Le premier président Sénégalais à faire un mandat ?

Monsieur le président selon le site de la présidence il paraît que vous êtes né le 11 décembre 1961 à Fatick et que vous étiez maire de cette commune de 2009 à 2012. Vous étiez premier ministre de 2004 à 2007, vous aviez également occupé les fonctions de président de l’Assemblée nationale de 2007 à 2008. Il paraît que vous aviez adhéré au Parti Démocratique Sénégalais (PDS) à la fin des années 1980 et que vous étiez le Directeur général de la PETROSEN après y être chef de la division banque de donnés pendant plusieurs années et conseiller spécial du président Wade, chargé de l’Énergie et des Mines. Cela résultera à votre nomination de mai 2001 à novembre 2002 au poste de ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique. Il paraît aussi que de novembre 2002 à Aout 2003, vous étiez ministre d’État, ministre des Mines, de l’Énergie et de l’hydraulique. Il paraît aussi que d’août 2003 à avril 2004 vous étiez ministre d’État, Ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, porte-parole du gouvernement.

Corrélativement vous étiez nommé vice-président du comité directeur du parti en avril 2004. J’ai entendu certains dirent que vous aviez bénéficié d’une « promotion fulgurante » mais vu votre parcours et les postes occupés au sein du PDS, je dirai plutôt que cela relève de la décision divine. Il paraît aussi que le 9 novembre 2008, les députés avaient mis fin à vos fonctions du président de l’Assemblée nationale, 111 votant pour et 22 votant contre. Vous aviez immédiatement quitté le PDS ainsi que votre poste de député-maire obtenu sous les couleurs de ce parti. Conséquemment, vous aviez créé votre parti, le 1er décembre 2008 avec quelques cadres du PDS, l’alliance pour la république. En 2012 vous aviez été élu quatrième Président de la République du Sénégal. J’ai assisté à une discussion entre deux citoyens sénégalais, l’un pensant que vous êtes en train de faire un bon bilan et pense que les Sénégalais doivent vous renouveler leur confiance tandis que l’autre pense que vous êtes juste un autre président qui passera et les problèmes resteront entiers. Monsieur le Président, je vous ferai part de cette discussion pour que vous comprenez mieux ce qu’ils pensent de votre bilan durant votre présidence. Il s’agit d’Alé et de Fallou, Alé étant comme le disait le président Mamadou Dia sur le président Senghor, un « baye Fall » de Macky et Fallou étant un citoyen très sceptique.

Bien évidemment le débat commença par le fait que Fallou dise que le président Sall s’était dédit et que c’est une faute très grave et impardonnable à ses yeux. Fallou lui dit que président Sall avait dit qu’il allait réduire son mandat de 7 ans à 5 ans. Alé rétorqua et lui dit que certes le président Sall n’aurait pas dû tenir cette promesse de campagne tout en sachant que même s’il ne l’avait pas tenue cela n’allait pas l’empêcher d’être élu vu que les Sénégalais votaient pour sanctionner le président Wade plutôt que voter pour élire le président Sall. Il ajouta que le danger aurait été que le président Sall diminue son mandat sans l’avis du Conseil constitutionnel. Enfin il lui dit qu’Il n’y avait aucun moyen légal pour le président Sall de réduire son mandat sans passer par le Conseil constitutionnel.

Fallou lui dit n’est-ce pas que le président Sall disait : «Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays.» Le président Sall ajoutera même ces propos : «Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce que je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, notamment en raison de l’histoire récente du Sénégal [Président Wade et fils] et parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme. Je lui avais même conseillé, à l’époque, d’essayer de voir dans le privé.» Fallou lui rappela que le président Sall nomma Aliou Sall au poste de directeur de la caisse des dépôts et Consignations. Fallou ajouta que ce n’est pas illégal mais que cela pose un problème d’éthique. N’est-ce pas ce que nous reprochions au président Wade regardant son fils Karim ? C’est vrai que l’État c’est une continuation comme on dit. Alé rétorqua et lui dit que le président Sall a le droit de nommer qui il veut à tous les emplois publics civils ou militaires. Il avouera quand même que ce n’était pas nécessaire que le président Sall tienne ces propos sachant qu’il ne connait pas ce que le futur réserve.

Fallou lui demanda ce qu’il en est de la promesse du président Sall de réduire le train de vie de l’État pour économiser 130 milliards de nos francs. Il ajouta que le train de vie de l’État du Sénégal est l’un des plus dispendieux de l’Afrique subsaharienne. Alé rétorqua que le président Sall a fait des efforts même s’il reste des efforts à faire et que son gouvernement doit le suivre dans cette lancée. Il a procédé à certains accomplissements dans cette lancée lança Alé : Le président Sall a résilié les lignes téléphoniques utilisées par des non-ayants droit, il a réduit les factures de téléphone et d’eau et il a su rationaliser leur gestion. Il a aussi supprimé le Sénat qui économise beaucoup d’argent à l’État ainsi que les directions et les agences de même que le salaire et les avantages des directeurs d’agence. Il a aussi su rationaliser le nombre de missions diplomatiques et consulaires. Fallou lui dira que c’est joli sur le papier mais que l’État a aussi créé l’Office national Anti-Corruption (OFNAC) et l’activation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) avec des budgets pour ne juger qu’un ou deux citoyens et n’en condamner qu’un seul. Combien de milliards ont été dépensés dans ce sens et combien de milliards ont été récupérés ? Il incombe à l’État d’édifier la population dans ce sens pense Fallou.

Fallou lui demanda s’il se rappela quand le président Sall disait : «Pour la paix et la stabilité du pays, j’exige qu’on libère Barthélémy Dias» qui fut emprisonné car il usa d’une arme à feu pour se défendre contre des nervis qui débarquèrent à sa mairie pour l’attaquer. Cela résultera de la mort d’un homme. Certains disent que les nervis étaient à bord d’un pick-up fourni par Abdoulaye Faye et d’autres disent que c’est Baye Mousse Ba dit Bro qui fut derrière cette opération ; néanmoins tous deux ne furent pas convoqués au moment même où Barthélémy Dias croupissait en prison. Fallou demanda à Alé que pense-t-il du fait que le président Sall demandait la libération de Barthélémy Dias dans les circonstances citées ci-dessus et le fait qu’il soit mis en prison pour outrage à magistrat et appel à l’insurrection sous le président Sall ? Alé resta silencieux pendant quelques secondes avant de lancer que ce que Barthélémy mérite 6 mois de prison ferme pour éviter que cela ne soit une habitude néfaste envers notre justice.

Fallou lui demanda ce qu’il en était des 500.000 emplois promis par le président Sall ? Alé lui dira qu’il y a des progrès faits dans ce sens et que le privé doit aider le président Sall dans cette lancée au lieu de rester léthargique face à ce problème sachant que ce n’est pas à l’État de créer des emplois mais plutôt de faciliter la création d’emplois. Il se vanta du recrutement plus de 5000 agents dans la fonction publique et de 10.000 agents de sécurité de proximité. Fallou sourit et lui demanda s’il se vantait de la création de 15.000 emplois sur 500.000 promis et il lui demanda si le président Sall croyait honnêtement à la faisabilité de ses promesses de campagne ou s’il tenait juste à se faire élire. Alé commença à s’énerver et dit que le président Sall ne peut pas tout faire tout seul.

Cette fois-ci Alé se sentant un peu dominé saisit l’occasion pour demander à Fallou de parler du volet social. Il lui dit s’il était au courant du programme avec la Banque mondiale de plus de 70 millions de dollars pour le drainage des eaux pluviales dans les quartiers périphériques, de plus de 2000 logements construits et octroyés aux sinistrés. Il lui dit s’il était au courant du programme de la couverture maladie universelle et la gratuité de certains soins et de la bourse de sécurité familiale, et de la carte d’égalité de chances pour les handicapés. Il lui demanda si son loyer n’a pas été réduit suivant la loi n° 2014-03 du 22 janvier 2014. Il lui a même demandé s’il n’était pas au courant de la croissance économique de 6,8% et que cela pouvait se sentir partout.

Fallou commença à s’énerver et lui dit s’il se rappelle quand le candidat Sall disait qu’il veut «que le fils du ‘badolo’ ait la même chance que le fils d’un tel» et lui demanda si jamais il pensait un jour que son fils partage la même école élémentaire, secondaire, universitaire que le fils du président Sall. Il lui dit que tant que nos écoles publiques ne sont pas fréquentées par les fils d’un tel comme le disait le candidat Sall, il ne croit pas que les chances sont égales entre «le fils du ‘badolo’», comme le disait le candidat Sall, et «le fils d’un tel». Il lui dit que réduire les prix des denrées de première nécessité ou du loyer n’est pas relevant si les gens n’ont pas d’emplois. Le président Sall a eu 6 ans pour montrer s’il est capable de créer des emplois pour nos citoyens et les empêcher de s’aventurer dans la traversée de la Méditerranée qui a tué des milliers de nos jeunes. Il lui dit qu’un de ses amis nommé Boy Gueye s’y aventura et lui expliqua tout ce qu’ils endurèrent avant d’arriver et il pense que la plupart des présidents Africains ont du sang sur leurs mains pour ne pas avoir créé des emplois pour empêcher ces jeunes d’entreprendre ce voyage du désespoir et de la mort.

La croissance économique ! Quel indicateur trompeur, et si on parlait de l’indice de développement humain, du taux d’emploi, de la dette publique et privée, de l’espérance de vie en étant en bonne santé, des inégalités sociales, de l’éducation. Il ajouta que les infrastructures sont très importantes pour le développement d’une nation mais elles ne doivent que représenter aux alentours de 10% pour nos pays moins avancés mais il me semble que tout ce que nos présidents parlent avec fierté sont leurs réalisations infrastructurelles. Je comprends que cela soit nécessaire pour se faire réélire mais qu’est-ce qui est plus important entre se faire réélire et entrer dans l’histoire de son pays ?

Et si on parlait de justice, le candidat Sall ne disait-il pas qu’il veut l’indépendance de la justice s’il est élu ? La CREI avait dressé une liste de 25 personnes à être poursuivie mais une seule personne a été poursuivie et condamnée car les autres ont soit transhumé ou négocié. Est-ce cela l’indépendance de la justice ? Comment se fait-il que durant sa déclaration de patrimoine que le président Sall soit plus riche que son homologue français, Francois Hollande ? Le président Sall était plus riche que le président de la France, le pays qui nous aide le plus et qui était la 2epuissance en Europe durant cette période. Et la décision de la CEDEAO regardant Khalifa Sall, et l’exil de Karim Wade où aucune explication n’a été donnée aux citoyens qui dit-on sont les coupables car s’agissant de l’argent du contribuable ? Et l’affaire de Petro-Tim, du Directeur du COUD, de la Poste, des scandales du Port Autonome de Dakar, du contrat entre L’Etat du Sénégal et Total, de l’affaire PRODAC ?

N’avait-il pas demandé aux fonctionnaires de battre campagne durant le référendum au lieu de travailler ? Et les opposants qu’il draguait jusqu’aux cimetières avec le cas de Bamba Fall et de Modou Diagne Fada ? Et la démission du juge Dème, du magistrat Yaya Abdoul Dia, et du capitaine Dieye ? Il finira par dire : Monsieur le président, vous nous aviez promis une présidence de rupture et de progrès, je ne pense pas que cela soit le cas. Vous disiez sous le président Wade que «les citoyens ont retrouvé leur souveraineté en main», je tiens à vous dire monsieur le Président que nous avons toujours notre souveraineté en main.

Il finit par ces deux citations de Cheikh Ahmadou Bamba : « Le règne de l’erreur est d’un instant, celui de la vérité perdurera jusqu’à l’heure ».  « La vérité s’éternise, alors que l’erreur, même au paroxysme de la célébrité, finit par s’évanouir et déchoir. »

Mohamed Dia, Consultant bancaire

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