L’Iran propose un «pacte de non-agression» à ses voisins du Golfe

En pleine tension entre Téhéran et Washington, qui a décidé d’envoyer 1 500 soldats supplémentaires dans le golfe Persique, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif multiplie les gestes pour tenter d’apaiser le climat.

Le chef de la diplomatie iranienne a proposé un « pacte de non-agression » entre l’Iran et les pays de la région, alors qu’il se trouvait à Bagdad. Cette proposition vise en premier lieu l’Arabie saoudite, grande rivale sunnite de l’Iran chiite.

Mohammad Javad Zarif a ajouté que l’Iran accueillait favorablement tout effort pour instaurer le dialogue et faire baisser les tensions entre les pays de la région, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.

Cette proposition vise en premier lieu l’Arabie Saoudite, grande rivale sunnite de l’Iran chiite.

Mohammad Javad Zarif a ajouté que l’Iran accueillait favorablement tout effort pour instaurer le dialogue et faire baisser les tensions entre les pays de la région.

Téhéran rejette tout dialogue avec les États-Unis

Cette déclaration intervient alors que les États-Unis ont décidé d’envoyer 1 500 soldats supplémentaires dans le Golfe persique et de vendre huit milliards de dollars d’armes à leurs alliés dans la région. Les États-Unis ont déjà renforcé leur présence avec l’envoi d’un porte-avions et de bombardiers B52, pour répondre à ce que Washington qualifie de « menaces persistantes de l’Iran ».

Les responsables iraniens multiplient quant à eux les déplacements dans les pays de la région. Le chef de la diplomatie iranienne vient de se rendre au Pakistan, au Japon, en Inde et en Chine. Son numéro deux a entamé ce dimanche une tournée au Koweït, au Qatar et à Oman.

Les responsables politiques et militaires iraniens ne cessent d’affirmer que Téhéran ne cherche pas la guerre avec les États-Unis, mais se défendra en cas d’agression.

Tout en essayant de mobiliser les pays de la région, Téhéran rejette tout dialogue avec les États-Unis tant que les sanctions économiques américaines n’auront pas été levées.

Un message adressé à l’international, mais aussi en interne

« C’est plutôt de la communication, analyse Clément Therme, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques de Londres. Le pacte de non-agression qui est évoqué n’est pas une réalité. Aucun pays de la région ne va signer un pacte de non-agression avec l’Iran. »

« Ce qui est intéressant, poursuit-il, c’est le message pacifique qui est envoyé par l’Iran au lendemain d’une déclaration sur le fait que la présence militaire américaine dans la région est une menace pour la sécurité internationale. C’est une réponse, l’Iran essaie de se positionner en tant que voisin constructif. Mais le problème et la limite du discours de Mohammad Javad Zarif sont que son pouvoir est très limité en Iran, et ce sont les Gardiens de la Révolution qui décident pour la politique régionale. »

« Le message est donc à la fois une réponse à l’Amérique et en interne, face aux extrémistes ou aux radicaux en Iran, qui pourraient utiliser la région comme un champ de bataille contre l’armée américaine. C’est aussi une limite posée par le ministre iranien : pour avoir des relations de bon voisinage avec les pays de la région, l’Iran ne peut pas utiliser ses relations avec des groupes non-étatiques, comme les milices chiites en Irak, comme un moyen de se confronter militairement avec les États-Unis. »

L’Irak écartelé entre les États-Unis et l’Iran

« C’est une réponse à la nouvelle diplomatie américaine de pression maximale contre l’Iran, précise Clément Therme, puisque les États-Unis estiment qu’il y a un risque de réponse iranienne à la politique de sanctions, dans le domaine notamment du pétrole. Cette réponse doit avoir lieu en Irak, où des troupes américaines sont stationnées. Puisque les Américains essaient de transformer la vocation de la coalition militaire contre Daesh en une coalition militaire internationale qui lutterait contre l’influence iranienne dans la région. »

Les responsables irakiens, eux, redoutent ces tensions. « Ils sont pour la plupart à la fois pro-Américains et pro-Iraniens, résume le chercheur. L’influence iranienne est incontournable, il y a un commerce de 12 milliards de dollars chaque année. L’Iran est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Irak. Et en même temps, la présence militaire américaine et le soutien américain, notamment dans le domaine pétrolier – pour l’exportation des champs de pétrole irakiens et l’augmentation de la production pétrolière -, sont aussi décisifs. Donc l’Irak essaie de jouer la carte iranienne, mais en même temps aussi la carte américaine. Ce qui est plus difficile à l’époque de Trump, puisqu’il y a une politique de confrontation avec l’Iran. »

rfi