Les enjeux de la première visite officielle d’Imran Khan à Washington

Première visite officielle à Washington pour le Premier ministre pakistanais, Imran Khan. Il doit rencontrer ce lundi, le président américain Donald Trump.

Au menu de cette première visite officielle de trois jours et première rencontre entre les deux dirigeants : la sécurité et l’économie. Les entretiens s’annoncent difficiles tant les relations entre Washington et Islamabad sont au plus bas.

Il y a des signes qui ne trompent pas et qui montrent bien à quel point les relations entre les États-Unis et le Pakistan sont dégradées. Les images surtout reprises par les médias indiens montrent le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, atterrir à l’aéroport de Washington à bord d’un avion commercial de la compagnie Qatar Airways.

Aucun responsable américain pour l’accueillir, pas de tapis rouge, ni même de véhicule officiel. Ce premier voyage officiel aux États-Unis depuis son arrivée au pouvoir il y a près d’un an est sans doute vécu comme une humiliation pour l’ancienne star du cricket.

Rétablir la confiance entre les deux pays

L’une des principales missions pour Imran Khan sera avant tout de rétablir la confiance avec l’un de ses anciens alliés les plus proches. Les États-Unis avaient gelé en janvier 2018 des centaines de millions de dollars d’aides militaires accusant Islamabad de servir de refuge aux terroristes qui déstabilisent l’Afghanistan. Imran Khan de son côté avait affirmé qu’une rencontre avec le président américain serait « une pilule amère à avaler ».

Mais aujourd’hui, les deux côtés multiplient les gestes de bonne volonté pour apaiser leur relation tumultueuse. Islamabad a arrêté Hafiz Saeed, un terroriste de premier plan, accusé d’être le cerveau des attentats de Bombay de 2008, selon New Delhi.

La Maison Blanche attend le soutien d’Islamabad pour mettre fin à la guerre en Afghanistan. Pas pour négocier avec les talibans, ce que les États-Unis font déjà, mais pour « négocier avec le gouvernement de Kaboul, ce que les talibans refusent », explique Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS

« Islamabad a déjà joué un rôle reconnu pour faciliter un certain nombre de rencontres » et pourrait continuer de jouer la carte de l’intermédiaire entre son voisin et Washington. Attention toutefois, prévient le spécialiste, « il y a un seuil au-delà duquel les talibans n’écouteront pas nécessairement ce que va dire Islamabad. Donc la marge de manœuvre d’Imran Khan dans cette affaire est importante, mais elle reste quand même limitée ». Il n’empêche que « c’est dans l’intérêt de Washington de faire en sorte que les relations s’améliorent entre les deux pays », particulièrement si, comme cela semble être le cas, Donald Trump espère parvenir à un retrait des troupes américaines d’Afghanistan avant la fin de sa campagne de réélection pour 2020.

En contrepartie, Washington pourrait proposer son aide au Pakistan pour éviter la banqueroute. « Le Pakistan est dans une situation économique difficile, mais il garde toujours un atout : c’est sa position géostratégique » estime Jean-Luc Racine.

 

Rfi