Bouteflika sous «menace vitale permanente»

La chape de plomb qui entoure l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika est en train de se fissurer. La presse algérienne reprend et développe ce matin les informations délivrées hier par La Tribune de Genève.

« Abdelaziz Bouteflika est “sous menace vitale permanente” et nécessite des soins constants“, selon le quotidien suisse, cité par le site HuffPost Algérie. Les réflexes neurologiques du candidat à un 5e mandat se sont dégradés. Le président, qui s’est rendu à Genève le 24 février pour “un court séjour afin d’y effectuer des contrôles médicaux périodiques”, est toujours hospitalisé au huitième étage des Hôpitaux universitaires genevois. Le problème “principal” de Abdelaziz Bouteflika serait “une atteinte systémique à ses réflexes corporels”. »

Selon la même source, complète El Watan, « le président algérien est atteint d’aphasie, soit de perte partielle du langage. Il semble réceptif à ce qu’on lui dit, mais on le comprend à peine. Il faut pratiquement lire sur ses lèvres. Son imposante équipe médicale quatre médecins algériens, dont un cardiologue, un anesthésiste et un interniste lui sert d’interprète avec le monde extérieur et parle souvent à sa place. »

Fissures

Comment dans ces conditions, prétendre à un cinquième mandat ? Ils sont de moins en moins nombreux à y croire.

En effet, pointe le site d’information TSA, « l’alliance autour du président Bouteflika commence à se fissurer. La puissante Organisation nationale des Moudjahidine, l’ONM, a apporté hier matin son soutien aux manifestations populaires et dénoncé la collision entre le pouvoir politique et les forces de l’argent. L’ONM reprend ainsi à son compte une accusation régulièrement formulée par l’opposition et cible l’entourage proche du chef de l’Etat. »

TSA qui a par ailleurs longuement interrogé l’opposant Saïd Sadi, fondateur du RCD : « nous sommes humiliés, affirme-t-il, par ce spectacle où on veut présenter un homme qui ne peut même pas prononcer le serment… […] L’Exécutif actuel n’est plus crédible, ni compétent. Il faut un gouvernement qui sera chargé de liquider les affaires courantes de l’Etat. Il faut assurer une représentation symbolique de l’Etat pendant cette période de transition. […] Je pense que l’élection sera de fait reportée. Les élections sont impossibles. C’est quelque chose d’inédit qui se déroule sous nos yeux, nous devons être dignes », conclut Saïd Sadi.

Porte de sortie ?

Liberté à Alger s’interroge sur la suite des événements : « Bouteflika et son régime peuvent-ils tenir jusqu’au 18 avril, alors même que la rue gronde ? Résisteront-ils à la détermination de ces millions de manifestants attendus à nouveau, à travers tout le pays, pour le troisième vendredi de mobilisation nationale contre le cinquième mandat ? Et comment contenir cette contestation estudiantine, devenue permanente et désormais inscrite dans la durée ? Le pari est intenable. Tout comme l’Algérie, Bouteflika et son entourage gagneraient à croire à leur mort. Et à consacrer leurs ultimes forces, non pas à s’imposer plus en avant à un peuple qui a rendu son verdict, mais à se trouver une porte de sortie. La moins petite possible. Pour ne pas devoir s’en aller par la fenêtre. Car la porte rétrécit désormais chaque jour un peu plus. »

Quel scénario pour 2019 ?

Aujourd’hui au Burkina renchérit : « le problème pour Boutef et Cie, c’est comment parvenir à ce 18 avril, jour de vote ? Car, les manifs ne baissent pas, se massifient au contraire, et leur spectre touche de plus en plus de villes et contrées. »

Et Aujourd’hui de s’interroger une nouvelle fois : « que se passera-t-il d’ici le 18 avril ? Quel scénario pour 2019 ? Alors que Bouteflika lutte, ses zélotes sont face à l’incandescence de la rue. L’Algérie est malade d’un système fossilisé. »

« A l’évidence, relève L’Observateur Paalgatoujours au Burkina, le front des pro-Bouteflika se lézarde. Faut-il croire pour autant que les rats sont en train de quitter le navire qui prend l’eau de toutes parts ? Une chose est sûre : même les citadelles les plus inexpugnables peuvent se prendre de l’intérieur. Et il faut espérer, conclut le quotidien ouagalais, que des désertions comme celles que viennent d’effectuer les anciens combattants vont se multiplier et obliger le grabataire de Zéralda à renoncer à ce qui pourrait être le mandat de trop. »

 

Rfi