Argentine: des cadres de Ford condamnés pour collaboration avec la dictature

Une première en Argentine: au terme d’un long procès, deux cadres du constructeur automobile américain Ford ont été condamnés pour complicité avec la dictature militaire en place entre 1976 et 1983.

Avec notre correspondant à Buenos AiresJean-Louis Buchet

« Nous avons été enlevés par des militaires à l’intérieur de l’usine. Ford était complice de la dictature », racontait en 2006 Pedro Norberto Troiani, ancien syndicaliste de la filiale argentine du constructeur américain après avoir déposé une plainte contre Ford et les dirigeants de la compagnie en place lors du coup d’État de mars 1976.

Selon Pedro Norberto Troiani et les 23 autres plaignants, tous d’anciens ouvriers qui ont survécu à la répression, le directeur de l’usine de l’époque, Pedro Muller, avait ouvertement salué le putsch, tandis que le chef de la sécurité de Ford, Héctor Sibilla, fournissait aux militaires des renseignements sur de prétendus « subversifs ».

Falcon, modèle préféré des putschistes

Douze ans après, la justice a donné raison à Pedro Norberto Troiani en condamnant Pedro Muller à dix ans de réclusion, Héctor Sibilla à douze ans et l’ancien général Santiago Riveros, qui commandait la base militaire de Campo de Mayo où les ouvriers ont été détenus et torturés, à quinze ans.

D’autres procès pour complicité avec la dictature sont en cours contre des entreprises étrangères et argentines. Mais celui de Ford apparaît d’autant plus emblématique que les militaires utilisaient pour les enlèvements des Falcon, alors le modèle le plus vendu par la firme américaine.

 

RFI