Jeux d’alliances, mort des idéologies : la démocratie à la sénégalaise…

Le système du parrainage a resserré les rangs entre candidats de l’opposition retenus à la course présidentielle. A tout-va, des alliances se nouent au gré des affinités, intérêts, appartenances communautaires ou confrériques. Mais pas que…

En effet, le jeu d’alliances, fait de combines et compromis, n’a souvent cure des idéologies, parce que psychologiquement, financièrement voire religieusement motivé. On ne choisit pas par conviction, l’adversaire le plus honni hier, peut devenir l’allié le plus adulé aujourd’hui, pourvu que la victoire soit au bout. Real politik, dirait l’autre.

Et la Présidentielle dont on a entamé la campagne, semble être le lit de coalitions contre-nature. L’idéologie ne sous-tend plus la création de parti sous nos tropiques.

A l’aube de l’Indépendance, le Président Senghor dirigeait le Sénégal, sous un parti unique (Union progressiste sénégalaise – Ups), devenue Parti socialiste (Ps) en 1976. Pour rappel, il a initié la loi dite des quatre courants de pensée limitant le nombre de partis politiques au Sénégal à quatre formations idéologiquement identifiables : le Parti socialiste (socio-démocrate), le  Parti africain de l’indépendance (marxiste-léniniste/communiste), le Parti démocratique sénégalais (travailliste/libéral), le Parti Conservateur Mrs. A l’époque, de nombreux partis avaient choisi la clandestinité, avant que le Président Diouf n’instaure le multipartisme intégral, au début des années 80.

Sous Diouf, initiateur des Gouvernements élargis, les alliances Ld/Mpt (Ld), Pit, And Jëf/Pads, partis communistes, avec le Pds se sont fait fréquentes, rythmant les années 90, période durant laquelle le destin des idéologies, l’école du parti et les journaux d’opinion avaient été clos.

Aujourd’hui, on liste plus de 300 partis politiques, sans vision, ni idéaux, encore moins de militants….Certains des leaders, pas très connus, adeptes d’une élastique casuistique politique, sont prompts à transhumer, pour brouter dans les pâturages du vainqueur…

Tout compte fait, ce jeu d’alliances est une exception sénégalaise en matière démocratique. Dans le landernau, seule la tête du leader compte. Le reste de la troupe, vertu ou autres valeurs, n’est que baliverne non comptabilisé à l’heure du choix. Et ce n’est pas cette Présidentielle 2019 inédite, à laquelle ne participeront les deux plus grandes et historiques partis du pays (Ps et Pds), qui sonnera le glas de cette spécificité sénégalaise.