Mali: Aqmi dément la mort du chef jihadiste Hamadoun Kouffa

Dans un long communiqué, Al-Qaïda au Maghreb uni (Aqmi) a démenti la mort du prédicateur radical Hamadoun Kouffa annoncée par la France et le Mali. Il serait toujours vivant, précise la direction d’Aqmi qui n’apporte cependant pas de preuve formelle.

Comme si Aqmi voulait qu’on prenne au sérieux son démenti, le mouvement joint à son communiqué une photo, non datée, du prédicateur radical Hamadoun Kouffa. Mais pas de vidéo ni de déclaration de ce dernier.

La sortie d’al-Qaïda au Maghreb islamique laisse pour l’instant de marbre l’armée malienne. L’officier contacté par RFI au centre du pays est formel : « Nous avons bien infiltré le réseau d’Hamadoun Kouffa, ses gestes suivis, sa position connue. » « Nos partenaires français ont été prévenus. C’est comme ça que l’opération française a été menée », ajoute cette même source.

Plus de deux mois avant l’opération, le groupe d’Hamadoun Kouffa avait en effet été nfiltré. Ses deux proches lieutenants étaient suivis, mais également son épouse ou l’une de ses épouses. Ses faits et gestes étaient étudiés, ses va et vient analysés. Lorsque le renseignement militaire malien a eu la certitude que le prédicateur radical devait participer lui-même à une réunion importante du groupe, les coordonnées d’un camp situé dans le centre ont été fournies à l’armée française qui a effectué de son côté un repérage, collecté d’autres informations avant le raid.

Incontestablement, l’opération fut un succès. De nombreux jihadistes sur place, dont des proches de Hamadoun Kouffa avaient été tués. Lui-même aurait été dans un premier temps blessé avant d’être transporté un peu plus loin par ses fidèles. Il serait ensuite mort de ses blessures.

Paris n’a pas encore réagi au communiqué d’Aqmi. Pour rappel, peu après le raid, la ministre française des Armées Florence Parly avait affirmé devant le Parlement qu’Hamadou Kouffa avait été tué comme plusieurs autres jihadistes. Au Mali, d’autres analystes affirment toujours qu’Hamadoun Kouffa a seulement été grièvement blessé.

« Si Aqmi veut qu’on prenne au sérieux son démenti, il faut une vidéo qui montre le prédicateur radical bien vivant après l’attaque », estime pour sa part le journaliste mauritanien Isselmou Sahili, expert dans les questions de terrorisme dans le Sahel.

Pour lui, la sortie d’Aqmi est troublante. C’est son chef algérien, Drogdel, qui a lui-même démenti la mort du prédicateur. Celui-ci prend rarement la parole. « C’est un discours polico-médiatique », analyse-t-il.

L’opération des militaires français avait eu lieu dans la nuit du 22 au 23 novembre, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Mopti, dans le centre du pays. Il s’agissait d’abord d’un raid aérien, puis des troupes ont été héliportées sur la cible, qui était un camp de la katiba Massina.

 

 

rfi