l’indépendance de la banque centrale en question

En Inde, la démission soudaine à mi-mandat du gouverneur de la banque centrale indienne, Urjit Patel, lundi pourrait porter un nouveau coup à la croissance économique. Cette démission est largement perçue comme un signe de protestation face à l’ingérence du gouvernement, accusé de vouloir dicter la politique de l’institution régulatrice.

La démission soudaine à mi-mandat du gouverneur de la banque centrale indienne, Urjit Patel, n’est pas vraiment une surprise. Il est vrai que cela n’était jamais arrivé qu’un gouverneurde la Reserve Bank of India, la banque centrale indienne, démissionne à la moitié de son mandat de trois ans. Mais il y avait des signes avant-coureurs. Les tensions dans les rapports entre le gouvernement et la banque centrale étaient déjà palpables depuis deux mois. En octobre, le vice-gouverneur de la banque centrale indienne avait déclaré : « les gouvernements qui ne respectent pas l’indépendance de la banque centrale provoqueront tôt ou tard la colère des marchés financiers et allumeront un incendie économique ». Une mise en garde donc assez explicite. Pour plusieurs observateurs, dont le prédécesseur d’Urjit Patel, Raghuram Rajan, qui avait renoncé à un second mandat à la tête de l’institution en septembre 2016, cette démission est clairement due à l’ingérence du gouvernement.

De quelle ingérence ou pressions est accusé le gouvernement vis-à-vis de la politique de la banque Centrale Indienne ?

Le gouvernement veut que la BCI donne le feu vert aux banques publiques, mises à mal par des mauvaises créances aux industries, pour prêter aux petites entreprises. Il souhaite aussi la baisse des taux d’intérêt pour injecter des liquidités et ainsi relancer l’économie. Le gouvernement souhaiterait aussi accéder aux réserves excédentaires de la banque centrale indienne afin de stimuler l’économie à coup de grandes dépenses publiques. Tout ça bien sûr avec pour objectif d’amadouer les électeurs avant les législatives de mai prochain.

Cette démission pourrait-elle avoir des conséquences graves sur l’économie indienne?

C’est en effet un signe plutôt inquiétant envoyé aux investisseurs et aux marchés financiers. Le manque de coordination entre le gouvernement et la BCI ainsi que l’impression que le gouvernement tente de dicter sa loi fait accroitre l’incertitude. Et ce d’autant plus à quelques mois d’une élection, ou le changement politique potentiel a toujours une incidence sur la stabilité de l’économie, du moins en terme de perception. C’est un frein de plus, alors que la croissance économique indienne ralentit, l’investissement reste faible dans le pays et la roupie a déjà chuté de manière significative face au dollar depuis le début de l’année.

source:rfi