Interdiction du port du voile à l’école: Mamadou Talla fait des menaces non voilées à l’Institution Jeanne-D’arc de Dakar

La réaction du ministre de l’éducation nationale ne s’est pas fait attendre. Ce soir, après avoir assisté à la publication d’une note interne de l’institution Jeanne-d’Arc de Dakar, interdisant le port du voile à l’école, foulards portés par certaines pensionnaires de l’institution catholique, Mamadou Talla, le ministre de l’Education nationale, est sorti de son mutisme. Et il n’a pas mis de voile pour mettre en garde les écoles qui menaceraient d’interdire, aux élèves, de s’habiller selon leur bon vouloir.

Mamadou Talla n’a pas mis beaucoup de temps pour sonner la fin de la récréation. Ce soir, pour ne pas laisser le terrain aux activistes de tout bord, et clore définitivement la polémique, le ministre a rappelé que « l’Education nationale est laïque: elle respecte et garantit à tous les niveaux la liberté de conscience des citoyens. » Et à ce titre, a rappelé la note ministérielle, « aucun établissement public ou privé ne peut déroger à ce principe. » Pour Mamadou Talla, en sollicitant une autorisation du ministère de l’Education nationale, les établissements privés se sont tous engagés à se conformer, strictement, à la réglementation officielle; comme indiqué par le décret n°98-562 du 26 juin 1998. »

Et quiconque dérogera à cet engagement, pris par les établissements privés pour exercer au Sénégal, s’exposera aux courroux de Talla. Et, sans mettre de voile, l’ancien professeur des écoles a déclaré qu’il prendra « toutes les dispositions pour mettre un terme à de telles situations, en veillant à une application stricte des lois et règlements en vigueur, en relation avec les inspections d’académie. »

S’il en est arrivé à cette sortie non voilée de menaces, c’est que la polémique soulevée par le controversé communiqué de l’institution catholique a fini par prendre des proportions inquiétantes: dans un pays dont la population est composée de 90 voire 95% de musulmans, vouloir interdire l’un des signes de leurs pratiques religieuses, à ses enfants, passe mal dans l’opinion. Et alors même que l’institution s’est fendue d’un second communiqué, dans lequel il a exprimé son incompréhension et tenté de tuer la polémique,  » le scandale Sainte Jeanne d’Arc » a fini de faire le tour du pays. Et nombreux sont ceux qui appellent, ouvertement, les parents d’élèves à boycotter cette école dont les cours sont loin d’être gratuits.

Prenant le parti de ces citoyens outragés, Mamadou Talla a déclaré que « le ministère de l’intérieur constate, depuis quelques années, que des actes discriminatoires d’ordre socio culturel se manifestent de plus en plus dans l’espace public. » Outré par « ce fait discriminatoire », le ministre de l’Education nationale a fait savoir que « cette situation n’est pas conforme à Constitution du Sénégal qui dispose en son article premier que « la République est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans discrimination d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances ». » Lit-on dans le communiqué parvenu à Kewoulo.