Notre-Dame: inquiétudes sur les conséquences d’une pollution au plomb

Au moins 300 tonnes de plomb ont fondu lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril dernier. Ce plomb se retrouve désormais ndans la poussière et dans les sols d’une large zone contaminée.

Le plomb fondu de Notre-Dame se retrouve aujourd’hui dans les poussières et les sols des environs de la cathédrale parisienne, mais pas seulement : les vents l’ont emporté vers l’ouest de Paris et les pluies ont causé une pollution de la Seine.

Dans les sols aux abords de l’édifice, les taux de plomb dépassent parfois plus de 60 fois la valeur limite, d’après la préfecture de police de Paris. Or, même une exposition à de faibles doses de plomb peut être dangereuse, d’après les spécialistes.

Certains craignent même une catastrophe sanitaire comparable à celle causée par l’effondrement du World Trade Center. Pour Annie Thébaud-Mony, chercheuse et spécialiste des cancers professionnels, l’incendie de Notre-Dame est une bombe à retardement. « Les deux catastrophes sont comparables dans le sens où c’est une dispersion absolument gigantesque de polluants très dangereux. Le World Trade Center aurait dû faire réfléchir les pouvoirs publics. »

Protéger riverains et travailleurs

Mais les pouvoirs publics ne semblent pas prendre la mesure des dégâts. La vie autour de la cathédrale continue comme si de rien n’était, souligne Jacky Bonnemains de l’association Robin des Bois. « Voir les restaurants continuer, les vendeurs des magasins de t-shirts continuer à s’intoxiquer. Surtout, il ne faut pas toucher à l’image idyllique que se font les gens de ce quartier désormais sinistré… »

Pour les associations, les fonds collectés pour la reconstruction de la cathédrale devraient également servir à protéger la santé des riverains et des travailleurs. « Tout cet argent qui a été mobilisé, qu’il y en ait une partie qui soit consacrée à ce suivi sanitaire des populations qui sont malheureusement victimes de cet incendie », demande la chercheuse Annie Thébaut-Mony.

Cartographie et protocole

Les associations réclament une cartographie précise des retombées de plomb, suivie d’une campagne de dépistage et de prise en charge de l’intoxication par le plomb. Mady Denantes, médecin de l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), exige des mesures adaptées à la gravité de la situation : « On demande que les pouvoirs publics mettent en place une cartographie pour regarder les zones où aujourd’hui on retrouve du plomb, dans les poussières, dans la terre, et un protocole pour faire des dosages de plombémie. Il faut savoir à qui on [les] fait, afin de donner des conseils et [déterminer] quelle est la conduite à tenir. On attend les recommandations des pouvoirs publics sur ces situations. »

Si des recherches ont débuté, notamment dans les poussières, le docteur Denantes pointe que ce n’est pour l’instant qu’une estimation. « Je pense qu’il faut donner les dosages. On veut avoir les résultats. Et je pense qu’effectivement, ne pas informer, c’est inquiéter. Les gens ont droit à l’information et sur la présence de plomb et sur une éventuelle intoxication de leurs enfants par exemple, et sur les conseils pour éviter que l’intoxication s’aggrave ».

rfi