Sur le départ pour le Conseil constitutionnel, Alain Juppé crée la surprise

Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a proposé Alain Juppé pour siéger au Conseil constitutionnel. Une candidature inattendue alors que son nom circulait pour les prochaines élections européennes.

Alain Juppé ne figurera donc pas sur les affiches de La République en marche pour les Européennes. Depuis son divorce avec le parti Les Républicains de Laurent Wauquiez, le maire de Bordeaux était pourtant souvent cité par les stratèges du parti présidentiel pour être l’un des visages de la future campagne. Certains rêvaient devant les micros d’un axe Juppé-Cohn Bendit.

Mais à 73 ans, après avoir connu plusieurs traversées du désert et un échec cuisant face à François Fillon, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac préfère se retrancher derrière les murs du Conseil constitutionnel, loin des secousses électorales puisqu’il sera soumis à un strict devoir de réserve.

Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a proposé son nom pour rejoindre les Sages et Alain Juppé a accepté. A 73 ans, il doit y remplacer le mois prochain un autre ancien Premier ministre, Lionel Jospin, pour un mandat de neuf ans non renouvelable.

Son choix de quitter Bordeaux est une autre surprise. Alain Juppé en est à son quatrième mandat et il répète souvent son attachement pour la ville. Il a même publié en octobre dernier un Dictionnaire amoureux de Bordeaux. Dans un communiqué, Alain Juppé explique avoir pris sa décision de ne pas se représenter à la mairie « il y a plusieurs mois ». Il comptait l’annoncer après les Européennes.

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Invité dans le cadre du Grand Débat national sur la chaîne LCI, le Premier ministre Edouard Philippe, ancien poulain d’Alain Juppé, s’est félicité de cette nomination.

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Des députés partagés

A l’Assemblée nationale, les réactions à cette annonce sont partagées. « C’est un homme qui a servi avec beaucoup de sérieux et beaucoup de rigueur son pays, qu’il aime, estime le député Pierre-Yves Bournazel, ancien de LR et membre du parti Agir, la droite constructive. On sait qu’il servira avec hauteur de vue le Conseil constitutionnel. »

Un avis que ne partage pas Alexis Corbière, de La France insoumise. « Monsieur Juppé s’est fait connaître comme un homme dur, peu sensible à la question sociale, affrontant le pays, le mettant en grève », reproche-t-il, en référence aux grandes grèves de 1995 contre la réforme des retraites et de la Sécurité sociale. Et pour le député de Seine-Saint-Denis, l’ancien Premier ministre traîne un autre boulet : sa condamnation pour l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. « Le Conseil constitutionnel, c’est un ensemble de garants, de sages (…) Je pense qu’il aurait dû considérer, malgré sa longue expérience, ne pas être le mieux placé pour y siéger. »

Ironique, Aurélien Pradié juge la décision sage pour quelqu’un « qui n’était pas bien dans la vie politique depuis quelques mois ». « Il n’était pas à son aise, ce n’était plus tout à fait son époque », considère le député du Lot. « Je pense qu’il ne manquera pas tellement à la vie politique de cette époque. »

 

Rfi