«Gilets jaunes»: l’inquiétude monte pour l’économie française

L’acte IV du mouvement des « gilets jaunes » samedi 8 décembre à Paris a encore été marqué par des dégradations et des pillages de commerces. Après un mois de mobilisation, le manque à gagner s’accumule.

Au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes », les commerçants des Grands Boulevards à Paris se sont réveillés avec la gueule de bois. Le secteur, situé dans le centre la capitale, a été l’un des principaux théâtres des violences qui ont émaillé cet « acte IV », avec de nombreux commerces vandalisés.

C’est le cas de ce supermarché du boulevard Haussmann qui a été dévasté et pillé, et dont les vitrines éventrées sont remplacées par des planches en bois. Safiatou Doucouré, responsable du magasin, est encore choquée de ce qu’elle a découvert ce matin. Pour elle, ces dégradations ne sont pas le fait de manifestants mais de casseurs.

Un peu plus bas sur le boulevard, une agence immobilière avait fait un autre choix. Plutôt que de protéger ses vitres avec des planches, elle a choisi d’y installer des gilets jaunes. Le stratagème a porté ses fruits : pas de vitrines brisées, mais un tag ironique des manifestants. « Lèche-cul », ont-ils inscrit sur la devanture.

Une baisse de l’activité allant jusqu’à – 40 %

Au-delà de ces dégâts, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire parle de « catastrophe pour l’économie ». Car la période de Noël est cruciale pour les commerçants. Des estimations tablent sur une baisse de l’activité allant jusqu’à – 40 % pour certaines entreprises.

Les plus petites sont forcément les plus vulnérables. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) qui les représente craint de nombreuses défaillances. Elle s’attend à 10 milliards d’euros de pertes et multiplie les appels à l’aide auprès de Bercy. Elle souhaiterait une cellule de crise, un report des échéances fiscales ou sociales pour les entreprises en difficulté, ainsi qu’une attitude compréhensive des banques.

Au-delà des éventuelles faillites individuelles, il y a aussi les conséquences pour la croissance française. Bruno Le Maire, qui s’inquiète de l’impact sur l’attractivité, les éventuels doutes des investisseurs s’attend à un ralentissement à la fin de l’année. « L’action des ‘gilets jaunes’ envoie un message brouillé, notamment auprès des grands investisseurs internationaux », confirme Daniel Gérino, spécialiste de la stratégie économique et président de Carlton Sélection, qui évoque « une zone d’incertitude qui n’est pas propice à l’investissement ».

La Banque de France doit fournir ce lundi son estimation pour le quatrième trimestre.

rfi