SensDigital, l’entreprise qui connecte les objets

La start-up SensDigital, créée en 2012, à Montpellier par le Sénégalais Mamadou Diouf a conçu « La Ruche connectée ». Un meuble design à plusieurs alvéoles qui, grâce à une intelligence embarquée, devient une boîte aux lettres connectée. L’innovation a conquis le cœur des entreprises et génère déjà des millions d’euros de chiffre d’affaires à son concepteur.

Dans l’univers des entreprises innovantes, les investisseurs recherchent le plus souvent des start-up « bootstrap ». C’est-à-dire des entreprises qui peuvent générer déjà, à elles seules, un chiffre d’affaires conséquent avant de solliciter l’appui d’un investisseur pour accélérer sa croissance.  C’est sans nul doute le parcours de SensDigital, start-up basée à Montpellier et spécialisée dans l’édition de solutions connectées pour accompagner la transformation digitale des grandes entreprises.

En 2012, l’entreprise héraultaise créée par Mamadou Diouf, 38 ans, ingénieur en réseau et télécommunication, n’avait qu’un chiffre d’affaires de 200 000 euros. Mais six ans après, les prévisions sont de l’ordre de plusieurs millions. « Nous prévoyons un chiffre d’affaires de cinq millions d’euros cette année et 30 millions d’euros d’ici 2022 », affirme fièrement Mamadou Diouf qui a sous sa direction près de 30 collaborateurs.

Déjà, en 2016, l’entreprise incubée et hébergée chez Cap Alpha, avait atteint trois millions d’euros de chiffre d’affaires. « C’est vrai que rapidement avec les innovations qu’on a mises en place, on a eu énormément de marques d’intérêt qui ont accéléré notre croissance.  Nous sommes une start-up bootstrap tout simplement parce que le développement de l’entreprise ne s’est pas fait par des levées de fonds successives. Cela s’est fait en partie par de l’autofinancement et grâce à des partenaires qui ont cru en l’entreprise », raconte Mamadou Diouf, satisfait d’avoir pu tenir jusque-là. « Au bout de six ans d’entreprenariat, continuer à exister, c’est une chose. Mais continuer à générer du chiffres d’affaires, c’est un grand défi »,sourit l’entrepreneur d’origine sénégalaise. Il y a de quoi. Selon les statistiques de l’Insee publiées en 2016, sur 10 000 start-up recensées, 90% n’ont pas franchi le cap des cinq ans.

La seule limite est l’imagination

Mais si SensDigital est aussi florissante, c’est grâce à son bijou et produit phare « La Ruche connectée ». Un meuble design multifonctionnel à alvéoles qui peut être utilisée comme boîte aux lettres. Par le biais de capteurs de détection utilisant la technologie RFID, le meuble connecté signale par mail ou par sms, les arrivées et les départs des courriers ou colis qui y sont déposés. L’innovation offre aux entreprises un gain de temps considérable dans la gestion des courriers. Hyper-sécurisé grâce à l’identification par reconnaissance faciale ou le scanning, il peut aussi, outre les boîtes aux lettres de consigne d’affaires professionnelles ou personnelles, être utile dans la gestion numérique des caves à vins et aussi servir de casier à chaussures dans des centres de loisirs couverts. « On peut en faire autant de déclinaisons que possible. On peut l’adapter à n’importe quelle taille, n’importe quelle dimension. Sa seule limite est l’imagination », explique Mamadou Diouf qui a quitté le Sénégal, en 1999, pour ses études à l’université de Montpellier.

Mamadou Diouf, 38 ans, fondateur de SensDigital.SensDigital

C’est d’ailleurs en travaillant sur le « projet de digitalisation » du Bowling Star de Montpellier, fin 2016, que l’idée est venue à l’ingénieur sénégalais de concevoir « La Ruche connectée ». « Au départ l’idée était de mettre en place une plateforme de parcours digital B to C pour que les clients du centre de bowling puissent depuis chez eux réserver, recharger un compte pour venir jouer sans attendre. Mais on s’est rendu compte par la suite qu’il y avait une problématique liée à la gestion des chaussures », affirme Mamadou Diouf.

Bien que le client gagne du temps en réservant en ligne, il doit néanmoins en perdre lorsqu’il échange ses paires contre celles du bowling. « Il faut donner sa pointure, aller chercher les chaussures…C’était chronophage. Il fallait donc connecter les casiers pour que la digitalisation soit complète. Nous avons donc fait une étude pour voir ce qui était possible de faire en termes de casier », explique le président de SensDigital.

Se développer à l’international

Dans un premier temps, Mamadou Diouf et ses collaborateurs se rapprochent de La Poste qui utilise déjà les consignes autonomes pour les retraits de colis des e-acheteurs. « Sauf qu’elle ne pouvait pas adapter ni son mobilier ni son logiciel ». Après donc une phase de recherche et développement avec l’appui de la Banque publique d’investissement (BPI) et la région Occitanie, la solution innovante est toute trouvée. Un cabinet spécialisé dans le design s’occupe de la modélisation, un ébéniste en Lozère conçoit le meuble et SensDigital y embarque la technologie.

Présentée pour la première fois en 2017 lors du salon international Vivatech à Paris, l’innovation a séduit plus d’une entreprise. Plus de 2 500 casiers connectés ont été livrés à seulement cinq clients dont bien évidemment le Bowling Star de Montpellier. L’accélérateur Village by Ca de la banque Crédit Agricole a aussi installé des boîtes aux lettres connectées pour les start-up qu’il abrite. « Le marché de la transformation digitale est un marché colossal », explique Mamadou Diouf, qui veut désormais se développer à l’international notamment au Canada « qui peut être une porte d’entrée aux Etats-Unis et où la transformation digitale n’est pas bien avancée ». Des casiers connectés y ont été déjà exportés. Ils servent notamment de consigne d’affaires pour le Cietech Canada, un pôle technologique. Et l’entreprise qui est labellisée « French Tech »  a ouvert, en avril, sa première filiale en Belgique et travaille sur des opportunités d’affaires en Tunisie et au Maroc.

Rfi