Taxe Gafa : Donald Trump et Emmanuel Macron jouent l’apaisement

Le président américain Donald Trump et son homologue français Emmanuel Macron se sont dits confiants, mardi, quant à la possibilité de régler le différend qui oppose les deux pays au sujet de la taxation des géants d’Internet. Washington avait pourtant menacé la veille d’imposer des taxes douanières sur une série de produits français.

Un semblant de calme après l’orage. La menace de taxes douanières imposées par les États-Unis à une série de produits français, en riposte à l’adoption par la France d’une loi sur la taxation des géants d’Internet, s’est éloignée, mardi 3 décembre.

“Nous avons un différend mineur. Je pense que nous allons le surmonter”, a déclaré le président américain Donald Trump à l’occasion d’une rencontre avec son homologue français Emmanuel Macron à Londres. Ce dernier a adopté le même ton conciliant, affirmant qu’il pensait “qu’avec le président Donald Trump nous pouvons régler cette situation”.

Reste à savoir comment. Car la veille, encore, Donald Trump semblait très remonté contre la loi française adoptée en juillet dernier, permettant de taxer plus lourdement les géants du Net. Pour Washington, ce texte fait peser “un fardeau anormal sur les entreprises américaines”, tels que Google, Facebook et Apple, qui sont les principaux acteurs du secteur. L’administration a donc donné son feu vert au président américain pour qu’il impose des droits de douane pouvant aller jusqu’à 100 % sur l’équivalent de 2,15 milliards d’euros d’exportations françaises, dont les fromages, les vins pétillants ou les sacs.

“Incertitude et pression constante”

Paris a très mal pris la menace américaine, d’autant plus qu’en août dernier, la France et les États-Unis avaient conclu un accord sur cette question, qui semblait écarter le risque de représailles américaines. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire a, ainsi, dénoncé une décision américaine “inacceptable” et assuré que la France ne renoncerait jamais à sa taxe sur les Gafa. Il a même appelé l’Union européenne en renfort assurant que cette attaque commerciale contre la France visait, en réalité, l’Europe entière.

“L’administration Trump fait pression pour que Paris retire sa taxe, mais elle veut aussi faire passer le message aux autres gouvernements qu’ils seraient massacrés” s’ils suivaient l’exemple français, a assuré à l’AFP un spécialiste des négociations fiscales internationales, sous couvert d’anonymat.

L’administration Trump a fait de la défense des intérêts des entreprises américaines l’un de ses principaux chevaux de bataille. Le risque est donc qu’après les amabilités à Londres, le président américain renoue avec sa menace de droits de douane. En effet, les États-Unis appliquent avec la France la même stratégie qu’ils ont utilisée dans la guerre commerciale avec la Chine et même avec l’Allemagne en menaçant de taxer les importations de voitures. Il maintient ainsi “une incertitude et une pression constante”, estime Vincent Vicard, économiste spécialisé dans le numérique au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), interrogé par l’AFP.

Avec AFP