Accueil Tourisme Le Caire confidentiel, nos adresses cachées au pied des pyramides

Le Caire confidentiel, nos adresses cachées au pied des pyramides

IDÉES VOYAGES. – Tentaculaire, électrique et fascinante, Le Caire redevient timidement une destination touristique. Découverte de la ville en mode (très) confidentiel avec la visite privée du futur Grand Musée égyptien.

Il y a d’abord cette odeur de poussière et de macadam chaud. Il y a les coups de klaxon tonitruants, les moteurs pétaradants et la voix d’Oum Kalthoum sortie d’une radio hors d’âge, mêlée au chant lointain du muezzin. Il y a, enfin, ce mouvement perpétuel et cette énergie frénétique qui donnent le tournis. Et au milieu, coule le Nil, témoin de l’histoire, des pharaons à la dernière révolution. Le Caire, millefeuille de civilisations, ne se livre pas facilement, caché derrière ses 18 millions d’habitants – chaque année plus nombreux. Les clefs de la ville sont donc à chercher auprès des écrivains Naguib Mahfouz ou Alaa al-Aswany, pour ne citer qu’eux. Ou encore dans les images du film noir Le Caire confidentiel. Le réalisateur Tarek Saleh y dresse un portrait sombre de la capitale gangrenée par la corruption. Il existe pourtant un autre Caire confidentiel réservé aux initiés et loin des sentiers battus.

L’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) en fait partie. Fondée en 1880 et installée depuis plus de cent ans dans un merveilleux palais, cette institution propose une visite, sur rendez-vous et en petit groupe, de son imprimerie. On y découvre les nombreux caractères hiéroglyphes tout en humant l’ambiance studieuse des laboratoires et de la bibliothèque aux 100.000 ouvrages dédiés à l’Égypte. Avec 32 sites de fouilles répartis dans le pays, l’Ifao est un acteur important de recherche mais aussi un partenaire privilégié du projet pharaonique du Grand Musée égyptien (GEM) en cours de construction.

Cinq millions de visiteurs attendus au Grand Musée égyptien

Visites et bonnes adresses au Caire

Visite privée dans l’un des laboratoires du Grand Musée du Caire.

Installé au pied des pyramides de Gizeh, ce musée d’une cinquantaine d’hectares présentera, entre autres, le trésor des collections de Toutankhamon actuellement trop à l’étroit au Musée égyptien, près de la place Tahrir. Mais aujourd’hui c’est Ramsès II qui salue les ouvriers du haut de ses 11 mètres et 83 tonnes. Sa statue de 3200 ans a été déplacée en grande pompe en janvier dernier et posée à l’entrée du GEM, à 400 mètres de l’endroit où elle se trouvait. Autant dire un pas de géant. Pour l’heure, les travaux avancent à la vitesse des fourmis, cumulant les retards. Plus personne n’ose d’ailleurs avancer de date d’ouverture – même si la fin de l’année est murmurée. En attendant, les autorités proposent en avant-première des visites guidées au prix fort, sésame d’entrée dans les coulisses des lieux. C’est ainsi que l’on se glisse avec un léger frisson dans les couloirs du Centre de conservation du Musée. Ils évoquent l’ambiance froide d’un hôpital menant vers les salles où les momies sont soignées et les sarcophages et lits de transport vers l’au-delà sont entretenus. Il y a là des milliers de «patients», tous étiquetés et répertoriés.

Sur les 14 laboratoires, trois d’entre eux nous ouvrent leur porte. Le cœur battant, on s’approche des colliers, étoffes (et des «sous-vêtements» de Toutankhamon nous dit-on !) et lits funéraires de plus de 3000 ans avec l’excitation d’un Howard Carter en herbe – celui qui découvrit le trésor de Toutankhamon en 1922. Pas une barrière ni même une vitrine ne vient entraver le regard. On touche (presque) au secret des Dieux. Et la malédiction des momies dans tout ça ? Les scientifiques balaient poliment la question. Pour eux, l’enjeu du musée est énorme. «C’est un projet national explique le Dr Osama Abo EL Kheir, directeur général du GEM Conservation Center. Il bénéficiera à toute l’Égypte. On attend au minimum cinq millions de visiteurs pour la première phase d’ouverture avec la galerie de Toutankhamon, le musée pour enfants, le centre commercial et de conférence. Suivront plus tard, un autre centre de conférence, un cinéma et un théâtre. À terme, 50.000 pièces de la période pharaonique seront exposées et 50.000 autres seront étudiées ou restaurées dans nos laboratoires.» Les pharaons ne pourront que s’incliner.

La discrète Cité des Morts

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Au Caire, il est conseillé aussi de profiter des endroits calmes, à commencer par les quartiers Zamalek (en photo), Garden City ou encore la pointe de l’île Roda.

Retour vers le centre du Caire, au milieu des embouteillages. La mer de voitures laisse une écume de pollution. «Le Caire, c’est l’antimodèle de la ville confortable. Mais on apprend à l’apprécier quand on commence à la connaître», dit Mathieu Gousse, directeur du pôle éditorial de l’Ifao. Il conseille aussi de profiter des endroits calmes, à commencer par les quartiers Zamalek, Garden City ou encore la pointe de l’île Roda où se trouve le Nilomètre – qui permettait aux souverains d’évaluer l’impôt de leurs sujets selon le niveau du Nil et donc des récoltes.

La Cité des morts, souvent négligée, déroule l’histoire égyptienne sur plus de 1000 ans au travers ses cimetières qui s’étendent sur des kilomètres. Des mosquées de l’époque fatimide et mamelouk y voisinent avec des tombeaux-palais dont seule l’architecture spectaculaire rappelle l’âge d’or de l’aristocratie et de la bourgeoisie égyptienne. Beaucoup sont habités. Dès le Xe siècle, dit-on, des étudiants sont logés dans des complexes funéraires – comme les pèlerins et les gardiens de tombes. Au fil du temps, la population la plus démunie fait des va-et-vient dans les cimetières avec une intensification à la seconde moitié du XXe siècle. Des poches d’urbanisation ont même poussé de façon illégale.

C’est d’abord vers la mosquée Qaitbey, érigée au XVe siècle (celle qui figure sur les billets de 1 livre), que l’on se dirige. Derrière, le maq’ad (salon de réception pour visiter les tombes) a été joliment rénové il y a peu et accueille de temps à autres des expositions. Tout autour, des petits commerces, des artisans, des souffleurs de verre et, sur les toits, des élevages de pigeons. Plus loin, des chemins de terre et de sable donnent l’impression d’être à la campagne, hors du temps. On partira avant la tombée de la nuit pour des raisons évidentes de sécurité. Cette balade parmi les disparus en vaut la peine d’autant que la Cité des morts est bien vivante. La preuve, on y sent les effluves de cuisine.

Des restaurants cachés et de la “street food”

L’appétit émoustillé, il est temps de filer dans le quartier Downtown, retrouver la jeune et pétillante Laila de Bellies en Route. Avec une amie, elle a monté le premier food tour au Caire, laissant de côté sa carrière de graphiste. Elle propose, en anglais, de découvrir le centre-ville au fil des coups de fourchettes (ou parfois de mains) donnés au fattah (riz, pain et sauce tomate), hawawshi (style de burger égyptien), foul (fèves) ou encore koushari (macaroni, lentilles, riz, oignons, sauce tomate, petits pois…). Laila a déniché plusieurs spots délicieux dont certains de street food. Sans elle, nous serions passés à côté. Tout comme l’adresse de la chef Fasahet Somaya au caractère bien trempé.

Dans la foulée de la révolution, elle a ouvert son restaurant de la taille d’un mouchoir de poche. Elle y prépare des plats frais et « maison » plein d’amour – d’où leurs saveurs incroyables – proposés uniquement de 17 heures à 19 heures. Quand on lui demande si ses horaires ne sont pas un peu restrictifs pour un restaurant, elle répond simplement : «Tant pis pour les retardataires, ils reviendront. Moi je travaille toute la journée et ça me suffit». Les gourmands mettront un certain temps, aussi, à la trouver dans une allée…

Son adresse est loin d’être la seule cachée. Rien, de l’extérieur, n’indique l’enseigne de mode femme de la Villa Bboushka. Installée dans une maison des années 1930 du quartier Zamalek, elle regroupe la fine fleur des designers du monde entier, de la Russie au Brésil. Dans la même rue, la nouvelle adresse Maison 69 se découvre en passant par un fleuriste. Là encore, rien n’indique ce concept storebranché avec un zest new-yorkais et l’esprit hérité du magasin Colette. Le Caire recèle encore bon nombre de secrets.

Visites et bonnes adresses au Caire

Y aller

Terres de Charme & Îles du Monde, collection de voyages singuliers, propose un séjour de 4 jours/3 nuits au Kempinski Nile Hotel Cairo en chambre supérieure et vue sur le Nil, avec petits déjeuners, à partir de 1570€ par personne (base double). Sont également inclus : vol aller-retour Paris-Le Caire sur Egyptair, accueil et transferts privés, une journée de visite des pyramides et du Musée du Caire, une demi-journée de visite du vieux Caire avec le musée Copte et une demi-journée de visite du Palais d’Abdeen et du musée Mahmoud Khalil – avec guide privé francophone. Frais d’agence et de dossier inclus. Tél. 01 55 42 74 10. www.terresdecharme.com.

Joon, filiale d’Air France, propose un vol A/R Paris-Le Caire, à partir de 298 €. www.joon.fr.