Mamadou Barry: les proches de ce Guinéen tué à Rouen parlent d’une « agression raciste » sa femme sous le choc

FAITS DIVERS – Une enquête a été ouverte après la mort d’un jeune universitaire guinéen, Mamadou Barry, violemment agressé vendredi soir près de Rouen (Seine-Maritime), confirme ce dimanche 21 juillet l’AFP, alors que cette information circule déjà beaucoup sur les réseaux sociaux.

“Les faits auraient été commis entre 20 heures et 21 heures, sous réserve du résultat des investigations à venir”, a indiqué le procureur de Rouen Pascal Prache dans un message à l’AFP. “Les investigations sont en cours. Les auditions et vérifications devraient permettre de préciser le déroulement des faits”, a-t-il ajouté sans plus de précision.

“Tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression qui a coûté la vie à #MamadouBarry. Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux”, a réagi sur Twitter le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, reprenant le hashtag en hommage à la victime. “Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation”.

De sources policières, Mamadou Barry a été agressé à Canteleu, dans la banlieue de Rouen. Pris en charge par les secours, il a été hospitalisé au CHU de Rouen, où il est mort samedi.

Mamadou Barry était chercheur à l’Université de Rouen Normandie, a-t-on appris auprès de l’établissement où il a soutenu une thèse de droit sur les “Politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone” le 27 juin dernier.

Marié et père d’une fille, il a été “victime d’une agression verbale puis physique d’une extrême violence qui lui ont causé des lésions cérébrales et l’ont mis dans un coma profond dès la soirée du 19 juillet”, décrit cette source. “Nous venons de perdre un frère, un ami, un esprit brillant.”

Ses proches dénoncent un crime raciste
Le jeune chercheur a été pointé du doigt par son agresseur, à la hauteur d’un arrêt de bus, alors qu’il rentrait chez lui en voiture avec son épouse vendredi vers 20H30, a raconté à l’AFP Kalil Aissata Kéita, enseignant chercheur à l’Université de Rouen, lui aussi Guinéen et “ami proche” de la victime.

“L’agresseur les a pointés du doigt et a dit: ‘Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir’”, a relaté Kalil Aissata Kéita, alors que l’Algérie et le Sénégal s’affrontaient le soir même en finale de la coupe d’Afrique des nations de football. L’agresseur était “de type maghrébin” mais “on ne sait pas si c’est un Algérien”, a-t-il précisé en parlant néanmoins d’une “agression raciste”.

Mamadou Barry serait descendu de sa voiture pour demander des explications à son agresseur qui l’aurait alors roué de coups. “C’est au 4e coup qu’il est tombé sur la nuque”, a indiqué son ami, qui a raconté avoir été aussitôt appelé par la femme de la victime. L’agression a, selon lui, été filmée par des caméras de vidéosurveillance et s’est déroulée devant plusieurs témoins. “La police fait très bien son travail. Elle a pris l’affaire à bras-le-corps”, a-t-il salué.

Kalil Aissata Kéita a ouvert une cagnotte en ligne avec des amis pour aider au rapatriement du corps de Mamoudou Barry en Guinée et “accompagner sa femme et sa fille”.

Selon la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, interrogée à ce sujet ce lundi sur RMC, “l’enquête n’a pas encore confirmée la caractère raciste de l’agression (…) Nous devons en attendre les fruits pour nous prononcer, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une agression terrible et condamnable.”