Intelligence artificielle: les Chinois vont-ils réussir à dépasser les Américains?

Le président Macron présente aujourd’hui son plan pour faire émerger des champions français de l’intelligence artificielle. Pour le moment les Etats-Unis sont à la pointe.

Dans le classement 2017 des 100 start-ups les plus prometteuses dans le domaine de l’intelligence artificielle établie par CB Insights on trouve une jeune pousse française : la société parisienne Shift Technologie. Elle rencontre un succès mondial avec son programme de détection de la fraude à l’assurance. Une start-up tricolore, sept israéliennes, neuf chinoises et 76 américaines. Rien de plus naturel que le pays des GAFA, des Google et compagnie domine un domaine perçu comme le futur du numérique. Mais la course ne fait que commencer et la seconde puissance mondiale met le turbo pour la remporter.

La Chine a pris le dessus en termes d’investissement

Elle a concentré l’an dernier 48% des investissements du secteur, contre 11% seulement l’année précédente. C’est un bond stupéfiant. Et ce n’est pas fini, ces investissements pourraient tripler d’ici deux ans. Les Etats-Unis en 2017 pèsent 38% et l’Europe 10%. Les entreprises chinoises sont encore peu nombreuses, mais déjà très bien dotées. Parmi ces start-ups chinoises prometteuses identifiées par CB Insights, cinq d’entre elles valent déjà plus de un milliard de dollars. C’est aussi la Chine qui déposerait le plus de brevet. Pékin s’est jeté à fond dans cette nouvelle aventure technologique susceptible de transformer toute l’économie. Avec un rêve, devenir le leader, celui qui impose son modèle, ses normes au reste du monde.

Pékin s’est fixé l’objectif de devenir le numéro un mondial en 2030

La Chine a annoncé son plan l’été dernier, et elle sait mettre toutes les énergies en ordre de marche, les grands du net, Tencent, Baidu, sont tous impliqués, aux côtés de l’Etat et des universités. Mais elle a plus de mal à rivaliser avec l’environnement culturel et humain qui a fait le succès de la tech américaine, avec des investisseurs aventureux prompts à soutenir les projets émanant des campus. Cela se traduit par un fossé en termes de ressources humaines. Aux Etats-Unis 850 000 personnes travaillent dans l’intelligence artificielle, en Chine c’est 50 000 seulement dont une bonne partie pour des sociétés américaines selon une enquête effectuée par le réseau LinkedIn. Pékin va très vite rattraper cet écart, car elle a pour elle l’avantage du nombre. D’ici 2030 c’est la Chine qui formera le plus de diplômés de l’enseignement supérieur. La démographie est l’atout principal de la Chine dans cette nouvelle bataille économique : une population d’un milliard 400 millions de Chinois, cela fait beaucoup d’usagers du net.

On parle d’un milliard de smartphones en circulation et de 750 millions d’internautes

Tous très friands de la toile. Sept milliards de photos sont échangées quotidiennement sur le réseau chinois Wechat. Cela donne une idée de la masse d’infos que les entreprises chinoises ont à leur disposition, les Chinois ont d’ailleurs une longueur d’avance dans le domaine de la reconnaissance faciale. Plus le big data est big, est grand, plus les machines intelligentes sont capables d’apprendre rapidement et d’agir efficacement. En Europe on va protéger davantage les données personnelles, aux Etats-Unis on commence à s’interroger sur les dérives des Facebook et on parle de durcissement de la régulation. Et bien en Chine ce débat pour l’instant est absent. Les entreprises et l’Etat, pour le meilleur comme pour le pire, piochent sans entrave et sans complexe dans le plus grand gisement du monde. C’est cette absence de barrières juridiques qui permettra à la Chine de devenir le leader mondial de l’intelligence artificielle prédit un expert de la banque Crédit Suisse.

 

EN BREF

 

En France, le numéro un du poulet, le groupe LDC, est intéressé par la reprise du groupe Doux actuellement en grande difficulté. Pour le moment, seul l’ukrainien MHC a déposé une offre. LDC doit détailler la sienne ce matin avant l’ouverture de la bourse. Un vrai coup de théâtre dans ce dossier suivi de près par les pouvoirs publics. Bercy s’inquiète du sort des 1200 salariés du groupe Doux.

Aux Etats-Unis, Amazon est dans le collimateur de Donald Trump. D’après le site Axios, le président américain est obsédé par Amazon qu’il veut taxer davantage. Ces informations ont fait chuter l’action du champion du commerce en ligne. Des informations immédiatement démenties par l’administration présidentielle.

 

RFI