Le déroulement de la double attaque de Ouagadougou se précise

Trois jours après les attentats du vendredi 2 mars à Ouagadougou, au Burkina Faso, on sait un peu plus précisément comme s’est déroulée la double attaque. Les assaillants ont commencé par celle de l’ambassade de France, avant de s’en prendre à l’état-major général des armées.

Selon plusieurs sources à Ouagadougou, c’est à 10h que les assaillants, à bord de leur voiture qui a probablement été incendiée par l’un de leurs cocktails molotovs, ont attaqué l’ambassade. Celle-ci a duré un peu plus d’une heure (de 10h00 à 11h15).

Les quatre terroristes, équipés d’AK-47 et de cocktails molotov, ont d’abord tenté de pénétrer dans le bâtiment principal de la chancellerie. Ils tirent en rafales contre le guichet d’accueil du bâtiment aux vitres blindées. Les balles touchent mortellement un gendarme burkinabè qui assurait la sécurité à l’extérieure de l’ambassade.

Ils se rabattent finalement sur une villa mitoyenne de l’ambassade et parviennent à franchir le mur d’enceinte d’une résidence où loge le personnel diplomatique, avant d’être aussitôt abattus par les gendarmes et les militaires français. Si l’attaque a provoqué une grosse frayeur au sein du personnel de l’ambassade, aucun blessé n’est à déplorer côté français.

L’attaque à l’état-major

Les forces spéciales françaises se sont alors rendues à l’Institut français et à l’Agence française de développement (AFD), tout proches de l’état-major général des armées burkinabè pour protéger et évacuer rapidement leur personnel. Car presque au même moment où était attaquée l’ambassade de France, un deuxième groupe d’assaillants pénétraient à l’intérieur de l’état-major. Ici, la bataille sera encore plus violente.

Ceux-là étaient vêtus de treillis couleur sable. Toujours selon de bonnes sources, ils ont réussi à rentrer avec leur véhicule dans l’enceinte du bâtiment par la porte arrière. Comment ? Ce n’est pas encore très clair. Mais une fois à l’intérieur, les assaillants ont tiré par deux fois, notamment à l’aide de lance-roquettes, et ont fait exploser leur véhicule, disposé entre les deux bâtiments, dont la violente déflagration a soufflé la plupart des vitres des bâtiments environnants.

La très peu probable hypothèse d’une diversion

Trois jours après la double attaque, de nombreuses questions demeurent. Comment un bâtiment stratégique tel que l’état-major militaire dont les défenses passives venaient d’être renforcées a-t-il pu être ainsi investi par les terroristes ? Pourquoi n’ont-ils pas rencontré de résistance au sein du bâtiment ? Ont-ils bénéficié de complicité interne ? L’attaque à l’ambassade aurait-elle pu être une tentative de diversion des terroristes pour attirer plus de forces d’intervention sur l’ambassade ?

Cette hypothèse, souvent évoquée à Ouagadougou, est en réalité « assez peu probable », nous ont expliqué nos sources. D’abord, parce que les attaques étaient quasiment simultanées. Ensuite, parce que les forces françaises ont su gérer et maîtriser l’attaque terroriste contre l’ambassade. Enfin, et surtout, parce qu’en aucun cas les renforts militaires burkinabè ne seraient venus de l’état-major, qui n’est pas une caserne, mais plutôt d’un camp militaire, comme le camp Guillaume Ouédraogo, très proche de l’état-major.

 

rfi