Moody’s légèrement pessimiste sur les perspectives du secteur bancaire africain pour l’année 2020

L’agence américaine de notation Moody’s a dans un rapport publié le 9 décembre 2019, abaissé à « négatives » ses perspectives sur le secteur bancaire en Afrique. Selon les analystes de l’institution, cette situation est principalement le fait d’une dégradation de l’environnement d’exploitation bancaire dans la région, qui aura pour conséquence d’accentuer la pression sur la qualité des actifs et la rentabilité de ces banques.

Moody’s prévoit en effet que la croissance globale du produit intérieur brut en Afrique sera de 4,1%, loin des niveaux historiques moyens de 6% qu’on a eus au cours de ces dernières années. Dans ce contexte, les gouvernements feront face à des difficultés pour honorer leurs engagements de remboursement d’emprunts ou de règlement des fournisseurs.

Dans les deux cas, les banques se retrouveront avec des créances à provisionner, soit directement sur des prêts accordés aux gouvernements, soit du fait de l’exposition qu’elles ont sur des clients qui sont des fournisseurs des Etats. Le pessimisme affiché par Moody’s demeure toutefois mesuré. L’agence reconnaît que malgré tout, la plupart des banques africaines notées maintiendront des niveaux élevés de fonds propres, tandis que les capacités de financement et de gestion des engagements de court terme en monnaie locale, resteront solides dans la plupart des pays.

Ses experts estiment par ailleurs qu’un meilleur accès à des devises comme le dollar américain et des exigences plus strictes en matière de régulation bancaire aideront les banques à résister à la pression de leurs engagements en monnaies étrangères.

La situation n’est pas la même partout. Les banques d’Afrique du Sud, du Nigeria, de la Tunisie et de l’Angola seront confrontées à des défis plus importants, tandis que les banques égyptiennes, marocaines, mauriciennes et kényanes afficheront une plus grande résistance.

Rappelons que Moody’s note près de 47 banques et groupes bancaires en Afrique, parmi les plus importants. On retrouve notamment dans son portefeuille, les trois institutions bancaires marocaines en expansion en Afrique subsaharienne, mais aussi les quatre plus importantes banques d’Afrique du Sud, du Kenya, du Nigeria et de l’Egypte. On y retrouve par ailleurs, deux importantes institutions financières basées au Togo et cotées sur la BRVM, à savoir : Ecobank Transnational Incorporated et Oragroup.

Idriss Linge à Londres