Forte tension en Israël autour du déménagement lundi de l’ambassade américaine

Si les responsables israéliens sont très attentifs à la situation à la frontière nord du pays, côté syrien, après l’opération militaire de la nuit de mercredi à jeudi et les bombardements de l’armée israélienne en réponse à des tirs de roquette attribués aux forces iraniennes en Syrie, ils sont aussi très attentifs aux tensions suscitées par le déménagement annoncé, lundi, de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

de notre correspondant à Jérualem, Guilhem Delteil

C’est lundi 14 mai que les Etats-Unis doivent inaugurer leur ambassade à Jérusalem. Une grande cérémonie aura lieu dans l’après-midi. Un déménagement vivement condamné par les Palestiniens qui veulent établir la capitale de leur futur Etat dans la partie Est de la ville. Il devrait donc entraîner une contestation: les factions palestiniennes appellent d’ailleurs à une journée de grève générale lundi.

Lundi et mardi, des dates symboliques et à haut risque

La date est en plus symbolique. Cela fera 70 ans, jour pour jour, que David Ben Gourion a déclaré l’indépendance d’Israël. Et le lendemain sera la 70ème anniversaire de ce que les Palestiniens appellent la Nakba, la catastrophe c’est-à-dire l’exil de 700.000 Palestiniens vers les pays voisins.

Plusieurs manifestations sont d’ores et déjà annoncées pour lundi et mardi et les plus importantes devraient avoir lieu dans la bande de Gaza ou, depuis six semaines, des manifestations hebdomadaires ont lieu. Ces rassemblements au pied de la barrière de séparation entre la bande de Gaza et le territoire israélien ont déjà fait 52 morts et plus de 1.600 blessés par balle. L’armée israélienne a répondu par des tirs de balles réelles.

En début de semaine prochaine, les rassemblements devraient être plus grands encore. Un porte-parole du Hamas a déjà assuré qu’il s’agira de «journées décisives pour l’histoire palestinienne». Plus de manifestants risquent de tenter de franchir la barrière de séparation, ce qui risque de faire de nombreuses victimes.

D’autres rassemblements ont également été annoncés aussi en Cisjordanie et ils risquent là aussi de donner lieu à des heurts. A Ramallah par exemple, une manifestation aura lieu lundi en milieu de journée. Elle partira du centre-ville mais se dirigera vers l’un des postes de contrôle de l’armée israélienne à la sortie de l’agglomération.

L’armée israélienne s’est préparée à ces journées sous tension

Le long de la frontière de Gaza, l’armée a appelé des renforts. Les soldats ont également eu des entraînements pour faire face aux mouvements de foule attendus. L’armée table sur la participation de 100.000 personnes aux manifestations dans l’enclave de Gaza. Le défi, expliquait à RFI un ancien officier israélien, sera de faire la différence entre les civils et les membres du Hamas, une organisation considérée comme terroriste par Israël. Mais les règles d’engagement resteront les mêmes, précise t-il à savoir que l’ordre de tirer à balles réelles demeure. Et l’armée redoute aussi des affrontements en Cisjordanie: « nous nous attendons pas à ce que la question de Jérusalem passe calmement», dit cet ancien officier.

Et beaucoup d’observateurs redoutent que ce mouvement ne s’inscrive dans la durée. Le Ramadan doit commencer la semaine prochaine et ce mois attire beaucoup de Palestiniens à Jérusalem. Le facteur qui sera probablement déterminant est l’attitude des factions palestiniennes : encourageront-elles la contestation ou chercheront-elles à calmer le jeu ?

 

rfi