Italie: inquiétude autour des réseaux d’endoctrinement fondamentalistes

« La menace de terrorisme islamiste n’a jamais été aussi forte en Italie » estime le ministre sortant de l’Intérieur, Marco Minniti. Il appuie ses propos sur le résultat d’enquêtes menées dans différentes régions du pays. Ces enquêtes ont conduit, notamment, à l’incarcération de l’imam de Foggia, ville située dans les Pouilles,
et à celle d’un jeune italo-marocain, présenté comme l’auteur du premier texte pro Daech rédigé en italien. L’inquiétude demeure alors que le pays n’a encore jamais été frappé par un attentat lié au terrorisme islamiste.

Les résultats des enquêtes menées depuis plusieurs mois du nord au sud du pays démontrent clairement que l’Italie a accueilli sur son sol des personnes qui se sont radicalisées. Par exemple Foggia, située dans les Pouilles, est une ville du sud connue pour abriter, à ses portes, l’un des plus grands camps de migrants d’Europe. Ce camp est régulièrement démantelé, mais jusqu’à présent, il a toujours été reconstruit, car il est très proche des champs de tomates où les migrants sans-papiers sont exploités. Or l’imam qui a été arrêté, et incarcéré, Abdel Rahman, 58 ans, italien d’origine égyptienne, dirigeait le centre islamique Al Daoua à Foggia. Il est soupçonné d’être affilié à Daech et d’avoir endoctriné des enfants âgés de 4 à 10 ans, en les encourageant à tuer des non-musulmans et en leur apprenant à fabriquer des engins explosifs. Ces enfants sont pour la plupart des Marocains scolarisés dans des établissements publics à Foggia. Il faut préciser que le centre islamique Al Daoua n’est pas un cas isolé. Les premières arrestations d’imams radicalisés remontent à 2007.

L’arrestation à Turin d’un italo-marocain de 23 ans

Une arrestation jugée importante a été effectuée, celle d’un italo-marocain de 23 ans. Importante, c’est en tous cas d’après les déclarations du préfet de police de Turin, fondées sur les enquêtes et des écoutes téléphoniques. Ce jeune homme, après avoir été arrêté en 2015 au motif qu’il avait rédigé le premier texte de propagande pro-Daech en italien, menait en apparence une vie normale dans la province Turin. Il habitait chez ses parents qui affirment ne pas être au courant de son endoctrinement et de ses recherches de contacts avec des loups solitaires, susceptibles d’accomplir des actes terroristes. Peu avant son arrestation, hier, il étudiait minutieusement la manière de préparer et d’utiliser des camions bélier. Ce qui, évidemment, est inquiétant.

Une Italie menacée

Si l’Italie se sent plus menacée, c’est parce qu’elle sert de plus en plus de base logistique ou de planque pour des radicalisés, provenant notamment des Balkans. En 2017, 132 expulsions ont été effectuées pour des raisons de sécurité publique Et depuis le début 2018 on en dénombre une trentaine. De plus, les autorités mènent depuis l’été dernier une politique très dure contre les migrants qui essaient de rejoindre les côtes du sud du pays, via la Libye. Et cette politique de fer rend l’Italie plus sensible. Enfin, d’après le ministère de l’Intérieur, globalement le danger terroriste reste très fort. D’autant que bon nombre de combattants étrangers cherchent, maintenant, des refuges dans des pays européens. D’ailleurs, à l’approche les fêtes et cérémonies de Pâques, la sécurité à Rome a été visiblement très renforcée.

 

rfi