Fin du franc CFA: l’ECO va toujours être rattaché à l’euro avec une parité fixe

A customer shows new banknotes of 5000, 2000, 1000 and 10000 CFA francs on the first day of a 40 million euro (49 million dollar) campaign to replace old banknotes with new ones across the eight countries of the Economic and Monetary Union of West Africa 15 September 2004, at a bank in Dakar. Come January 1, some 850 billion CFA francs (1.3 billion euros) in bills from the 1992 series will no longer be considered legal tender in Senegal, Mali, Ivory Coast, Burkina Faso, Niger, Togo, Benin and Guinea-Bissau. AFP PHOTO/SEYLLOU (Photo by SEYLLOU DIALLO / AFP)

Le projet de loi entérinant la fin du franc CFA a été adopté ce mercredi 20 mai en Conseil des ministres par le gouvernement français. Ce texte valide formellement la transformation de la monnaie ouest-africaine qui changera de nom pour s’appeler l’éco. C’est une nouvelle étape après l’annonce faite le 21 décembre par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.

La réforme concerne huit pays membres de l’Union monétaire ouest-africaine : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Elle était dans les tuyaux depuis au moins trois ans et a pu aboutir après de longues négociations entre la France et les pays concernés lors du dernier semestre 2019.

Ce qui va changer c’est tout d’abord le nom de la monnaie. Le franc CFA deviendra l’éco. Mais le vrai changement en profondeur c’est la rupture des liens « techniques » entre les pays concernés, le Trésor et la Banque de France. La France ne va plus cogérer la monnaie ouest-africaine avec les États concernés.

Autre changement, la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Cette obligation était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par tous ceux qui ont œuvré pour cette réforme. La France va aussi quitter tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA. Mais Paris continuera d’offrir des garanties en cas de crise monétaire.

Le processus n’en est qu’à son début

Pour l’instant l’éco va toujours être rattaché à l’euro avec une parité fixe ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Paris passe en somme d’un rôle de co-gestionnaire à un rôle de garant, mais en pratique cela ne va rien changer dans le quotidien des consommateurs.

Les étapes et les questions sont encore nombreuses. A quelle date les nouveaux billets seront-ils imprimés ? Quand entreront-ils en vigueur ? Il faudra probablement patienter pour tenir un eco entre les mains, peut-être même plusieurs années.

Il faudra attendre encore plus longtemps pour que l’ancienne zone franc rallie à elle les autres pays de la Cédéao, pour construire une monnaie unique. Dans la zone Cédéao, certains ne voient d’ailleurs pas cette réforme d’un bon œil notamment le Nigeria.

L’Afrique centrale, zone monétaire à part

Le géant économique n’appartient pas à la zone franc, il gère sa propre devise, le naïra. Et comme les autres pays anglophones de la région, le Nigeria est prudent et exigeant. Ces pays qui participent à la réflexion sur une monnaie unique dans la zone Cédéao, mettent en avant pour aller vers cette monnaie des critères auxquels peu d’Etats peuvent répondre.

A noter que cette réforme ne concerne pour l’instant pas les six pays d’Afrique centrale qui utilisent aussi le franc CFA. Ils se trouvent dans une zone monétaire distincte et sont dans une autre dynamique régionale. Le débat est cependant déjà lancé.