Chronique : Le petit berger et la randonnée éternelle

C’était un petit berger avec son père dans la brousse, et à un certain moment de leurs pérégrinations, fatigué de parcourir des kilomètres et des kilomètres avec le bétail, le petit berger demanda à son père : papa pourquoi doit-on passer tout notre temps à errer de contrée en contrée afin de donner de quoi manger à nos animaux domestiques ? Pourquoi  ne pas rester sur place, cultiver ou acheter leurs nourritures. Il est difficile de vivre en brousse avec la chaleur qui nous étouffe le jour et le froid glacial qui gerce nos pieds la nuit, sans compter le danger permanent de rencontrer des fauves. J’aimerais rester sur place et construire quelque chose de viable.

Le père ne lui répondit rien et continua sa route, donc il en fut ainsi jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à une ville qui était un carrefour, ville ou toutes les nationalités se rencontraient. Au moment d’aller voir un de ses amis, le père  demanda à son fils de lui garder le troupeau le temps qu’il vienne. Aussitôt son père parti, le garçon fut abordé par un homme sobrement vêtu qui l’aborda en ces termes : mon enfant d’où viens-tu ? L’enfant répondit : d’un très long voyage avec mon père. Alors l’homme lui dit : je suis le roi de cette ville, j’ai toutes les richesses et tout vit pour moi mais je voudrais être à ta place. L’enfant lui expliqua alors les difficultés auxquelles ils font face lui et son père et que lui-même voulait rester sur une place fixe afin de mener une vie tranquille, lui demanda s’il consentait jusqu’à présent à vouloir vivre cette vie ? le roi lui répondit ceci : fils, il fut un temps où l’homme séjournant avec la femme dans le paradis d’éden voulut avoir plus de bonheur alors qu’ils avaient tout ce qu’ils voulaient, mais le serpent (appétence, démesure, envie) les incita à aller aux delà de leurs bonheur qui est l’arbre de la connaissance (dominer le monde, subjuguer les gens, diriger son prochain) et c’est de la que vint son malheur car il était désormais enchainé aux affres de la réussite matérielle et sociale, affre inextinguible qui le consumait de l’intérieur alors que devait-il faire pour s’en libérer ? Mourir et dis-moi fils quel est la plus belle mort qui nous décharge ? Le renoncement a toute ambition qui n’a d’autre but que d’asservir l’homme, et si moi homme je suis incapable de me diriger, penses tu que je saurais valablement diriger autrui que moi ? Non, mon fils laisse moi t’expliquer le sens de la vie : rien n’est figé, tout bouge, un corps qui se sédentarise est un corps mort, le fauve qui reste sur place mourra de faim et la proie qui ne bouge pas sera dévorée par le prédateur. L’homme n’as pas vocation à rester sur place indéfiniment, le voyage que tu accomplis mon fils est un rite initiatique qui vise à te montrer qu’il faut à chaque fois essayer de s’adapter à une situation nouvelle. Tu te sentiras vivant car tu vivras des situations réelles et enfin tu sauras à chaque fois apprécier à sa juste valeur le don que la nature t’a faite d’être en vie, non pas d’une vie superficielle mais d’une vie entière. Quant à moi j’ai décidé de laisser derrière moi pouvoir et gloire enfin de trouver un sens à  ma vie. J’ai décidé dans une randonnée éternelle, d’être le berger d’un troupeau  (ego, vanité, vantardise, méchanceté, jalousie) que j’essayerai  d’échanger à chaque étape d’une ville avec du lait (candeur de l’âme) afin de me purifier et de me rapprocher petit à petit de ce paradis eternel. Adieu mon enfant.

Aussitôt que celui qui fut roi des hommes et maintenant berger de sa vie s’en alla, le père du petit berger revint et dis à son fils : mon enfant j’ai convenu d’un accord avec mon ami que j’étais parti voir,  pour te laisser vivre chez lui, tu apprendras le commerce à ses cotés et peut-être que tu seras un riche marchand !

Alors l’enfant lui répondit père : la vie est une succession d’événements positifs et négatifs qui doit être considérée dans la globalité de la création, j’avais une vision manichéenne de la réalité alors que tu voulais me faire comprendre que je dois me chercher pour me trouver, qu’il me faudrait faire face a toute sorte de situations , mais que si je décide de m’arrêter, ça signifiera que j’ai choisi de renoncer à mon bonheur et de vivre comme les animaux c’est-à-dire sans auto discipline et j’ai choisi la première option, je reste avec toi !

Le père regarda longuement son fils, hocha de la tête et lui fit signe de se préparer car ils se mettaient à  nouveau en route !

TEC: Actuvision.com