Basketball Africa League Amadou Gallo Fall: «La NBA y mettra toute son énergie»

Le 16 février 2019, la prestigieuse ligue nord-américaine de basket-ball (NBA) a annoncé la création d’une compétition co-organisée en Afrique avec la fédération internationale (FIBA) : la Basketball Africa League (BAL). Pour RFI, le Sénégalais Amadou Gallo Fall, vice-président de la NBA et patron de NBA Africa, précise les contours d’une BAL censée débuter en 2020.

RFI : Amadou Gallo Fall, quel rôle va jouer la NBA dans cette future compétition lancée en Afrique, la Basketball Africa League (BAL) ?

Amadou Gallo Fall : C’est un partenariat entre la FIBA et la NBA. Nos missions convergent. Nous sommes très intéressés par le fait de voir le basket-ball occuper une place en Afrique vraiment importante. […]

Il y a un vide sur le continent en ce qui concerne les compétitions interclubs. La Basketball Africa League proposera un modèle qui, j’en suis certain, attirera du monde. Surtout, cette compétition permettra aux immenses talents du continent africain d’avoir un cadre au sein duquel évoluer. Ce cadre sera professionnel. La NBA va y mettre tout son savoir-faire, toute son énergie et toutes les compétences dont elle dispose. C’est vraiment un jour nouveau pour le basket africain. Nous sommes très heureux de ce partenariat avec la FIBA.

Vous parlez d’un vide alors qu’il existe un championnat d’Afrique des clubs, l’Afroleague. Allez-vous aider à l’organisation de cette compétition existante ? Ou allez-vous créer une sorte de sœur jumelle de la NBA, une ligue fermée sur le continent africain ?

Nous allons travailler main dans la main avec la FIBA et apporter au préalable notre support à l’existant. Il y a effectivement une compétition qui a été étendue. […]

Mais nous venons avec la FIBA pour reformuler entièrement cette compétition afin de la rendre beaucoup plus attrayante. Un cadre existait déjà, c’est vrai. Mais je pense qu’il y a beaucoup mieux à faire.

Durant la décennie écoulée, il y a eu tout un ensemble d’innovations au niveau des compétitions africaines. Elles prennent à nouveau ainsi une autre dimension, grâce à la qualité des joueurs. Il y a par exemple les joueurs qui viennent disputer les matches de leur équipe nationale.

La Basketball Africa League va créer de nombreuses opportunités pour tous ces joueurs africains de talent qui évoluent partout ailleurs dans le monde. Ils auront le choix. Ils pourront opérer dans leur pays.

S’agira-t-il d’une compétition NBA ou d’une compétition FIBA ?

Ce sera les deux. Nous allons par exemple jouer selon les règlements de la FIBA, en termes de temps de jeu, de distance de la ligne de tir à 3 points, etc. Mais on verra tout ce qu’il se fait en NBA dans le développement des talents, l’expertise, l’expérience vécue par les fans. Pour nous, le basket est le cadre idéal dans lequel la musique et le sport, bref les divertissements, cohabitent. […]

Quels pays seront représentés dans la Basketball Africa League ?

[…] Dans le cadre de notre partenariat avec la FIBA, celle-ci organisera des éliminatoires de septembre à décembre. Douze clubs émergeront à l’issue de cette phase.

Il y a certains pays que tout le monde reconnaît comme faisant partie du gotha du basket-ball africain et qui vont être représentés dans la Basketball Africa League. L’objectif est de drainer du public mais aussi d’avoir des pays à forte tradition de basket.

Pourquoi la National Basketball Association a-t-elle choisi l’Afrique et pas un autre continent pour créer une nouvelle compétition NBA ?

Parce que nous avons une très longue histoire, ici, en Afrique. On voit le nombre d’Africains qui ont évolué dans la ligue depuis Hakeem Olajuwon, l’un des 50 meilleurs joueurs de tous les temps. On se souvient de tous les autres pionniers, Manute Bol, Dikembe Mutombo… Et il y a des superstars actuellement comme Joël Embiid.

Il y a aussi des jeunes Africains, passés par Basketball Without Borders [un camp de détection organisé par la NBA, Ndlr], qui ont ensuite été draftés [sélectionnés, Ndlr] pour jouer en NBA.

C’est une évolution logique par rapport au travail que la NBA fait depuis plusieurs décennies mais qui s’est accéléré avec l’ouverture du bureau NBA Afrique en 2010. Au début, nous nous sommes focalisés sur le travail à la base, afin de rendre le jeu davantage accessible. Nous avons vu qu’un grand nombre de jeunes s’y sont mis. Nous avons ainsi lancé des ligues juniors NBA dans 13 pays. Et, au mois de novembre 2018, nous avons inauguré une infrastructure à Saly, au Sénégal : le siège de la NBA Academy Africa. Nous avons par ailleurs organisé trois matches NBA, le NBA Africa Game, à Johannesburg.

Je pense que la Basketball Africa League vient compléter tout le travail effectué. Car tous les jeunes qui jouent au basket sur le continent aspirent à atteindre un nouveau d’élite.

Evidemment, la NBA sera toujours la destination ultime pour tout joueur. Mais on sait qu’un tout petit pourcentage d’entre eux a accès à la NBA. La Basketball Africa League représentera donc une opportunité supplémentaire pour tous ces talents. […]

A long terme, le but est-il de créer une antichambre pour la NBA ou de bâtir en Afrique une compétition aussi puissante et attrayante que la NBA nord-américaine ?

Je pense que toutes les ligues au monde sont déjà des antichambres pour la NBA. […] La Basketball Africa League va également offrir cette opportunité. […]

A long terme, nous avons comme objectif de présenter un produit qui pourrait se vendre n’importe où. […]

Le basket-ball manque de moyens en Afrique. Est-ce que la NBA n’est pas en train d’y assurer le travail de promotion et de développement du basket que devrait faire la FIBA ?

[…] L’important pour nous, c’est que le basket-ball africain rayonne et soit respecté sur la scène mondiale. Nous allons travailler avec la FIBA. Chacun d’entre nous va se focaliser sur ce qu’il fait de mieux. La FIBA sait organiser des compétitions internationales avec les équipes nationales, des championnats de jeunes. Nous, nous venons avec des moyens financiers et de l’expertise pour appuyer le travail de la FIBA. N’oublions pas que la NBA, à travers USA Basketball [la fédération états-unienne de basket, Ndlr], est membre de la FIBA. Notre collaboration avec la FIBA va juste prendre beaucoup plus d’ampleur. Et nous travaillons déjà avec eux dans beaucoup de domaines.

Le patron de la NBA, Adam Silver, a surpris en annonçant que l’ancien président des Etats-Unis, Barack Obama, devrait jouer un rôle dans la Basketball Africa League. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

[…] Les détails seront annoncés prochainement. Mais nous nous réjouissons de l’implication du président Obama qui se dit vraiment très motivé par le fait de participer activement au développement de la Basketball Africa League.

Où aura lieu le prochain NBA Africa Game, après trois éditions en Afrique du Sud ? L’édition 2019 aura lieu à Dakar, n’est-ce pas ?

On n’a pas encore finalisé mais vous avez bien deviné. C’est fort possible. Dakar dispose d’une nouvelle salle de 15.000 places. Je pense qu’il y a une très forte possibilité pour que le match soit organisé là-bas. On va communiquer sur cela et sur d’autres détails par rapport à notre programme pour cet été 2019. […] On devrait le faire d’ici la fin du mois de mars.

 

Rfi