France: les députés absentéistes bientôt mis à l’amende?

Une amende de 4 320 euros. C’est ce que pourraient risquer à l’avenir les députés trop absents aux travaux de l’hémicycle (en cas de présence à moins des deux tiers des scrutins solennels). François de Rugy, le président de l’Assemblée nationale, veut faire « appliquer strictement » les sanctions financières contre ceux qu’ils appellent les « multirécidivistes de l’absence ». L’idée fait bondir les élus de la droite à la gauche en passant par la majorité.

Il y a bien un problème d’absentéisme à l’Assemblée, reconnaît Alexis Corbière. Mais pour le député de la France insoumise, la méthode de Rugy ne passe pas.

« J’en ai un peu marre du ton du professeur de Rugy. Il y a trop d’absentéisme, sans aucun doute. Mais d’abord réfléchissons : quels sont les pouvoirs de ce Parlement ? »

Même contre-attaque à droite avec le député Les Républicains Julien Aubert. « A chaque fois que le président de Rugy s’exprime sur ses collègues, c’est pour agir comme un maître d’école, en disant que l’on ne travaille pas, qu’on est des fainéants. Si l’avenir, c’est de nous pucer et de nous envoyer des secousses électriques lorsque l’on arrive trop tard en séance, qu’on me le dise mais ce n’est pas ce que j’appelle un Parlement moderne. »

François de Rugy est aussi critiqué en interne, au sein même d’En Marche. Sacha Houlié regrette par exemple une démarche un peu nombriliste. « Tout ça ce ne sont pas des sujets qui intéressent les Français, donc ce n’est pas la peine de suréglementer sans arrêt. »

Le député marcheur Bruno Bonnel lui est encore plus direct. « On n’est plus au 19e siècle. Au 19e, il n’y avait pas le téléphone, il n’y avait pas internet, pas les ordinateurs, pas les retransmissions télévisées; donc je crois qu’il faut basculer dans ce monde du numérique et pas utiliser des méthodes à l’ancienne de père Fouettard. »

Et plutôt que des sanctions, cet élu ancien chef d’entreprise propose des primes de présence, comme dans les conseils d’administration. Pas sûr que cette idée soit moins polémique.

RFI