Cesare Battisti de retour en Italie après 38 ans de cavale

L’ancien activiste du groupe des Prolétaires armés pour le communisme Cesare Battisti, 64 ans, parti de Bolivie, arrivera en Italie ce lundi, sans passer par le Brésil, en vertu d’une expulsion directe pour entrée illégale en Bolivie décidée par les autorités de ce pays.

Avec notre correspondante à RomeAnne Le Nir

L’avion de l’Etat italien, dépêché par le gouvernement à Santa Cruz de la Sierra pour le rapatriement de Cesare Battisti, devrait atterrir à Rome à la mi-journée. C’est ce qu’annonce sur sa page Facebook, le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui précise qu’il se rendra à l’aéroport militaire de Ciampino pour l’accueillir.

Sur son compte Twitter, le ministre se dit aussi « fier et ému » de ce retour.

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Evidemment, le mot « accueillir » est ironique, car l’ancien militant d’extrême gauche, qui foulera le sol italien pour la première fois depuis qu’il s’est échappé d’un établissement pénitentiaire il y a 38 ans, sera immédiatement conduit vers la prison romaine de Rebibbia.

Aucune compassion

Le ministre de la Justice assure que Cesare Battisti, condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour « homicide et complicité de meurtres de quatre personnes » en 1993, purgera toute sa peine. Et Matteo Salvini, fidèle à son langage fleuri, a déclaré que cet assassin devra « pourrir en prison jusqu’à la fin de ses jours ».

Aucune compassion donc, et les titres en Une des journaux le confirment. Ils sont farcis de mots comme « délinquant », « assassin », « terroriste ».

En fait, ce jugement très dur et sans distinction de couleur politique est aussi lié, comme le souligne le quotidien La Stampa au comportement de Cesare Battisti : « un killer jamais repenti qui s’est transformé en héros persécuté alors que les familles des victimes attendaient justice depuis plusieurs décennies ».


 ■ Battisti ne passe pas par la case Brésil

Avec notre correspondant à Sao PauloMartin Bernard

Dès l’annonce de l’arrestation de Cesare Battisti en Bolivie, Jair Bolsonaro a réuni une cellule de crise au palais présidentiel à Brasilia. En présence de son bras droit, le général Heleno, et des ministres de la Justice et des Affaires étrangères, la décision est prise rapidement : le Brésil va envoyer un avion à Santa Cruz de la Sierra et ramener Cesare Battisti avant qu’il ne soit expulsé vers l’Italie.

L’Italien s’était réfugié au Brésil pendant 15 ans, avant de devenir indésirable et de partir pour la Bolivie. Jair Bolsonaro, qui a pris ses fonctions il y a 15 jours, affirme que le Brésil ne sera plus le « refuge de marginaux ou de bandits travestis en prisonniers politiques ».

Auparavant, son fils Eduardo Bolsonaro, député et à la fois conseiller informel pour les Affaires étrangères, s’était réjoui en clamant : « Ciao Battisti ».

Mais les autorités italiennes avaient déjà pris les devants et envoyé leur propre avion pour aller chercher Cesare Battisti en Bolivie, et être sûres que cette fois-ci, il ne leur échappera pas.

 

Rfi