Brexit: May va demander un nouveau report et se tourne vers Corbyn

A Londres, Theresa May et ses ministres se sont réunis toute la journée, mardi, à Downing Street pour tenter de trouver une solution à l’impasse du Brexit. L’UE avait donné à la dirigeante jusqu’au 12 avril pour trouver un plan, et après plus de sept heures de discussions difficiles avec un cabinet âprement divisé sur la forme de Brexit qu’il souhaite, la Première ministre a annoncé qu’elle avait l’intention de demander une autre période d’extension.

Avec notre correspondante à LondresMuriel Delcroix

Theresa May a rejeté résolument l’idée d’une sortie sans accord et appelé à un nouveau report, se dirigeant implicitement vers un Brexit plus doux. Estimant que l’approche du Parlement et les séries de votes indicatifs n’avaient pas fonctionné, la dirigeante a tendu la main à l’opposition et proposé au leader travailliste Jeremy Corbyn de trouver ensemble un plan de sortie de l’UE.

Avec une condition importante : ce plan doit, selon elle, inclure son accord de retrait pourtant si impopulaire. S’ils trouvent un terrain d’entente, leur plan sera soumis à l’approbation du Parlement et présenté au Conseil européen la semaine prochaine.

En cas d’impasse, la cheffe du gouvernement propose de modifier la déclaration politique qui accompagne l’accord de retrait et de soumettre au vote des députés une série d’options pour les relations futures entre Londres et les 27.

La dirigeante promet de se ranger à l’avis final de la Chambre si l’opposition travailliste en fait de même et souhaite voir le processus achevé avant le 22 mai afin d’éviter la participation du Royaume-Uni aux élections européennes. La Première ministre a conclu que « les îles britanniques vivaient un moment décisif qui requérait l’unité de la nation », envoyant le signal tardif d’un changement d’approche et d’un petit pas vers le compromis.

Je comprends que certains en aient assez des délais et que dans ces circonstances, ils préféreraient quitter l’Union européenne sans accord la semaine prochaine. J’ai toujours été claire, nous pourrons faire du no deal un succès à long terme, mais partir avec un accord est la meilleure solution. Donc nous allons avoir besoin d’une extension supplémentaire de l’article 50, qui serait le plus court possible et qui prendrait fin dès que nous adopterons un accord. Il nous faut être clair sur l’objectif d’une telle extension : pour assurer que nous partons dans les temps et de manière ordonnée.
Ce débat et ces divisions ne peuvent plus durer si longtemps, cela met les parlementaires et tout le monde sous une immense pression et cela endommage nos politiques.
C’est pourquoi j’ai pris des mesures pour déverrouiller le blocage. Je propose de m’assoir avec le chef de l’opposition pour se mettre d’accord sur un plan, que nous tiendrons tous, afin de s’assurer que nous quittions l’Union européenne et que nous la quittions avec un accord.

Theresa May appelle à «l’unité nationale pour servir l’intérêt national»03/04/2019 – par RF

Jeremy Corbyn «très heureux» de rencontrer Theresa May

« Je suis très heureux de rencontrer la Première ministre. Je ne veux pas fixer de limites, d’une façon ou d’une autre, avant la tenue de ces discussions. Nous reconnaissons qu’elle a fait un geste », a déclaré le chef de file de l’opposition Jeremy Corbyn en réaction aux propositions de Theresa May.

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Jeremy Corbyn

L’Irlande et la France seraient les deux pays les plus impactés si le Royaume-Uni sortait de l’UE sans accord, a dit le président français sur le perron de l’Elysée, aux côtés du Premier ministre irlandais, Leo Varadkar. Emmanuel Macron a tenté de rassurer son homologue sur l’éventualité d’un « no deal ». A une semaine d’un Conseil européen exceptionnel, le 10 avril, le président français a aussi promis que la France et l’Europe n’abandonneront pas l’Irlande. « Je mesure pleinement l’extraordinaire difficulté qu’une telle situation poserait à l’Irlande. Et je veux ici redire que nous n’abandonnerons jamais quoiqu’il arrive l’Irlande et les Irlandais, car cette solidarité est le sens même du projet européen », a déclaré Emmanuel Macron.

A la sortie de son entretien avec Emmanuel Macron, Léo Varadkar a également déclaré que l’Irlande ne devait en aucun cas devenir une voie d’entrée détournée vers le marché européen en cas de « no deal ». Le Premier ministre, qui refuse le retour d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, s’est dit déterminé à empêcher l’entrée de biens ne répondant pas aux normes européennes dans son pays.

Emmanuel Macron

Rfi