Sénégal: la vétusté du parc automobile accroît la pollution atmosphérique (expert)

Au Sénégal, où 56 % des véhicules sont âgés de plus de 16 ans, la pollution de l’air est en grande partie due à la circulation automobile surtout à Dakar qui concentre 49,6 % de la population globale sur seulement 0,3 % de la superficie du pays, a indiqué jeudi à Dakar, Cheikh Fofana, le Directeur adjoint de l’Environnement et des Etablissements classés (DEEC).Cheikh Fofana, s’exprimant à la deuxième session ordinaire du Conseil économique, social et environnemental (CESE) dont le thème est « Civisme et qualité de l’air », a déclaré qu’au Sénégal, la pollution de l’air touche principalement « les grandes agglomérations ».

Le Directeur adjoint de l’Environnement et des Etablissements classés a souligné que « les activités industrielles, le brûlage à l’air libre de la biomasse et des déchets, et les poussières désertiques » sont d’autres sources de pollution atmosphérique dans la capitale sénégalaise.

Pour purifier l’environnement des citadins, M. Fofana a demandé à l’Etat de « poursuivre son programme de renouvellement du parc automobile, de renforcer les transports de masse et les transports non motorisés ».

A cet effet, il a dit être convaincu que « le Train express régional (Ter) et le Bus Rapid Transit (BRT) sont des opportunités » pour diminuer drastiquement la pollution issue du trafic automobile à Dakar. Le Sénégal dispose d’un Centre de Gestion de la Qualité de l’Air (CGQA) qui, quotidiennement, « permet de connaître l’indice de la qualité de l’air », a précisé Cheikh Fofana.

Pour mener à bien sa mission, indique le Directeur adjoint de l’Environnement et des Etablissements classés, « le CGQA a un réseau de six stations fixes à Dakar : Boulevard de la République, Médina, Bel-Air, Port Autonome de Dakar, HLM, Yoff et Guédiawaye. Il y a aussi un camion-laboratoire permettant de mesurer les concentrations de polluants atmosphériques là où il n’y a pas de stations ».

Concluant son propos, M. Fofana a plaidé pour le renforcement des capacités du Centre de Gestion de la Qualité de l’Air : « Je profite de cette tribune pour demander de nous aider à entretenir ce bijou en le dotant de moyens (suffisants). Nous voulons faire le maillage du territoire national en installant des stations de mesure à l’intérieur du pays. Pour l’heure, nous ne sommes que dans quelques départements de Dakar ».

Pour sa part, Birane Diouf du Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (Congad) a évoqué « la lutte contre l’incivisme dans le domaine de la pollution ». Cet environnementaliste et géographe, conscient de la responsabilité de l’Homme dans ce péril, a appelé de ses vœux l’avènement « d’un nouveau modèle de citoyen à vision systémique ».

Enfin, Mamadou Fall, Professeur de Toxicologie et par ailleurs président du Centre anti poison, a fait savoir que toutes les parties de l’organisme peuvent subir les conséquences de la pollution atmosphérique.

Partant de là, il a conclu « qu’on peut être sur la même table et manger différemment. Par contre, quand on est dans la même salle, on respire le même air. C’est pourquoi, chacun doit faire quelque chose pour améliorer la qualité de cet air ».

D’après les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution atmosphérique est responsable, annuellement, de la mort de 7 millions de personnes dans le monde. Les résultats de l’enquête de l’OMS, rendue publique en 2018, révèlent que les centrales électriques au charbon, le transport d’essence et de diesel et le combustible domestique sont les principales causes de la pollution de l’air.