Présidence de la Commission: les Vingt-Huit se quittent sans accord

Deux jours après les élections européennes, les Vingt-Huit se retrouvaient ce mardi 28 mai à Bruxelles pour savoir qui allait occuper les postes clés de l’UE. Au cœur des débats, le nom du futur président de la Commission.

Le dîner de travail aura duré trois heures. Entre les asperges, le filet de porc et les fraises au thym, les Vingt-Huit ont brossé le portrait idéal du futur président de la Commission. Ils ont aussi sans doute évoqué les autres postes importants au sein des instances européennes, comme le ministre européen des Affaires étrangères, le président de la Banque centrale européenne ou encore le président du Conseil.

Pour l’heure, aucun nom n’a émergé de ces discussions, relate notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anastasia Becchio. Angela Merkel a redit son soutien à son compatriote Manfred Weber pour succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission. « Nous soutenons notre candidat Manfred Weber, d’autres soutiennent le leur », a-t-elle déclaré. Avant la réunion, les socialistes avançaient le nom du travailliste néerlandais Frans Timmermans, tandis que les centristes donnaient ceux de la Danoise Margrethe Vestager, commisssaire à la Concurrence, et du Français Michel Barnier.

Il y a cinq ans, rappelle notre correspondant à Bruxelles Pierre Benazet, les Vingt-Huit se sont pliés par intérêt au principe du Spitzenkandidat. La personnalité désignée par le groupe politique vainqueur des élections était ainsi devenue automatiquement président de la Commission. Si les États-membres s’y pliaient à nouveau cette année, c’est Manfred Weber qui s’imposerait. Mais ce principe semble aujourd’hui avoir du plomb dans l’aile, d’autant que l’alliance allemande CDU-CSU a enregistré son plus mauvais score à des élections européennes.

« Moi, je veux rassembler. Si les uns et les autres restent au nom où ils sont, nous aurons un blocage, a prévenu Emmanuel Macron. Parce qu’aucun des groupes n’a la majorité à lui seul. » Le président français a donc invité ses homologues à trouver un compromis autour d’un candidat « charismatique, inventif, compétent ».

Faute de pouvoir s’entendre sur le nom de la « prochaine Miss » ou du « prochain Mister Europe », pour reprendre les termes du Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, c’est donc sur une vision et des priorités que les chefs d’État et de gouvernement européens ont tenté de s’entendre ce mercredi soir en vue des cinq prochaines années. Emmanuel Macron avait énuméré les siennes en arrivant : l’urgence climatique, la protection des frontières et la réforme du modèle économique et social.

Emmanuel Macron a insisté sur la parité hommes-femmes, mais il faudra aussi prendre en compte les critères géographiques, démographiques et les sensibilités politiques. Les négociations sont désormais entre les mains de l’actuel président du Conseil, Donald Tusk ; c’est à lui que reviendra, après les consultations, de proposer des candidats susceptibles d’être adoubés par les Vingt-Huit.

 

Rfi