France: le blocage des facs émaillé de violences

Plusieurs facultés sont bloquées par des étudiants en France. Ils entendent protester contre une « sélection déguisée » instaurée par le nouveau système d’admission Parcoursup. Des occupations émaillées de plusieurs incidents, notamment à Paris où des cocktails Molotov ont été retrouvés sur le site de Tolbiac.

Cocktails Molotov, militants d’extrême droite… Les blocages des universités connaissent des épisodes de violences. Dans toute la France, des étudiants bloquent leur faculté : à Toulouse, Strasbourg ou Paris, comme à Tolbiac où le mouvement dure depuis trois semaines.

Dimanche, cinq cocktails Molotov ont été retrouvés sur le site Pierre Mendès-France de la Sorbonne, dans le XIIIe arrondissement de Paris, signalés par le personnel de sécurité de la faculté. Une enquête est ouverte pour déterminer qui les a fabriqués. L’Université de Paris I a demandé l’appui de la préfecture.

Un appui rendu nécessaire, selon la direction du site qui a connu vendredi soir vers 23h l’arrivée d’un groupe d’une vingtaine de personnes. Des militants d’extrême droite encagoulés ou avec des casques de moto qui auraient lancé des tessons de bouteille contre les étudiants à l’intérieur. Une étudiante a été blessée. L’objectif de cette action est clair selon les occupants : faire peur à ceux qui bloquent et entraver la mobilisation.

Des images amateurs montrent des jeunes avec des battes de base-ball à la main. Un mode opératoire qui fait penser à l’extrême droite. Six jeunes entre 20 et 30 ans ont été interpellés.

« Les étudiants se sont organisés eux-mêmes pour leur sécurité »

Face à ces incidents, les occupants de l’établissement n’entendent pas mettre fin au mouvement. Pour l’un d’entre eux, « ces personnes violentes, affiliées à des mouvances d’extrême droite, sont ultra-minoritaires. Elles ne nous font pas peur et ne nous ferons pas reculer. »

Les membres du collectif d’étudiants soutiennent qu’ils « se sont organisés » pour leur sécurité, dans une vidéo postée sur Facebook peu de temps après les agressions.

Objectif, ne pas céder face à « l’administration » qui selon eux souhaite fermer la faculté après ces incidents, et donc mettre fin au mouvement qui ne s’arrêtera qu’en cas de retrait de la loi ORE, pour Orientation et réussite des étudiants.

L’UNI, syndicat étudiant classé à droite, a déposé deux nouveaux recours pour lever le blocage lundi soir. « L’UNI appelle le juge à suppléer à l’inertie coupable de l’administration de Paris I qui se refuse à demander aux forces de l’ordre d’intervenir afin de débloquer les locaux occupés au mépris de la sécurité de tous », souligne le syndicat.

Entre stagnation du mouvement et « convergence des luttes »

Des mouvements similaires ont lieu partout en France, mais pas avec la même vigueur. L’Université de Tours a même été débloquée après un vote des étudiants.

Le mouvement est-il en train de s’essouffler ? A Tolbiac, beaucoup veulent installer la mobilisation « dans la durée » : lundi après-midi, une assemblée générale a voté à nouveau l’occupation « illimitée ». Comme la participation à plusieurs manifestations, dont une ce mardi puis une autre ce samedi, aux côtés des cheminots.

De son côté, le gouvernement réaffirme sa volonté de maintenir les examens et hausse le ton : les forces de l’ordre sont intervenues lundi à Nanterre pour mettre fin à une assemblée générale. Une partie du bâtiment a été évacuée.


 A Lille, des professeurs en grève

La fac a été débloquée en fin de semaine par les forces de l’ordre. Les professeurs qui soutiennent le mouvement sont indignés et beaucoup sont en grève. « Malgré tout, les CRS ont même pu pénétrer au sein de la faculté, qui est en état de siège. Pour assurer coûte que coûte la tenue des examens » précise Valérie Bruno, enseignante en sciences politiques. Comme beaucoup de ses collègues, elle refuse de pratiquer la sélection des dossiers par la plateforme Parcoursup, et réclame « plus de moyens » au ministère de l’Enseignement supérieur. La situation était tendue à Lille aux alentours des facultés.

rfi