Pourquoi Donald Trump n’a pas encore gagné la guerre contre la Chine

La Chine et les Etats-Unis ont convenu d’un cessez-le-feu sans la guerre commerciale qui les oppose depuis plusieurs mois. Donald Trump a obtenu une réduction du déficit américain. Une fois encore sa méthode musclée a été payante?

C’est le message que le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin qui a mené les négociations, a vendu dimanche sur la chaîne américaine Foxnews. Les Chinois, a t-il déclaré, vont importer davantage de produits agricoles et des produits énergétiques américains, pour un montant de 50 à 60 milliards de dollars par an. Des formules qui ont de quoi donner le sourire à la base électorale de Donald Trump, très importante dans les Etats agricoles et dans les milieux pétroliers. Ce matin la menace d’un embargo chinois sur le soja américain s’éloigne et il y a même des perspectives d’exportations accrues pour les farmers et les producteurs de pétrole.

La Chine va-t-elle importer pour 200 milliards de dollars de marchandises américaines supplémentaires comme l’exige le président américain?

Les Chinois se sont bien gardés de s’engager sur un chiffre quelconque. Steve Mnuchin a d’ailleurs reconnu que c’était un accord cadre. Ses déclarations sur les futurs achats chinois relèvent des mots magiques à vocation électorale. Sur le fond, cet objectif des 200 milliards de dollars d’importation supplémentaires d’ici 2020 paraît complètement improbable. D’abord on voit mal comment la Chine pourrait soudainement acheter plus aux Américains sans se fâcher avec ses autres fournisseurs. Et ensuite c’est industriellement peu réaliste. Parce que les Chinois devraient revoir leur chaîne de production pour s’adapter à de nouveaux produits et aussi parce que les entreprises américaines ne sont pas capables de faire face à une telle hausse des commandes.

Les marchés chinois sont apparemment soulagés, ils ont ouvert en forte hausse ce matin

Parce que le scénario du pire, l’imposition de droits de douane sur les échanges entre les deux pays est ce lundi matin écartée. Et parce que Pékin s’en sort plutôt bien. L’accord est trop vague pour être contraignant d’après les experts. Il n’y a donc pas de garantie chiffrée sur la réduction du déficit commercial américain avec la Chine. Il n’y a pas non plus de changement de cap de la politique industrielle chinoise. Pékin ne remet pas en cause son développement tous azimuts dans les nouvelles technologies comme en rêvent les américains. Et enfin il n’y a pas d’engagement sur le respect de la propriété intellectuelle, l’autre cheval de bataille de l’administration américaine.

La stratégie de Donald Trump qui consiste à taper très fort pour discuter ensuite n’a donc pas été très productive pour le moment face à la Chine.

En partie parce que Donald Trump a besoin de Pékin. Notamment pour réussir son prochain sommet avec le nord-coréen Kim Jong Un. Après cette rencontre fixée au 12 juin prochain, les hostilités pourraient bien reprendre de plus belles. La Maison Blanche garde dans son jeu un gros atout, le sort du chinois ZTE. Le géant des télécom est en cessation d’activité depuis que Washington lui a interdit d’importer les composants américains dont il dépend. Et ce dossier lui non plus ne figure pas dans le semblant d’armistice signé entre les Chinois et les Américains.

►En bref,

L’argent sale en provenance de Russie n’est plus le bienvenu au Royaume Uni

Une commission parlementaire demande instamment à Theresa May et à son gouvernement d’ouvrir enfin les yeux sur l’argent blanchi que les Russes continuent d’investir à Londres, malgré la détérioration des relations entre les deux pays, notamment depuis l’affaire d’empoisonnement Skrypal. Les députés exigent des actions plus fortes et immédiates pour stopper ces flux.

Avis aux organisateurs de piqueniques et de barbecue: le rosé pourrait manquer cet été à la table des Français

L’offre de ce vin de soif ne suffira pas à répondre à une demande toujours plus forte. L’an dernier la récolte de raisins a été très basse, d’où une pénurie potentielle en vue. C’est un peu la rançon du succès. En 15 ans la consommation de rosé a bondi de 30% en France, en volume les exportations ont été multipliées par dix depuis 2008.

 

 

rfi