Coupe du monde de la Conifa: la finale de ceux qui n’en ont pas

Le petit stade Elizabeth II d’Enfield, dans le nord de Londres, accueille ce samedi 9 juin 2018 la finale de la Coupe du monde de football de la Confédération des associations de football indépendantes (Conifa). Cette compétition rassemble des Etats souverains, mais aussi des minorités ethniques, des territoires indépendantistes ou des régions culturelles qui ne sont pas reconnus par la Fifa. Principalement des amateurs. L’affiche du jour : les Hongrois d’Ukraine contre Chypre du Nord.

La Conifa a été fondée en juin 2013 par Per-Anders Blind, un Sami de Norvège à cheval sur les questions d’identité. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif rassemblant une cinquantaine d’entités. Un seul point commun : elles ne figurent pas parmi les 211 membres de la Fédération internationale du football (Fifa).

Kiribati, Québec, Comté de Nice, Ossétie du Sud, Donetsk, Lougansk, mais aussi Rohingyas, Ouïghours, Kurdistan, Tibet, ou encore Darfour, Kabylie, Zanzibar… Tous les continents sont représentés à la Conifa (sauf l’Amérique du Sud). Et depuis quatre ans, ces équipes s’affrontent dans un Mondial bisannuel.

En 2014, lors d’une compétition organisée à 12, c’est le Comté de Nice qui avait raflé la mise, opposé en finale à l’Île de Man (Oestersund, Suède). Les Araméens avaient terminé troisièmes et l’Ossétie du Sud quatrième. Puis une autre équipe sécessiojnniste de Géorgie, l’Abkhazie, a remporté la seconde édition en 2016.

Cette année, la troisième édition était organisée par la communauté londonienne de la diaspora de Barawa, une ville côtière du sud de la Somalie. Jusqu’à la finale, entre Karpatalya (Hongrois d’Ukraine) et Chypre du Nord, 47 matches ont vu s’affronter 16 équipes dans dix stades de la capitale du Royaume-Uni.

Le continent africain, qui abrite neuf représentants de la Conifa – dont le Darfour ou encore le Somaliland -, a envoyé trois équipes à Londres cette année : les Barawas somaliens, organisateurs ; la Kabylie, dont les joueurs sont basés en Algérie et à l’étranger ; et le Matabeleland, province de l’ouest du Zimbabwe.

La politique, forcément jamais très loin de la Coupe du monde de la Conifa

Objectif des participants : faire exister leur communauté aux yeux du monde. « Je suis né en Norvège, mais je ne suis pas Norvégien. Je vis en Suède, mais je n’y suis pas né. Je suis Sami, j’ai un renne », explique le fondateur de la Conifa, Per-Anders Blind, dans les colonnes du quotidien Le Monde.

« Souvent, les sélections s’entraînent dans des conditions si abruptes que leur seule présence en phase finale est déjà une victoire en soi », observent nos confrères de Jeune Afrique. Et d’évoquer le Darfour en 2014, une équipe de déplacés. « Pour beaucoup, c’était l’occasion de quitter le camp de réfugiés. »

Pour certains joueurs, le but est de promouvoir une cause régionaliste, ou indépendantiste. Ou simplement de raconter une histoire et un quotidien. Après l’édition 2014, 13 joueurs du Darfour avaient ainsi obtenu l’asile en Suède, relate JA. Et le club d’Östersunds, où se déroulait la compétition, a noué un partenariat.

« En Ukraine, les Hongrois sont en grande partie localisés dans l’oblast de Transcarpatie, où ils forment la plus importante minorité avec 12,1% de la population (12,7% si l’on prend en compte la langue maternelle) », peut-on lire sur le site de la Conifa au sujet du finaliste de l’édition 2018, Karpatalya.

En face sur le terrain : la fédération nationale officielle d’un Etat de facto, mais qui n’est reconnu que par la Turquie dans le monde. A savoir Chypre du Nord. En somme, si l’organisation se veut neutre politiquement, la politique n’est jamais très loin de la Coupe du monde de la Conifa, dont on connaîtra l’épilogue ce samedi.

→ Sur le site de la Conifa : les équipes participantes et tous les résultats