France: le milieu du cinéma inquiet après la perte des droits du foot par Canal+

En France, l’inquiétude grandit dans le secteur du cinéma à cause des droits du football. Canal+ vient de perdre les droits de retransmission de la Ligue 1 au profit d’un groupe espagnol, Mediapro, ce qui pourrait lui faire perdre des abonnés. Or Canal+ est le premier financeur privé du cinéma français. La chaîne finance aussi bon nombre de films européens.

Les réalisateurs et les producteurs craignent tout simplement de ne plus trouver d’argent pour tourner leurs films. Il faut remonter à la création de Canal+ en 1984. La chaîne obtient alors le droit de diffuser des films en avance par rapport aux autres. En échange, elle consacre 12,5 % de son chiffre d’affaires au pré-achat de films.

Cela représentait 200 millions d’euros en 2016 et 160 millions l’an dernier. Le gâteau se réduit, car Canal+ perd des abonnés : 1 million de moins en 5 ans. Et avec la perte de la Ligue 1, la situation pourrait s’aggraver. Mathieu Debusschère, délégué général de la Société civile des auteurs réalisateurs producteurs (ARP) ne cache pas son inquiétude.

« C’est clairement un séisme, une fracture profonde dans le modèle de Canal, regrette-t-il. On verra comment Canal rebondit. Il peut récupérer un certain nombre de droits par le biais de sous licences, je ne sais pas, mais en tout état de cause, en termes d’image pour Canal, c’est quand même un argument très fort qu’il vient de perdre. Donc maintenant à nous de voir avec Canal+ comment on peut construire l’avenir avec eux dans les deux années qui viennent, puisque Canal est quand même lié au cinéma français dans les deux années qui viennent par le biais d’un accord qu’on a signé il y a quelque temps. »

Deux motifs d’espoir quand même pour les professionnels du cinéma : la réforme à venir de l’audiovisuel public français, si elle met l’accent sur le financement de la création. Deuxième enjeu : la transposition d’une directive européenne qui obligera les plateformes internet comme Netflix, même si elles sont basées à l’étranger, à financer le cinéma français et européen.