En Algérie, de nombreux sympathisants du Hirak remis en liberté

En Algérie, de nombreux sympathisants du Hirak, le mouvement de contestation né en février 2019, détenus pour certains depuis plusieurs mois, ont été remis en liberté provisoire ce jeudi 2 janvier. Des décisions surprises, selon le collectif d’avocats qui les défend.
Ils sont plusieurs dizaines, à avoir été remis en liberté provisoire, en attente de leurs procès, à Alger, mais aussi dans d’autres villes algériennes. La chaîne publique algérienne ENTV parle de 76 personnes sur l’ensemble du territoire, dont 51 dans la capitale.

Parmi les personnes concernées par ces mesures, aujourd’hui, il y a Lakhdar Bourgaa, ancien combattant de la guerre d’indépendance, âgé de 86 ans. Son arrestation, à la fin du mois de juin, avait entraîné une vague d’indignation, en raison de son âge, de sa santé fragile, et du respect qu’il suscite, auprès des contestataires.

Depuis, le portrait de cet homme, devenu une figure du mouvement, était brandi lors des manifestations hebdomadaires contre le pouvoir algérien. Son procès est fixé au 12 mars, selon l’un de ses avocats.

Le fait que nos amis retrouvent la liberté, c’est déjà un bon signe (…) C’est la justice qui reprend droit…

Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.
03-01-2020 – Par RFI

00:02 00:45
La libération des détenus était l’une des revendications des membres du Hirak. Elle intervient moins d’un mois après l’investiture du nouveau président, Abdelmadjid Tebboune. Les contestataires attendaient des gestes forts du nouveau président dont ils continuent à rejeter l’élection. Celui-ci leur avait tendu la main, les a appelés au dialogue, lors de sa victoire et de son investiture.

Des scènes de liesse ont eu lieu devant les prisons algériennes, et notamment devant le pénitencier d’Elharrache, en banlieue d’Alger. Kamel Nemmiche, membre du bureau national du Rassemblement actions Jeunesse (RAJ), dont plusieurs membres sont en prison estime que ces libérations ne sont qu’un début.

Aujourd’hui c’est la liesse, c’est la joie pour nous. Même si je pense que, pour nous, la joie n’est pas complète. Il y a encore des détenus dans la prison. On n’est pas encore arrivé à bout de ce régime. Donc c’est un pas pour nous, pour davantage lutter. Le combat est encore long pour l’Algérie libre…

Kammel Nemmiche, membre du bureau national du Rassemblement actions jeunesse (RAJ)
02-01-2020 – Par RFI

00:00 00:43
Etre en cellule 24/24h c’est très dur, mais nous nous accrochions aux nouvelles…

Hakim Addad, fondateur du RAJ.
03-01-2020 – Par RFI

00:00 01:02
Pour le sociologue algérien Nacer Djabi, le geste est fort mais le chemin à parcourir reste long. Mais selon lui, le problème de la libération de la justice reste. Tout comme la libération du pays.

Les gens demandent maintenant la libération du pays, après la libération des détenus. Il faut ouvrir le chantier des élections législatives, municipales, la séparation des pouvoirs, la nouvelle Constitution, les libertés individuelles et collectives, les libertés politiques, l’ouverture des «mass médias». Tout cela reste à faire…

Nacer Djabi, sociologue
02-01-2020 – Par RFI

00:00 00:50

RFI