Malang Diédhiou – Malick Samba – Djibril Camara : Un trio arbitral sénégalais pour l’histoire

Tirés à quatre épingles à l’occasion de la cérémonie de remise du drapeau aux Lions, Malang Diédhiou, El Hadji Malick Samba et Djibril Camara vont tronquer le costume aux tenues sportives pour devenir le premier trio arbitral africain provenant d’un même pays à la Coupe du monde.

Touchant de complicité, le trio sénégalais plaisante, sourit puis retrouve son sérieux en serrant les mains d’officiels sénégalais sous le faste de l’énorme salle des Banquets du Palais présidentiel de l’avenue Senghor de Dakar. « Pour la première fois de l’histoire, trois arbitres d’un même pays sont sélectionnés à la Coupe du monde pour représenter l’Afrique. Ils sont Sénégalais et s’appellent Malang Diédhiou, Djibril Camara et El Hadji Malick Samba. Je vous salue. » Le Président Macky Sall a tenu à rendre hommage au trio arbitral sénégalais qui sera présent à la 21ème édition Russie 2018. Malang Diédhiou est arbitre Fifa depuis 2008. Ce colonel des Douanes dans le civil, âgé de 45 ans, va donc finir sa carrière internationale avec le Mondial russe car atteint par la limite d’âge. Tenant à être présent lors de la remise du drapeau à l’équipe nationale de football, ce natif de Casamance éprouve un « sentiment de satisfaction, de fierté et de joie » dans la mission de représenter l’arbitrage sénégalais et africain à la Coupe du monde, « le plus grand événement sportif mondial » car « c’est la première fois qu’un trio homogène, donc d’un même pays est sélectionné en Afrique dans cette compétition ». Une satisfaction que Malang Diedhiou partage avec ses deux assistants.

Complicité
Quand Djibril Camara parle de la Coupe du monde comme d’un « rêve » et du « summum des compétitions internationales », El Hadji Malick Samba, professeur d’anglais dans le privé, évoque une « consécration » car c’est « le fruit de quatre ans de travail ». Le trio sénégalais déclare en concert son amour du football. Avant d’embrasser une carrière d’arbitre, Malang Diédhiou confie avoir déjà joué libéro tout comme avant-centre. « J’étais polyvalent sur le terrain », dit-il. Ce qui fait pouffer de rires ses deux jeunes acolytes, El Hadji Malick Samba (39 ans) et Djibril Camara (35 ans). Ce dernier sort une pique digne d’un « standupeur » : « Quand on joue à tous les postes, c’est qu’on n’est bon nulle part ». Le trio éclate de rires et semble être en osmose sur tout.

« Chacun a son propre véhicule mais quand on va en compétition à l’étranger, on prend le véhicule de l’un d’entre nous pour aller à l’aéroport. Même pour venir à cette cérémonie de remise de drapeau, on s’est réuni pour prendre le même véhicule », glisse El Hadji Malick Samba, avec un sourire plein de timidité. « C’est l’imam du groupe ». Malang Diedhiou présente ainsi El Hadji Malick Samba, qui parle de Djibril Camara comme du « cadet de la bande qui fait le thé lors des déplacements à l’étranger », quand ce dernier décrit l’aîné des trois « comme une personne humble et généreuse, un vrai grand frère qui (le) conseille sur tous les aspects de la vie ».

Tests physiques
Réunis dans la même compétition, ils ont aussi des objectifs tout aussi unis qu’un oxymore. Pour que le trio aille loin dans la compétition, une précoce élimination de l’équipe nationale du Sénégal de football fait partie des conditions et de la notation de la Fifa. Malang Diédhiou évoque la future entrée (à la Coupe du monde 2022) de la vidéo comme d’un « outil salutaire qui va aider les arbitres » à éviter d’éliminer une équipe à cause d’une erreur arbitrale. L’ayant déjà expérimenté, le trio sénégalais voit d’un bon œil l’arrivée de la vidéo dans un futur proche. Pour le moment, ils s’entraînent dur en vue de la compétition qui débute dans une vingtaine de jours. « On est sélectionné mais on ne sait pas encore si on va officier un match, dit prudemment Malang Diédhiou. Il faut réussir le séminaire qui précède les débuts de la Coupe du monde en Russie et satisfaire aux tests physiques qui sont éliminatoires ».

La Fifa leur a fourni un préparateur physique attitré et les trois Sénégalais ont un programme spécifique à faire tous les jours. « Après les entraînements, à travers des montres Polars, la Fifa contrôle le nombre de kilomètres parcouru, les calories dépensées, entre autres », poursuit M. Diédhiou. Si toutes les conditions physiques sont remplies, il y a la désignation qui intervient 72 heures avant un match. « La première Coupe du monde que j’ai suivie à la télévision est celle de 1990 en Italie car en 1986, on n’avait pas la télévision dans ma Casamance natale. J’avais un transistor collé à l’oreille », renseigne l’arbitre central sénégalais. Pour Russie 2018, c’est tout un continent qui compte sur l’œil et l’oreille du trio sénégalais pour marcher sur les pas du Marocain Said Belqola, le seul Africain à officier en finale de Coupe du monde (France 98).

Le Soleil