Lutte contre les féminicides: l’efficacité espagnole

Les autorités espagnoles prennent très au sérieux, et depuis longtemps, la violence infligée aux femmes de la part de leurs maris ou leurs conjoints. Depuis trois décennies, on peut même dire qu’il s’agit du seul grand sujet de société qui fait l’unanimité parmi syndicats et toutes les forces politiques. La force espagnole : l’appréhension intégrale du fléau.

De notre correspondant,

L’Espagne a beaucoup légiféré pour s’attaquer aux violences faites aux femmes. Au sortir de la dictature franquiste, qui avait aussi été une dictature machiste, les forces démocratiques décident qu’il faut refuser cette fatalité. Depuis, les gouvernements de droite et de gauche se sont succédé et tous ont oeuvré pour juguler ce mal. Et cela a donné des résultats. Année après année, les Espagnoles ont osé porter plainte, de plus en plus. Un million de plaintes depuis dix ans à un numéro de téléphone spécifique, le 016. Et puis, dès 2001, des chiffres officiels de victimes sont publiés, très souvent repris par les médias, région par région, et à l’échelle nationale.

L’Espagne s’est saisi du problème dans son ensemble

En 2008, on comptait 76 femmes assassinées en Espagne. L’an dernier 47. Mais ce sont aussi les tentatives de violences qui ont fortement baissé, moins 34% depuis cette même décennie. Tous les gouvernements ont oeuvré, mais c’est surtout celui du socialiste Zapatero, en 2004, qui a légiféré de manière cruciale. En effet, il fait alors approuver à l’unanimité, une loi intégrale contre la violence. Une loi qui s’attaque à tout le processus, depuis le moment où un mari ou un compagnon s’attaque à une femme jusqu’au système de punition, depuis la prévention par l’éducation dans les écoles, jusqu’aux peines dissuasives en cas de récidive

Le bracelet électronique

L’essentiel du dispositif espagnol, ce sont les ordres de protection que prononcent les juges. Et ils sont très nombreux. Tout mari ou compagnon considéré comme dangereux est sommé de ne pas s’approcher de sa conjointe ou de sa femme à moins de 500 mètres, du domicile et du collège où la femme va chercher son enfant.

Le port du bracelet électronique, « la pulsera », dit-on en Espagne, qui sonne dès que cette distance n’est pas respectée, a rendu cette mesure encore plus effective. Selon les sources, il aurait contribué à la baisse des assassinats à hauteur de 25 à 40%, ce n’est qu’une estimation. Ce qui est sûr, c’est que dans de très nombreux cas, il permet à la police d’intervenir à temps. 7 000 de ces bracelets ont été installés depuis dix ans, et 1 200 demeurent actifs.

Rfi