L’Etat appelé à accompagner la vulgarisation des pratiques dans les « daaras »

La gestionnaire du Projet d’appui à la promotion des droits des enfants en situation de vulnérabilité dans la région de Diourbel (PAPDEV), Aïssatou Diakhaté, appelle les pouvoirs publics à accompagner la vulgarisation des bonnes pratiques au sein des écoles coraniques, afin que ces dernières puissent changer d’approche.
« Les daaras (écoles coraniques) devraient changer d’approche et pour cela, les autorités devraient nous aider à mieux vulgariser les bonnes pratiques, à capitaliser cela, à partager avec les autres parce qu’il est temps », a-t-elle dit.
Mme Diakhaté s’exprimait au cours d’une manifestation organisée mercredi dans le cadre de la célébration des 30 ans de la convention des droits de l’enfant à travers une caravane de sensibilisation et une projection des reportages réalisés par les enfants.
Le PAPDEV est un projet mis en œuvre par l’ONG « Ndeyi Jirim », de concert avec son partenaire technique et financier suisse, l’ONG Terre Des Hommes (TDH).
Selon Aïssatou Diakhaté, la maltraitance dans certains ’’daaras’’ s’explique par un déficit de sensibilisation sur les bonnes pratiques.
« Lorsque les caravaniers sont venus, on a profité de l’occasion pour faire visiter un de nos daaras +Bilal Ibn Rabba+ pour montrer qu’il y a le bien qui est caché.
Tout le temps, on se concentre sur les méfaits (…), alors qu’il y a de bonnes choses, de bonnes pratiques qui se font et on ne les montre pas », a relevé Aïssatou Diakhaté.
Dans les « daaras » partenaires de l’ONG « Ndeyi Jirim » l’enfant est « au cœur de toutes les activités et en aucun moment, il ne fait l’objet de violence », affirme-t-elle.
« Avec les daaras partenaires, vous ne verrez jamais un maitre coranique ou un grand talibé maltraiter un enfant parce qu’ils sont bien sensibilisés, ils sont bien formés en approche pédagogique, en psychologie de l’enfant », a expliqué la gestionnaire du PAPDEV.
A ses yeux, pour être avec un enfant, le préalable c’est de le connaitre. Or, souligne-t-elle, même dans les maisons, il peut arriver que certains parents maltraitent les enfants sans le savoir.
« Il faut leur dire ce qu’est l’enfant pour qu’ils puissent collaborer, éduquer tout dans la douceur pas de maltraitance. On peut communiquer avec l’enfant sans le maltraiter », a-t-elle fait savoir.
Le coordonnateur de l’ONG Terre des hommes Sénégal, Khadim Dieng, a magnifié le travail fait par les écoles coraniques partenaires de Ndeyi « Jirim ».
Il a salué « le travail magnifique » que les daaras partenaires de Ndeyi Jirim « sont en train de faire pour montrer qu’il y a un autre visage beaucoup plus reluisant des daaras ».
M. Dieng a annoncé la mise en place d’une coalition dénommée « Child Right Now », qui réunit les six grandes organisations travaillant sur les droits de l’enfant à travers le monde.
« A travers cette coalition, on va lancer à partir de début 2020, une campagne de lutte contre les violences et parmi les éléments sur lesquels on va mettre l’accent’’, il y a notamment la question es enfants dans la rue, a dit M. Dieng.
« Ce programme va intervenir à Dakar où l’exploitation des enfants est beaucoup plus visible mais également dans les régions comme Diourbel, Saint-Louis, Kolda, Sédhiou, Kaolack (…), une grande partie des régions du Sénégal où la question de la mendicité des enfants se pose avec acuité », a-t-il indiqué.