Pourquoi l’Egypte va mieux et les Egyptiens moins bien ?

Les Égyptiens sont appelés aux urnes à partir de ce lundi pour donner un nouveau mandat au président al-Sissi. Les électeurs attendent surtout l’amélioration de leur pouvoir d’achat laminé par les dernières années de ralentissement économique.

La priorité de l’immense majorité des Egyptiens c’est toujours et encore l’amélioration du pouvoir d’achat. Ce vœu émane d’abord de la cohorte des déshérités, 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Et c’est aussi une nouvelle demande aigüe de la classe moyenne. Notamment des 7 millions de fonctionnaires qui constituent l’un des piliers de l’électorat du président al-Sissi. A cause du ralentissement économique qui a suivi le mouvement de la place Tahrir, les Egyptiens les mieux lotis ont vu leurs économies fondre puis leurs revenus se déprécier. Ils ont d’abord renoncé à leurs vacances. Sept ans plus tard ils sont toujours à la peine et doivent rogner sur toutes les dépenses du quotidien, y compris se priver de viande témoigne un professeur.

Les principaux indicateurs macroéconomiques de l’Egypte sont pourtant positifs.

Le gouvernement espère cette année une croissance vigoureuse, de l’ordre de 5%. L’investissement étranger reflue, les réserves de change se sont reconstituées et l’inflation qui a culminé à 35% l’été dernier commence à dégonfler. Ce sont les premiers fruits du plan d’assainissement des finances publiques appliqué pour obtenir l’aide du FMI. Une TVA a été introduite, les subventions aux produits de base supprimées et la Banque centrale a laissé filer la livre. Les 10 milliards d’euro accordé par le FMI en novembre 2016 ont servi à consolider les comptes publics. Et en attendant que ça aille mieux en Egypte, comme dans tous les pays sous assistance du FMI, cela va moins bien pour la population qui endure l’ajustement.

Quels sont les projets du président al-Sissi pour ramener la prospérité ?

Des projets immobiliers pharaoniques. Ils seront réalisés avec le soutien financier fidèle et solide entre autre de l’Arabie saoudite. La Chine est aussi prête à injecter 20 milliards de dollars dans la nouvelle capitale administrative qui doit sortir de terre à l’est du Caire. Le fabuleux gisement méditerranéen de Zohr qui devrait permettre à l’Egypte de redevenir un exportateur de gaz va aussi rééquilibrer la balance extérieure et les comptes publics. Mais ces grands chantiers tout comme l’industrie pétrolière ne vont générer beaucoup d’emplois durables. Et c’est bien ce dont l’Egypte a le plus besoin. Aujourd’hui c’est encore l’agriculture qui fournir le plus d’emplois.

40% des jeunes Egyptiens sont au chômage !

Ceux qui ont contribué à renverser Hosni Moubarak en 2011 pour demander plus de justice sociale ont les mêmes revendications en 2018 même s’ils ne les expriment plus sur la place publique. Et ils sont chaque jour plus nombreux à souffrir de cette absence de perspective, du fait de la vitalité démographique. La population égyptienne augmente chaque année de deux millions 300 000 habitants. Les experts estiment qu’une croissance soutenue, de l’ordre de 5% pendant cinq ans permettra de faire face à cette déferlante humaine sur le marché de l’emploi mais cela ne suffira pas pour débloquer une économie peu productive, encore très protégée et souvent contrôlée par l’armée. Changer le logiciel, ouvrir au privé sont les grands défis que le général al-Sissi doit relever au cours de son prochain mandat pour répondre aux frustrations de cette jeunesse.

⇒ En bref,

Après les coups de semonce contre la Chine, les Etats-Unis cherchent maintenant à négocier,

D’après le Wall Street Journal des négociations secrètes ont commencé. Washington espère obtenir un accès élargi au marché chinois. Steve Mnuchin, le secrétaire d’Etat au Trésor pourrait se rendre à Pékin pour faire avancer les discussions. Par ailleurs après l’Europe et le Canada, la Corée du Sud vient d’obtenir l’effacement des droits de douane sur l’acier.

Aux Etats-Unis, Remington, l’un des plus anciens fabricants d’armes vient de déposer son bilan.

A cause d’une dette devenue trop lourde et surtout à cause du déclin des ventes, Remington est donc passé hier sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites. Après la tuerie de Sandy Hook en 2012, beaucoup d’investisseurs se sont retirés du capital de cet industriel devenu infréquentable car le fusil d’assaut utilisé pour ce carnage contre une école sortait de ses usines.

 

rfi