Notre-Dame de Paris: l’incendie est «éteint», disent les pompiers

Ce que l’on sait, ce mardi matin, du violent incendie qui a ravagé l’emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris, c’est que le feu est parti des combles avant d’être maîtrisé tôt ce 16 avril. Plus tard dans la matinée, aux alentours de 10h (heure de Paris), les pompiers ont enfin déclaré le sinistre « éteint ». Retrouvez aussi dans cet article notre édition spéciale à réécouter.

« L’ensemble du feu est éteint. La phase est désormais à l’expertise », a déclaré Gabriel Plus, le porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris lors d’un point presse, ce 16 avril, vers 10h (heure locale).

Le feu est parti des combles

L’incendie a pris, lundi 15 avril, vers 18h50. « J’étais pas loin, j’ai vu les fumées. Au départ, je pensais que c’était l’Hôtel-Dieu et puis en fait j’ai compris que c’était la cathédrale. Je suis arrivé, les cendres ont commencé à tomber », décrit Olivier De Chalus, le responsable des guides bénévoles de la cathédrale. Le feu est parti des combles, puis il s’est propagé extrêmement vite à une grande partie du toit. Les flammes ont dévoré la charpente, longue de plus de 100 mètres et baptisée « la forêt », en « raison du grand nombre de poutres qu’il a fallu utiliser pour la mettre en place, chaque poutre provenant d’un arbre », précise encore le guide.

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Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « destruction involontaire par incendie ». La piste d’un départ de feu accidentel depuis le chantier en cours sur le toit de la cathédrale « retient l’attention des enquêteurs en l’état des investigations », a précisé une source proche du dossier. Les ouvriers du chantier étaient entendus dans la nuit par les enquêteurs, selon le parquet.

Ce 16 avril au matin, l’incendie est « maîtrisé »

Les pompiers ont annoncé tôt mardi que l’incendie était « complètement maîtrisé » et « partiellement éteint ». Seuls des « foyers résiduels » demeuraient actifs. Vers 22h50 (heure de Paris), les « deux tours de Notre-Dame (étaient) sauvées » et sa structure « sauvée et préservée dans sa globalité », selon le général Jean-Claude Gallet, commandant de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Dès le départ du feu, un important dispositif de secours a été mis en place.

Quatre cents pompiers avec dix-huit lances à incendie, certains juchés sur des bras mécaniques à des dizaines de mètres de hauteur, ont lutté pour tenter de circonscrire au plus vite le feu. L’eau était pompée directement depuis la Seine, située à quelques dizaines de mètres, à l’aide de petites embarcations reliées à d’immenses tuyaux. Utiliser des bombardiers d’eau sur le bâtiment était inenvisageable : « Le largage d’eau par avion sur ce type d’édifice pourrait en effet entraîner l’effondrement de l’intégralité de la structure », a tweeté la Sécurité civile.

« Le péril du feu étant écarté, le sujet est “bâtimentaire” : savoir comment la structure va résister au très grave incendie de cette nuit », a déclaré le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez, devant la presse peu avant 7h00 du matin. « Il y aura donc à 8h une réunion avec des experts, des architectes du bâtiment de France pour essayer de déterminer si la structure est stable, et si les sapeurs-pompiers peuvent s’engager à l’intérieur pour continuer leur mission », a-t-il ajouté.

Quel patrimoine perdu avec cet incendie ?

Vers 19h50 (heure locale), la flèche de la cathédrale, l’un des symboles de Paris avec ses 93 m de hauteur, s’effondre. En quelques heures, une bonne partie du toit de l’édifice semble avoir été réduite en cendres. « L’ensemble de la toiture est sinistrée, l’ensemble de la charpente est détruite, une partie de la voûte s’est effondrée, la flèche n’existe plus », a indiqué ce mardi au petit matin Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris. Heureusement, « les deux beffrois (parties qui abritent les cloches, ndlr) ont été sauvés », a-t-il ajouté, soulagé. « Imaginez : la charpente des beffrois fragilisée, les cloches qui s’effondrent, c’était vraiment notre crainte ! ». « L’ensemble des oeuvres d’art qui étaient dans la partie “trésor” », ont été sauvées, a-t-il également précisé, dont la couronne d’épines et la tunique de Saint Louis.

« Ce qu’on a perdu, c’est la charpente, explique Philippe Plagneux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’université Paris I Sorbonne. La charpente, c’est à la fois la silhouette, mais c’est aussi la chair du monument, c’est-à-dire c’est quand même un témoignage de la construction des XIIe et XIIIe siècles. C’était déjà la deuxième charpente. La première datait de 1160, il en restait très peu de choses. Elle a été refaite au XIIIe siècle. Mais celle-ci réemployait des bois plus anciens. Donc, c’est l’histoire du monument qu’on pouvait lire dans cette charpente qui a disparu et cette flèche de Viollet-le-Duc, c’est quand même un moment fort dans l’histoire de Notre-Dame de Paris. Viollet-le-Duc, pensons au livre de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris,qui a suscité cette restauration et qui se termine pratiquement par cette flèche qui était comme un chef-d’œuvre aussi de construction. C’est un grand charpentier parisien, Bellu, qui l’a faite pour le bois, Viollet-le-Duc qui l’a dessinée et c’est lui qui a façonné presque cette icône internationalement reconnue. »

Il y aura des années de travaux

Restaurer ce bâtiment prendra « des années de travaux », a estimé le nouveau président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort. « Nous la rebâtirons », a affirmé peu avant minuit le président Emmanuel Macron, ajoutant que « le pire a été évité, même si la bataille n’est pas encore totalement gagnée ». « Pour répondre à de multiples demandes », la Fondation du patrimoine va lancer mardi une « collecte nationale » pour la reconstruction de Notre-Dame, a-t-elle annoncé dans un communiqué à l’AFP. Dans la nuit, la famille Pinault, l’une des plus riches de France, a annoncé débloquer 100 millions d’euros pour les travaux futurs sur la cathédrale Notre-Dame. Ce 16 avril au matin,  le groupe LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton) et la famille Arnault annoncent un « don de 200 millions d’euros ».

De son côté, la région Île-de-France va débloquer 10 millions d’euros d’« aide d’urgence pour aider l’archevêché à faire les premiers travaux » de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a annoncé Valérie Pécresse. « Cette reconstruction, qui va évidemment coûter très cher, va mobiliser tout un pays, les meilleurs architectes, les meilleurs artisans de France, peut-être du monde ; nous allons nous y atteler dès maintenant », a déclaré la présidente de région sur Radio Classique. La maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a indiqué vouloir débloquer 50 millions d’euros pour le chantier de reconstruction, a également proposé de tenir dans la capitale « une conférence internationale des donateurs ».

Notre-Dame de Paris au lendemain de l’incendie qui l’a ravagée.
Rfi