Attaques terroristes à la veille d’un procès décisif : Et si Ag Ghaly était une marionnette de Compaoré ?

L’ombre de Blaise Compaoré, dont les liens, passés ou présents, avec le chef terroriste Iyad Ag Ghaly sont connus, plane sur Ouagadougou au lendemain du double-attentat de vendredi dernier. Cela, d’autant plus qu’à la veille du procès des putschistes présumés Diendéré et Bassolé, l’ex-chef d’Etat n’est pas hors d’atteinte de poursuites judiciaires pouvant établir sa responsabilité dans plusieurs scandales financiers et de sang, à commencer par la mort de Sankara en 1987.

Ainsi donc, le sulfureux chef de guerre touareg, Iyad Ag Ghaly, est le cerveau des attaques du vendredi 2 mars contre l’état-major des forces armées du Burkina Faso et l’ambassade de France à Ouagadougou. C’est cet ennemi de Paris qui a fondé le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (Gsim) ayant revendiqué le double-attentat.

Pourtant, quelques minutes après les assauts simultanés, on a vite fait d’attribuer le carnage à des militaires hostiles au procès des généraux pro-Compaoré Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, soupçonnés d’être les instigateurs du putsch manqué de septembre 2015. C’est après qu’une note du Quai d’Orsay, qui avait fini d’alerter bon nombre de ses ambassades dans la zone, est venu orienter l’enquête vers la piste terroriste.

De toutes les façons : entre Iyad Ag Ghaly et les généraux précités, il y a un dénominateur commun qui se nomme Blaise Compaoré, ex-médiateur désigné par la CEDEAO pour faire régner la paix au Mali.

Comment ce pays, qui compte 40 % de chrétiens, peut-il fournir des troupes à des terroristes ? Ce n’est pas le recrutement qui explique la présence des islamistes sur ces terres.

En réalité, Ouagadougou était la base de repli de Ag Ghali durant la crise qui a presque provoqué une partition de l’ex-Soudan français. C’est au lendemain de la chute de Compaoré qu’il a fui le Burkina Faso pour regagner l’ombre : son terrain de prédilection. Mieux, le Malien, qui logeait, aux frais de la Princesse, dans les plus luxueux hôtels de la capitale, était traité comme un roi. Privé, depuis 2014, d’un endroit à partir duquel il pourrait coordonner ses attaques, ce Ben Laden des temps nouveaux, qui formait un tandem avec Djibril Bassolé, le chef de la diplomatie burkinabé sous Blaise, a-t-il été frustré par le départ de Compaoré, au point de vouloir exercer une sorte de pression ? Le but de la manœuvre serait de poser l’ex-président de la République en menace pour amener les nouvelles autorités à renoncer à toute poursuite contre l’ex-junte militaire. En contrepartie, le patron du Gsim gagne un statut d’interlocuteur privilégié pour espérer faire monter les enchères et surclasser ses concurrents.

Autre coïncidence troublante : ces attaques surviennent dans un contexte où le G5 Sahel s’apprête à descendre sur le terrain après avoir recueilli des engagements pour la mobilisation d’un important budget de guerre. Ce n’est pas pour rien que les assaillants ont ciblé une salle où devait se tenir une réunion de cette force conjointe. De plus, le chef de l’Etat mauritanien, théoricien du G5 Sahel, accuse l’autre homme de confiance de Compaoré, Moustapha Chafi, d’entretenir des liens avec les terroristes.

Récemment, Blaise Compaoré est sorti du silence, dans lequel il était enfermé depuis sa chute en 2014, pour démentir les rumeurs faisant état de ses connexions avec des groupes terroristes. Cependant, depuis l’attentat spectaculaire du 15 janvier 2016, les faits sont têtus ! Et tout porte à croire qu’il se déroule sous nos yeux un vrai jeu d’ombres sur fond de chantage aux ramifications hautement géostratégiques, dont Ouagadougou serait le théâtre.

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