaro. « La dissolution de l’Assemblée, que réclame Marine Le Pen (et Jean-Luc Mélenchon) ; le référendum, que propose Laurent Wauquiez ; la démission, qu’exige François Rufin ; un changement de Premier ministre ? Non, répond Le Figaro, « d’autres propositions de sortie de crise s’accordent davantage à la nature de la contestation. Laurent Berger (de la CFDT) parle d’un ‘Grenelle du pouvoir de vie’, Olivier Faure (du PS), d’’États généraux du pouvoir d’achat’. L’idée de mettre autour de la table le plus grand nombre d’acteurs possible serait de fait, estime Le Figaro, un moyen à la fois de sortir du face-à-face devenu trop tendu entre Macron et les Français et de donner un minimum de crédibilité à toute proposition qui serait automatiquement rejetée si elle émanait du seul exécutif. La réunion de tous les chefs de parti participe de cet élargissement, préalable à toute sortie de crise. C’est en effet plus par l’humilité des liens renoués que par l’éclat d’un coup politique que Macron s’en sortira. »

En effet, renchérit Le Midi Libre, il faut « reprendre le dialogue avec les tenants de la colère hexagonale. Le président de la République n’a plus d’autres choix que de mettre sur la table des mesures concrètes. Celles qui vont donner du tonus au pouvoir d’achat. Sans quoi, l’Acte 4 de la révolution en marche pourrait faire mal au pays. »

Un big bang fiscal

Alors, concrètement, préconise La Croix, il faut remettre à plat la fiscalité… En fait, pointe le quotidien catholique, « l’un des problèmes majeurs qui a émergé dans cette affaire est celui d’un sentiment d’injustice fiscale. Chacun – ou presque – a le sentiment qu’il paye trop d’impôts, de charges et de taxes tandis que d’autres n’en paient pas assez. Cette perception n’a rien de surprenant tant notre système d’imposition est devenu illisible, les gouvernements successifs n’ayant cessé depuis des décennies d’en bricoler le dispositif pour des arrangements de court terme. Il faut donc marquer un temps d’arrêt, préconise La Croix. Suspendre toute hausse ou modification des prélèvements fiscaux et sociaux. Simultanément, convoquer des ‘États généraux’ ou un ‘Grenelle’ (les références historiques sont au choix) pour remettre à plat tout le système. Il faudra commencer par un diagnostic : quelles sont les charges communes, que voulons-nous que nos impôts nous paient en termes d’éducation, de santé, de sécurité ? Et, ensuite, quelle doit en être la répartition entre tous les citoyens. La tâche sera rude, conclut La Croix, mais elle sera fondatrice. »

 

 

 

rfi