Le photographe sud-africain David Goldblatt en majesté au Centre Pompidou

C’est la première fois qu’une exposition d’une telle ampleur est consacrée en France au grand photographe sud-africain David Goldblatt. Plus de 200 photos de ses débuts dans les années 1960 à aujourd’hui.

L’œuvre de David Goldblatt est un témoignage unique de l’histoire tumultueuse de l’Afrique du Sud. Depuis près de 60 ans, il photographie toutes les communautés durant l’apartheid puis suit les balbutiements de la démocratie dans son pays avec un regard d’une acuité sans pareille.

L’exposition s’articule en deux parties: les portraits et les structures ou le territoire de son pays. Alors qu’il a longtemps utilisé la couleur pour ses reportages internationaux, il explique pourquoi il est revenu au noir et blanc pour son travail personnel sur l’Afrique du Sud.

« Je suis revenu au noir et blanc pour deux raisons : principalement, parce que, franchement, tout allait de travers, on revenait en arrière, on détruisait notre société. Et pour moi, le noir et blanc traduit mieux la colère. Et puis, je suis aussi revenu au noir et blanc, parce que cela me plaît. »

Une colère que David Goldblatt traduit en images, mais également en textes accompagnant ses photos. Ainsi le visiteur mis face à une réalité crue, mais sans aucun jugement, entre dans une histoire très complexe.

DAVID GOLDBLATT, SON REGARD SUR L’AFRIQUE DU SUD

LÉGENDES DES PHOTOS DE DAVID GOLDBLATT

1) David Goldblatt : « Passerelle enjambant la voie ferrée, Leeu Gamka, province du Cap-Est, 30 août 2016. Passerelle enjambant la voie ferré Le Cap-Johannesburg, avec double escalier séparé pour « blancs » et « « non blancs », conformément à la loi n° 49 sur les équipements publics séparés (Reservation of Separate Amenities Act) de 1953. Aujourd’hui, l’apartheid n’existe plus. Les panneaux indiquant les files séparées ont été retirés vers 1992, mais le pont demeure, au service d’une population d’environ 1 500 personnes.
Epreuve jet d’encre, diabon, 98 x 122 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.

2) (A.g.) David Goldblatt : “Femme avec l’oreille percée, Joubert Park, Johannesbourg 1975.” Epreuve gélatino-argentique, 40 x 40 cm. Collection Centre Pompidou, Paris. © David Goldblatt © Centre Pompidou / Dist. RMN-GP / Philippe Migeat ; [photo à droite] David Goldblatt : « Femme en train de fumer, Fordsburg, Johannesbourg 1972. Epreuve gélatino-argentique, 40 x 40 cm. Collection Centre Pompidou, Paris. © David Goldblatt © Centre Pompidou / Dist. RMN-GP / Philippe Migeat

3) David Goldblatt : « Pelles “à fouetter” extraites du sous-sol, Central Salvage Yard, Randfontein Estates, Randfontein, 1966. » Epreuve numérique sur papier baryté, 43,5 x 53,5 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

4) David Goldblatt : « Petit propriétaire avec sa femme et leur fils aîné, à l’heure du déjeuner, Wheatlets, environs de Randfontein, Gauteng, septembre 1962. » Epreuve numérique sur papier baryté, 33 x 48,5 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

5) David Goldblatt : « Commando de sympathisants du National Party ayant escorté Hendrik Verwoerd, principal architecte de l’apartheid, aux fêtes du 50e anniversaire du parti. De Wildt, province du Nord-Ouest, 31 octobre 1964. » Epreuve numérique sur papier baryté, 33 x 48,5 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

6) David Goldblatt : “Jeunes homes montrant le dompas, pièce d’identité que tout Africain âgé de plus de 16 ans devait porter sur soi. White City, Jabavu, Soweto, Johannesburg, novembre 1972.”
Epreuve numérique sur papier baryté, 28 x 28 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

7) David Goldblatt : « Lawrence Matjee, 15 ans, après son agression et sa détention par la police de sécurité, Khotso House, rue de Villiers, Johannesbourg, 1985. » Epreuve gelatino-argentique, 38 x 37,5 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

8) David Goldblatt : « 21h00, voyage de retour : car Marabastad-Waterval. Pour la plupart des passagers, le cycle recommencera demain entre 2 et 3 heures du matin. 1984. » Epreuve numérique sur papier baryté, 33 x 47 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

9) David Goldblatt : « Schubart Park, Pretoria, 23 février 2016 ». Sept immeubles d’habitation devaient abriter quelque 10 000 fonctionnaires blancs, dans le cadre de mesures du gouvernement d’apartheid pour que Pretoria reste une ville blanche. Cinq immeubles avaient été déjà construits quet l’argent manqua et que les banques refusèrent de reconduire leurs prêts (1985-1986). Après la fin de l’apartheid, des personnes de toutes origines s’installèrent dans ces immeubles mal gérés. Peu à peu, tout ce qui pouvait être retiré – portes, fenêtres, plomberie, accessoires – fut volé. Ne subsiste plus que cinq coquilles vides dans le secteur ouest de la ville. Cette photographie en montre quatre.
Impression jet d’encre, dibond, 98 x 122 cm.
Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

10) David Goldblatt : “Régugiés venant du Zimbabwe s’abritant dans l’église méthodiste central sur Pritchard Street, 22 mars 2009.” Epreuve numérique sur papier baryté, 49,5 x 61,5 cm.
Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

11) David Goldblatt : “Déboulonnage de la statue de Cecil Rhodes, après qu’elle a été maculée d’excréments humains et que l’université a accédé aux demandes des étudiants de la retirer. Université du Cap, 9 avril 2015.”
Epreuve jet d’encre, dibond, 98 x 122 cm. Courtesy David Goldblatt et Goodman Gallery Johannesburg et Cape Town.
© David Goldblatt

rfi