Acier et aluminium: Donald Trump reporte sa décision de taxe douanière pour l’UE

Donald Trump reporte au 1er juin sa décision de l’imposition de taxes sur les importations d’acier et d’aluminium. Le résultat d’une pression diplomatique constante et ferme depuis début mars ?

Avec notre correspondante à Washington,Anne Corpet

C’était ce lundi à minuit que devait s’achever l’exemption de taxes sur les importations de ces métaux en provenance de l’Union européenne et d’autres pays alliés. Donald Trump a finalement décidé de se donner plus de temps pour réfléchir. Il a décidé de maintenir jusqu’au 1er juin l’exemption provisoire des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de l’Union européenne, affirme lundi soir le Wall Street Journal.

Le président américain avait promulgué le 8 mars des tarifs de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium. Mais fin mars, il avait exempté provisoirement l’UE. L’exemption temporaire initiale courait jusqu’au 1er mai.

Des  accords auraient déjà trouvés avec l’Argentine, l’Australie, le Brésil, et la Corée du Sud, qui restent à finaliser, mais l’Union européenne refuse de faire les concessions demandées par l’administration américaine. Le sujet a été abordé la semaine dernière à la Maison Blanche lors des visites d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel et aucune avancée n’a été annoncée.

Aux Etats-Unis, de nombreux économistes appréhendent la mise en place des mesures de rétorsion annoncées par l’Union européenne en cas d’imposition de ces taxes sur l’acier et l’aluminium. Ils craignent aussi que ces nouvelles barrières augmentent les coûts de production de toutes les industries consommatrices d’acier. En reportant sa décision au dernier moment, Donald Trump soulage ces inquiétudes, mais il prend aussi un risque : celui de ne plus être pris au sérieux par ses partenaires commerciaux.

L’Europe a exporté 5,3 milliards d’euros d’acier et 1,1 milliard d’euros d’aluminium en 2017 vers les Etats-Unis. Le Canada et le Mexique bénéficient eux aussi d’une exemption temporaire. Le président américain a lié une éventuelle exemption définitive de ces pays à la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (Alena).

Le 22 avril, à la veille d’un déplacement aux Etats-Unis, président français Emmanuel Macron avait appelé Donald Trump à exempter de manière définitive l’Europe des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, mettant en avant le lien entre les pays. “J’espère (…) qu’il décidera d’exempter l’Union européenne”, a-t-il déclaré dimanche sur Fox News. “On ne fait pas la guerre avec ses alliés”, a-t-il ajouté reprenant des propos tenus cette semaine par son ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Quelques jours après, la chancelière allemande Angela Merkel avait tenu une position similaire.

Enfin, dimanche 29, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont remis le couvert, une pression ferme depuis l’annonce en mars du président américain. L’Union européenne (UE) « doit se tenir prête à réagir, le cas échéant, avec efficacité et célérité ». « Les trois dirigeants souhaitent que Washington ne prenne pas de mesures contraires aux intérêts transatlantiques », selon un communiqué publié par l’Elysée à l’issue d’un entretien téléphonique, samedi, entre le président français, la chancelière allemande et la Première ministre britannique.

RFI