covid-19 : les catastrophes observées en termes de pertes en vies humaines, donnent une occasion incontestée…»

Maître de Conférences? Titulaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mme Diatou Thiaw Niane s’est prononcée sur la maladie du coronavirus qui a fait son apparition le 2 mars 2020 au Sénégal.

Dissertant sur «la résilience au Sénégal: le concept face au contexte !», «l’apparition de la pandémie du Coronavirus, COVID 19, et les catastrophes observées en termes de pertes en vies humaines, de crise économique et sociale sur toute la planète, donnent une occasion incontestée d’opérationnaliser le concept de résilience», a laissé entendre devant la presse Mme Diatou Thiaw Niane. «Perçu (coronavirus) un moment comme un concept-éponge ou concept-valise, son utilisation apparaissait souvent inappropriée, parfois confondue avec l’adaptation dans ses différentes dimensions, notamment dans le cadre de changement climatique», a-t-elle ajouté. A la suite de l’urgence en santé publique créée par la fièvre à virus Ebola, «l’humanité s’investit en ce moment-même dans une orientation de résilience pour ses systèmes sanitaires, sociaux, économiques… pour faire face à la pandémie», a retenu la Maître de Conférence à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. «Quel contenu les différentes nations, inégalement vulnérables à travers leurs multiples acteurs, peuvent-elles donner à ce concept déjà polysémique?», se demande Mme Diatou Thiaw Niane. S’expliquant le concept de résilience, «la résilience peut être considérée comme la capacité d’un individu à faire face à l’adversité, au trauma et à continuer de vivre malgré les contraintes. Le concept peut être également élargi à d’autres domaines tels que la gouvernance, lorsqu’elle s’intéresse au maintien de la sécurité des fonctions du système, lui permettant de faire face ou de se remettre des chocs endogènes et exogènes. Ainsi, la résilience ne se réduit pas seulement à la capacité de rebondir vers l’état initial ; elle peut aussi s’interpréter comme un ressort pour progresser et aller de l’avant, à partir des expériences vécues et des leçons engrangées », dixit Mme Diatou Thiaw Niane. Dans le cadre du COVID 19, «on assiste à une universalisation simultanée de l’utilisation du concept. Elle concerne, au premier plan, les acteurs politiques, de façon plus urgente et spontanée, alors que, dans le cadre du changement climatique, l’analyse du phénomène et de ses impacts impose une observation de paramètres climatiques, pendant une période assez longue. La pandémie en cours ne laisse aucune place à l’hésitation et au scepticisme, ni à l’incertitude dans l’occurrence des risques mais plutôt à l’incertitude dans le temps de son éradication. Depuis son apparition à Wuhan en Chine, en décembre 2019, des milliers de personnes meurent chaque jour. La diversité des réponses envisagées ou apportées (sanitaire, social, économique, technique…) renforce le caractère multidimensionnel du concept, au contenu maniable mais relativement flou. Elle constitue cependant une base de réponse, une option pour les Etats et les collectivités territoriales, les communautés dans leur diversité pour faire front au défi créé par le Covid 19 », a soutenu la Maître de Conférences titulaire. Cependant, «quelles que soient les demandes sociales, les populations, même les plus vulnérables, ne restent jamais dans une position attentiste car, dans leur diversité, elles innovent et développent des stratégies fondées sur des « capacités » individuelles et collectives. L’absence de contrôle citoyen constituerait une forme de vulnérabilité. La résilience reste donc un processus en construction permanente, à différentes échelles, en vue de maintenir ou de bâtir la capacité de rebond d’une organisation. Elle constitue une trajectoire qui englobe une période d’anticipation des risques multisectoriels (sanitaire, alimentaire, économique…), par différentes mesures, et une période ex-post pour préparer l’émergence de la résilience. Le résultat passe nécessairement par la clarification des rôles de différents acteurs (Etats, collectivités territoriales, institutions locales, communautés…) pour une meilleure coordination», a-t-elle conclu.

IGFM