Brexit: quelle sera la durée du report?

La Première ministre britannique Theresa May s’est rendue ce mardi à Berlin, puis à Paris, pour plaider un nouveau report de sortie du Royaume-Unie de l’Union européenne au 30 juin, à la veille d’un Conseil européen extraordinaire sur le sujet.

Alors que l’idée d’un nouveau report du Brexit se précise, se pose désormais la question de sa durée. Les chefs d’État et de gouvernement européens en débattront ce mercredi lors d’un Conseil extraordinaire à Bruxelles. Initialement fixée au 29 mars, la date de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne avait déjà été repoussée au 12 avril. Mais les parlementaires britanniques ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le plan de divorce négocié entre Theresa May et Bruxelles, et personne parmi les Vingt-Sept ne semble se résigner à un Brexit dur.

 Theresa May souhaite un report au 30 juin

La Première ministre britannique demande un report de la date de sortie au 30 juin. Theresa May s’est rendue ce mardi à Berlin puis à Paris pour rencontrer Angela Merkel et Emmanuel Macron afin d’obtenir leur soutien, à la veille du Conseil européen.

En attendant, ce projet de report a été approuvé ce mardi par les députés britanniques, par 420 voix contre 110 à l’issue d’un débat d’une heure et demie. Sans surprise, les conservateurs pro-Brexit, favorables à une sortie de l’UE le plus rapidement possible, ont été les seuls à voter contre le texte.

Le porte-parole du Parti travailliste a cependant prévenu que si son parti approuvait une extension de l’article 50 jusqu’au 30 juin, ce délai supplémentaire devait être mis à profit pour conclure un accord entre le gouvernement et le l’opposition travailliste. Les négociations ouvertes entre Theresa May et le chef de file du Labour Jeremy Corbyn ont pour l’instant été infructeuses. Le gouvernement britannique a annoncé qu’elles reprendraient dès jeudi.

■ Merkel juge « possible un report jusqu’à début 2020 »

« Un report du Brexit de plusieurs mois est possible, jusque début 2020 », a estimé Angela Merkel après sa discussion avec Mme May à Berlin. « L’UE ne veut pas pousser les Britanniques vers un Brexit désordonné. Il est dans l’intérêt de l’Europe de continuer à entretenir de bonnes relations avec la Grande-Bretagne », a assuré la chancelière allemande.

■ La France « pas opposée » à une extension

La France n’est « pas opposée » à un report du Brexit, mais un délai d’un an « paraît trop long », a indiqué ce mardi l’Elysée. Paris « n’est pas fermé à construire une autre solution » que le « no deal », mais « avec certaines limites et pas à tout prix », avait prévenu la présidence avant la rencontre entre Emmanuel Macron et Theresa May.

 Le président du Conseil européen favorable à un report « flexible »

Dans une lettre aux 27 États membres qui rencontreront mercredi la Première ministre britannique, le président du Conseil européen Donald Tusk a plaidé pour un report du Brexit pouvant aller jusqu’à un an « maximum ». « Notre expérience jusqu’à présent, ainsi que les profondes divisions au sein de la Chambre des communes, nous donnent peu de raisons de croire que le processus de ratification pourra être achevé d’ici à la fin juin », a fait valoir Donald Tusk.

Le président du Conseil européen s’est ainsi déclaré en faveur d’une prolongation « flexible » qui ne dépasserait cependant pas un an. Car au-delà, a-t-il expliqué, « nous devrons décider à l’unanimité de certains projets européens clés », dans une allusion à l’élaboration du budget de l’UE pour la période 2021-2027.

■ La « durée de l’extension (…) doit être proportionnelle à l’objectif »

Pour le négociateur en chef de l’Union européenne Michel Barnier, il faut encore laisser du temps aux Britanniques, mais ce sera une prolongation sous conditions. « Une extension doit être utile pour donner plus de temps pour réussir à construire cette majorité. Donc, la question de la durée de l’extension longue ou courte doit être proportionnelle à l’objectif », a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion avec des ministres européens pour préparer ce sommet.

La nouvelle date dépendra donc des justifications données par Theresa May. La presse britannique évoque une sortie de l’UE repoussée au 31 décembre. Mais pas plus.

Pour Michel Barnier, l’intérêt des 27 est surtout d’éviter un « no deal ». Et pour ça, ils seraient prêts, dit-il, à « ajouter de l’ambition » à la future relation UE – Royaume-Uni. « Cette ambition, qui consisterait par exemple à ajouter au Free trade agreement, à l’accord de libre-échange union douanière, par exemple,  nous sommes prêts en quelques jours, en quelques heures à améliorer, à modifier la déclaration politique », précise-t-il. Le négociateur se dit prêt «  toutes les hypothèses ». Y compris celle d’une révocation de l’article 50, et donc, de l’annulation du Brexit.

 

Rfi