Mort des experts de l’ONU en RDC: des agents de l’Etat arrêtés, mais pas inculpés

Cela fait deux ans jour pour jour que l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan ont été assassinés en République démocratique du Congo. Le 12 mars 2017, ces deux experts de l’ONU étaient enlevés sur la route non loin de la localité de Bunkonde dans la province du Kasaï central où ils enquêtaient sur l’origine des violences pour le compte de Conseil de sécurité. Pendant plus d’un an, le gouvernement congolais et même l’ONU ont assuré que c’était l’œuvre de miliciens Kamuina Nsapu du nom de ce chef qui s’était insurgé contre l’autorité de l’Etat. Mais notamment grâce à plusieurs enquêtes de médias internationaux, dont RFI, des agents de l’Etat et militaires ont été arrêtés, mais jamais inculpés dans ce dossier.

A ce jour, trois agents de l’Etat ont été formellement arrêtés. Il s’agit notamment des inspecteurs de la direction générale des Migrations, José Tshibuabua et Thomas Nkashama. Ce sont eux qui ont menti aux experts pour les amener jusqu’au lieu de leur assassinat. Michael Sharp et Zaïda Catalan pensaient rencontrer le 12 mars 2017 des membres de la famille du chef Kamuina Nsapu, mais l’essentiel des gens qui les entouraient étaient des agents ou proches des services de renseignement, dont messieurs Tshibuabua et Nkashama.

Les deux agents ont été arrêtés fin 2017 mais ils n’ont été présentés à la justice qu’un an plus tard, juste avant la publication des révélations des Congo Files. Des milliers de pages de documents confidentiels de l’ONU qui pointaient leur responsabilité. Malgré cela, les deux compères ne sont accusés que du meurtre des accompagnateurs congolais des experts de l’ONU.

Juste après les révélations des Congo Files, le colonel Jean De Dieu Mambweni qui avait joué un rôle majeur dans l’organisation de leur mission a lui aussi été arrêté. Il était non loin du lieu de l’assassinat le jour du meurtre ; il aurait même fourni les balles qui auraient tué les experts. Il a été arrêté à des fins d’enquête, mais comme les deux autres agents de l’Etat, il n’a jamais été inculpé dans le cadre de ce dossier.

 

Rfi