Le CES, le scintillant show technologique de Las Vegas

C’est au CES, le salon de l’électronique de Las Vegas, qu’un curieux combat économique s’expose aux yeux des observateurs du monde entier, à partir du 8 janvier 2019, dans un véritable show. Les rivalités des géants comme les GAFA sont incessantes, mais les petits aussi cherchent à trouver leur voie, dans une course effrénée à qui surprendra le plus.

De notre envoyé spécial à Las Vegas,

Las Vegas se prépare à augmenter le prix des places de parking comme ceux de ses chambres d’hôtel pour accueillir les milliers de visiteurs du CES, le Consumer electronic show, le salon de l’électronique le plus suivi au monde. D’énormes camions circulent en continu et les cartons comme les immenses caisses en bois sont déballés consciencieusement par une fourmilière d’experts en tech de tous pays : Chine, Corée, États-Unis, France… Munis de leurs caisses à outils, ils se retrouvent aussi à quatre pattes équipés de genouillères pour déballer les dernières nouveautés.

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Cette année, place au : « Hey Google ! »

Première impression visuelle dès l’arrivée sur les lieux du Convention Center en bord de Strip – cette fameuse rue de Las Vegas bordée de casinos – : Google, Google et encore Google ! Il y a deux ans, c’était Amazon qui avait envahi l’univers des objets connectés et de la domotique avec le système de reconnaissance vocale Alexa. Cette année, place au : « Hey Google ! » Certains dans la Silicon Valley s’amusent et disent souvent que le CES ne les intéresse pas vraiment : c’est selon eux un événement de grossistes, de fabricants de hardware et de vendeurs de frigidaires.

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Malgré cela, cette année, Google est en vitrine du CES (la marque Amazon n’apparaissait même pas à l’époque, on parlait juste d’Alexa) et les autres entreprises de la tech ne semblent plus pouvoir se passer de cet immense évènement qu’est ce salon. Les fabricants s’y rencontrent, de nouveaux marchés éclosent et les décideurs y réfléchissent à l’avenir des nouvelles technologies.

« Ce qui se passe dans votre iPhone reste dans votre iPhone ! »

Petit sourire symptomatique en guise de démonstration que la Silicon Valley n’évitera plus le CES, le géant Apple qui n’expose pourtant rien au CES depuis longtemps s’est permis d’installer non loin et visible par tous une immense affiche noire sur la façade d’un hôtel avec ce texte : « Ce qui se passe dans votre iPhone reste dans votre iPhone ! » Un clin d’œil amusé à la ville folle de Las Vegas où, selon l’adage, ce qui s’y passe y reste, mais aussi et surtout un gentil rappel à Google pas toujours regardant en matière de sécurisation des données des utilisateurs de son système d’exploitation Android. Et après le sourire, petit coup de tonnerre quand la firme coréenne Samsung annonce désormais intégrer Itunes et AirPlay d’Apple dans ses téléviseurs. Quand on vous disait que la guerre économique se déroulait au CES.

Sur une façade d’hôtel, Apple s’est amusé à répliquer à Android.RFI/Thomas Bourdeau

« La tech peut-elle encore promettre ? »

Le salon commence à proprement parler ce mardi, mais les conférences ont débuté et certains exposants présentent déjà quelques-unes de leurs nouveautés lors d’événements privés. La French Tech – 380 startups parmi les plus de 420 entreprises françaises qui ont fait le déplacement – s’installera comme chaque année à l’espace Eurêka, un lieu qui ressemble de plus en plus à une élégante vitrine d’idées et de moins à moins à la foire désordonnée qu’elle a pu être. Qu’il est délicat l’exercice des tendances ! Quelle technologie va résister, quelle autre va dominer ?

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Le CES tient toujours ses promesses et l’excitation chez les exposants est grande, mais l’épreuve économique demeure rude pour les startups ou sociétés de tout genre. Briller ne signifie pas toujours perdurer. Arnaud Auger Sengupta, consultant auprès de BNP Paribas, croisé à San Francisco avant d’arriver à Las Vegas, a souri devant notre scepticisme. À cette question : « La tech peut-elle encore promettre ? » Il répond : « Oui ! Et les domaines sont vastes ! De la blockchain en passant par la santé, mais aussi la fintech (les technologies consacrées à la finance…) », puis pour repousser nos craintes, il cite Bill Gates : « On surestime toujours le changement à venir dans les deux ans, et on sous-estime le changement des dix prochaines années. »

Des appareillages de traduction simultanée aux résultats bluffants

Ce court terme surestimé ou difficile à appréhender c’est ce moment délicat de l’unveil, une sélection effectuée par les organisateurs du salon en accord avec certaines marques. Cette sélection permet surtout aux participants de l’espace Euréka de dévoiler en avant-première – avec une exposition médiatique plus forte donc – leurs produits forcément « révolutionnaires » (?). C’est dans un hall du Mandalay Bay que la présentation se déroule, la confusion y règne tout comme un joyeux enthousiasme forcé.

Vidéo intégréeLe long terme sera riche en objets connectés, avec une intelligence artificielle permettant une analyse toujours plus fine des données en tout genre. Pour le court terme, on a repéré des appareillages de traduction simultanée aux résultats bluffants, plusieurs modèles seront bientôt disponibles sur le marché. Même chose dans le domaine de la cosmétique où l’analyse de la peau permettant des soins adaptés se fera avec intelligence artificielle bien sûr.

→ A consulter : Se soigner avec les nouvelles technologies

Il n’y a jamais d’ennui le long des travées de ce hall bruyant, non vraiment pas, parfois un peu de trop-plein. Ou alors est-on juste un peu lost in translation devant ces chaussures qui envoient un SMS en cas de chute, ces gamelles connectées pour nourrir son chat ou cet aspirateur autonome boosté d’intelligence artificielle. Des outils de plus en plus efficaces en domotique, notamment pour mesurer la qualité de l’air y sont présentés.

« Supprimer tous les câbles dans l’espace de travail ! »

On s’est attaché à Energysquare, une startup qui suggère ce qui semble être un choix radical : la conduction. Romain Dawny nous l’a expliqué sur son stand : « Energysquare est une technologie de charge par conduction, une charge sans fil pour recharger n’importe quel appareil électronique, des téléphones, des ordinateurs portables. Il suffit de mettre un petit adaptateur en dessous et de poser sur la surface et ça charge. Le but c’est de supprimer tous les câbles dans l’espace de travail ! On charge à la même vitesse que sur secteur. » On se croirait dans le marché de la casserole des années 1980, mais en ce qui concerne les nouvelles technologies l’induction n’a pas de succès et ce serait la conduction l’avenir ? Il sourit : « oui, il y a beaucoup de problèmes avec les charges à induction, beaucoup de pertes d’énergie, ça charge moins vite. Nous, on résout tous ces problèmes avec notre technologie. »

Et c’est leur raison d’être au CES : « On cherche des fabricants d’appareils électroniques pour vendre cette technique de charge, on a ce portefeuille de brevets. » Les jours à venir dans la foule du CES vont être cruciaux pour cette startup comme pour toutes les autres. On quitte le brouhaha avec un moment de poésie dans les travées offert par Mui, une marque japonaise qui propose de s’attacher au contact du bois pour adoucir et réduire notre temps devant un écran… Zen…

 

Rfi