RETRO 2018: les moments marquants du sport africain

L’année 2018 a vu plusieurs représentants du continent africain briller dans différents sports. Eliud Kipchoge a repoussé les limites de l’imaginable tandis que Francis « Predator » Ngannou a vu son ascension stoppée. Le Maroc a obtenu les prochains Jeux Africains à défaut de la Coupe du monde de football 2026. L’Afrique du Sud a salué Kevin Anderson et Bryan Habana pendant que le Rwanda a vu éclore un champion en devenir en la personne de Joseph Areruya. On a aussi vibré en handball et en basket sur le continent. Retour sur douze mois intenses.

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MMA: Francis Ngannou, se relever après la chute

Invaincu depuis presque quatre ans, Francis Ngannou a commencé l’année par un combat pour le titre UFC des poids lourd à Boston contre le champion en titre Stipe Miocic. Ce choc a néanmoins tourné en faveur de l’Américain, dominateur et donné vainqueur par décision des arbitres à l’issue des cinq rounds (Ngannou n’avait jamais dépassé les deux rounds avant ça). Le « Predator » camerounais a alors promis de revenir plus fort.

Le 6 juillet, à Las Vegas, il a essuyé un deuxième revers de rang, encore sur décision, contre l’Américain Derrick Lewis. Mais le Camerounais a retrouvé la lumière le 24 novembre à Pékin (Chine) où il s’est offert une victoire expéditive contre l’Américain Curtis Blaydes, balayé en 44 secondes.

Le Camerounais Francis Ngannou, star du MMA et des réseaux sociaux. © Gregory Shamus / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Handball: la Tunisie, l’Angola et l’Egypte règnent sur l’Afrique

L’année a commencé avec le Championnat d’Afrique des nations masculin au Gabon. En finale, la Tunisie a renversé l’Egypte (26-24) et remporté le titre, après deux finales perdues d’affilée (2014 et 2016). En décembre, le Championnat d’Afrique des nations féminin s’est tenu au Congo-Brazzaville et a vu l’Angola conserver sa couronne face au Sénégal (19-14).

En Ligue des champions, chez les hommes, le Zamalek SC a gardé son titre en battant Al Ahly (27-25) dans une finale 100% égyptienne le 28 octobre. Chez les dames, le même jour, la finale a été 100% angolaise. Et le CD Primeiro de Agosto s’est imposé pour la cinquième année consécutive, cette fois contre le Petro Atlético Luanda (25-21).

Athlétisme: Eliud Kipchoge repousse les limites humaines

Berlin est  décidément la ville de rêve pour les marathoniens. Cela fait 15 ans que le record du monde est successivement battu dans la capitale allemande. Mais la performance d’Eliud Kipchoge, le 16 septembre, est bien la plus ahurissante. Le Kényan a battu la précédente meilleure marque de son compatriote Dennis Kimetto.

Eliud Kipchoge a battu le record du monde du marathon à Berlin en 2h 01mn 39s, le 16 septembre 2018. © John MACDOUGALL / AFP

Pour être plus précis, il l’a carrément pulvérisée en établissant un nouveau record de 2 heures, 1 minute et 39 secondes… soit 1 minute 18 de moins que Kimetto ! Eliud Kipchoge est devenu le premier homme à courir les 42,195 kilomètres en moins de 2 heures et 2 minutes. Le champion du monde et champion olympique, âgé de 34 ans, est le maître de la distance. La Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) l’a désigné athlète de l’année avec la Colombienne Caterine Ibargüen.

Les Jeux Africains au Maroc avant le Ghana

Il ne manquait plus que l’officialisation. L’ACNOA l’a confirmé le 26 juillet : c’est bien le Maroc qui organisera les Jeux Africains 2019, du 23 août au 23 septembre. La 12e édition de ces Jeux est de retour au Maghreb, onze ans après ceux qui se sont déroulés en Algérie. La Guinée équatoriale, préalablement choisie, s’était officiellement désistée en septembre 2017, pour des raisons de budget. Les Jeux Africains de 2023, eux, devraient avoir lieu pour la première fois au Ghana. L’Union africaine doit entériner ce choix en janvier 2019.

Athlétisme: la belle année d’Ahouré et Ta Lou

En mars, à Birmingham au Royaume-Uni, se sont tenus les 17es championnats du monde d’athlétisme en salle. Un événement où le drapeau ivoirien a fièrement flotté grâce à Murielle Ahouré et Marie-Josée Ta Lou. La première a remporté l’or du 60m et battu son propre record d’Afrique, juste devant sa compatriote. Jamais l’Afrique n’avait remporté l’or sur cette distance avant qu’Ahouré et Ta Lou ne prennent ces deux premières places. Une performance superbe pour la championne du monde, après une année 2017 difficile marquée par la disparition de son père adoptif.

Murielle Ahouré et Marie-Josée Ta Lou célèbrent leur performance lors des Mondiaux d’athlétisme en salle de Birmingham, le 2 mars 2018. © REUTERS/Hannah McKay

Dans ces mêmes championnats du monde, l’Ethiopienne Genzebe Dibaba a conforté son statut de spécialiste du fond en étant sacrée sur 1500m et 3000m. Et la Burundaise Francine Niyonsaba a conservé son titre sur 800m. Chez les hommes, les Ethiopiens Samuel Teera etYomif Kejelcha ont été sacrés champions du monde, respectivement sur 1500m et 3000m.

Au mois d’août, Marie-Josée Ta Lou a de nouveau été en lumière en s’imposant sur 100m et 200m aux Championnats d’Afrique. Caster Semenya a également brillé en écrasant la concurrence sur 400m et 800m. Chez les hommes, mention spéciale au Botswanais Nijel Amos, encore intraitable sur 800m. C’est son 3e titre de suite. En attendant le retour à la compétition du maître kényan David Rudisha, Amos répète ses gammes. Le double champion du monde, lui, a repris l’entraînement cet automne, après deux saisons ternies par des blessures.

Trois jours après ces Championnats d’Afrique, l’athlétisme kényan a déploré la disparition de Nicholas Bett, champion du monde du 400m haies en 2015. Ce dernier venait de participer aux Championnats d’Afrique, où il s’était blessé en finale. Nicholas Bett est décédé le 8 août à l’âge de 28 ans dans un accident de voiture.

Tennis: deuxième finale de Grand Chelem pour Anderson

En 2017, à l’US Open, Kevin Anderson avait surpris tout le monde en se hissant jusqu’en finale. Seulement 32e joueur mondial, le Sud-Africain avait déjoué tous les pronostics pour finalement échouer contre Rafael Nadal. Cette année, le géant (2,03m) a fait plus fort à Wimbledon. Certes, il a de nouveau été battu en finale, cette fois par Novak Djokovic. Mais avant, Anderson a réalisé un parcours prestigieux, domptant notamment Philipp Kohlschreiber, Gaël Monfils, John Isner, et surtout le maître des lieux Roger Federer, titré huit fois sur le gazon londonien.

Le Sud-Africain Kevin Anderson. © Don EMMERT / AFP

Kevin Anderson a également remporté son premier tournoi ATP 500 à Vienne contre Kei Nishikori et a joué deux demi-finales en Masters 1000 (battu par Dominic Thiem à Madrid et par Stefanos Tsitsipas à Toronto). N°5 mondial cet été, le Sud-Africain de 32 ans termine l’année au sixième rang.

JO d’hiver: record de participants, mais toujours pas de médailles

Huit pays ont participé aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, en février 2018 : l’Afrique du Sud, l’Erythrée, le Ghana, le Kenya, Madagascar, le Maroc, le Nigeria et le Togo. Jamais le continent n’avait compté autant de représentants, sauf en 1992 à Albertville, où l’Algérie, le Maroc, le Sénégal et le Swaziland étaient représentés par 19 athlètes (contre 12 athlètes pour les huit pays de Pyeongchang).

Il faudra toutefois attendre au moins la prochaine édition, en 2022 à Pékin, pour espérer voir l’Afrique glaner sa première médaille aux JO d’hiver.

Rugby: victoire de prestige des Springboks, la Namibie qualifiée pour la prochaine Coupe du monde

La Nouvelle-Zélande, double championne du monde en titre et vainqueur des trois derniers Rugby Championships, reste la référence absolue en matière de rugby. Mais le 15 septembre, les All Blacks ont subi un revers mémorable chez eux, à Wellington. L’Afrique du Sud, lors de la 4e journée du Rugby Championship, est venue s’imposer sur le terrain de Beauden Barrett et de ses coéquipiers (36-34). Les Blacks n’avaient plus perdu chez eux contre une équipe nationale depuis neuf ans. Depuis le 12 septembre 2009 plus précisément, et une défaite subie face aux Springboks déjà (32-29).

L’Afrique du Sud a, en avril 2018, applaudi Bryan Habana, champion du monde en 2007, recordman du nombre d’essais sur une seule Coupe du monde (7 en 2007) et co-recordman du nombre d’essais en Coupe du monde (15, à égalité avec le Néo-Zélandais Jonah Lomu). Retiré des Springboks depuis 2016, Habana a mis un terme à sa carrière de rugbyman après cinq années en France au RC Toulon.

Le Sud-Africain Bryan Habana inscrit un essai lors de la demi-finale du Mondial 2007 contre l’Argentine, le 14 octobre 2007. © William West/AFP

En Coupe d’Afrique de rugby, dans la division Gold Cup, la Namibie a logiquement pris la première place avec cinq victoires en cinq matches. Les Welwitchias sont ainsi qualifiés pour la Coupe du monde 2019, au même titre que l’Afrique du Sud (déjà qualifiée, elle ne participe pas à la Coupe d’Afrique de rugby en raison de son niveau nettement plus élevé que celui des autres nations continentales).

Dans la division Silver Cup, l’Algérie a dompté la Zambie en finale (31-0) et se retrouve promue en Gold Cup, division dont est relégué le Maroc. Et en Bronze Cup, le Ghana a battu la République de Maurice (23-17), ce qui lui offre une promotion en Silver Cup. Le Lesotho est relégué en Challenge régional.

ACNOA: Berraf nouveau président

L’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) entre dans une nouvelle ère, après une longue période dans le brouillard. L’Ivoirien Lassana Palenfo, en poste depuis 2005 et dont la réélection en mai 2017 avait été invalidée par le Tribunal arbitral du sport, laisse sa place à Mustapha Berral, l’ancien vice-président de l’organisation. Le dirigeant algérien a été élu président le 29 novembre à Tokyo (34 voix sur 54). Il a devancé la Burundaise Lydia Nsekera (20 voix) au second tour. Son mandat s’achèvera en 2021.

Pas de Mondial 2026 pour le Maroc

Cinquième déconvenue pour le Maroc. Le royaume espérait devenir, en 2026, le deuxième pays africain à organiser une Coupe du monde de football après l’Afrique du Sud en 2010. Il avait des raisons d’y croire, sachant qu’au jeu de l’alternance, le continent africain aurait pu obtenir les faveurs de la Fifa, puisque depuis 2010, la Coupe du monde est allée en Amérique (Brésil), en Europe (Russie) et doit aller en Asie (Qatar) en 2022.

Las, le 14 juin, jour d’ouverture du Mondial 2018, la Fifa a préféré confier l’organisation du Mondial à trois pays simultanément : le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Le ticket américain a même été plébiscité avec 134 voix pour, contre seulement 65 pour le Maroc. Le royaume chérifien aurat-il plus de chances en 2030 s’il postule à nouveau pour un ticket à trois avec l’Espagne et le Portugal ?

Rappel >> les moments marquants du foot africain en 2018

Dakar ville-hôte des prochains Jeux olympiques de la jeunesse

Les Jeux olympiques de la jeunesse d’été, réservés aux athlètes âgés de 15 à 18 ans, ont déjà eu lieu en Asie (Singapour 2010 et Chine 2014) ainsi qu’en Amérique du Sud (Argentine 2018). En marge de l’édition à Buenos Aires, le 8 octobre, le Comité international olympique a désigné le Sénégal comme pays-hôte de la 4e édition, prévue en 2022. Ces JOJ auront lieu à Dakar. Abuja (Nigeria), Gaborone (Botswana) et Tunis (Tunisie) étaient également en lice.

Cyclisme: Areruya, l’avenir lui appartient

Joseph Areruya avait commencé l’année 2018 par un coup d’éclat en remportant le Tour africain le plus relevé, la Tropicale Amissa Bongo. Le Rwandais a confirmé son potentiel en allant chercher l’or aux Championnats d’Afrique de cyclisme sur route catégorie Espoirs en course en ligne et en contre-la-montre, puis en s’imposant sur le Tour de l’Espoir.

Joseph Areruya et Samuel Mugisha sur le Tour de l’Avenir 2018. © Photo: Marco Martins/RFI

A 22 ans, Joseph Areruya, qui a signé son premier contrat professionnel chez Delko-Marseille en mars dernier, a été désigné le 21 décembre Cycliste africain de l’année. Il est le premier Rwandais lauréat de ce prix. Il succède au Sud-Africain Louis Meintjes.

Basket: bonnes performances pour les Nigérianes et les Sénégalaises

La Coupe du monde féminine du basket-ball s’est déroulée en Espagne en septembre. Les Nigérianes y ont fait très bonne impression.Les D’Tigeress se sont hissées jusqu’en quarts de finale, où les invincibles Américaines ont mis fin à leur parcours. Avant cela, elles avaient dominé la Turquie et l’Argentine en poules, puis la Grèce en barrages. A l’arrivée, le Nigeria s’est classé 8e sur 16, soit le meilleur résultat jamais obtenu par des Africaines.

Les Sénégalaises, elles, se sont classées 12es et se sont faites éliminer en barrages par l’Espagne. Les Lionnes ont quand même été à l’honneur le 23 septembre en battant la Lettonie, ce qui a constitué la toute première victoire d’une équipe africaine en match de poule d’une Coupe du monde.

Chez les hommes, on connaît trois des six représentants africains pour la Coupe du monde prévue en 2019 en Chine. Mi-septembre, la Tunisie et le Nigeria ont pris les deux premiers tickets. Ces deux nations ont été rejointes par l’Angola début décembre. La fin des éliminatoires est prévue les 22-23-24 février 2019. Le Cameroun, le Sénégal, la République centrafricaine et la Côte d’Ivoire peuvent encore y croire.*

 

Rfi