Tchad: la réforme constitutionnelle en passe d’être votée par les députés

Au Tchad, les députés examinent ce lundi 30 avril le projet de nouvelle Constitution.  Ce projet prévoit notamment la suppression du poste de Premier ministre et la prolongation du mandat du président qui passerait de cinq à six ans. Le texte est contesté par l’opposition qui  boycotte d’ailleurs la session à l’Assemblée.

Le Palais de la démocratie est bouclé par les forces de l’ordre. Des témoins évoquent un dispositif sécuritaire impressionnant : les véhicules de police et de gendarmerie bloquent l’accès au boulevard qui donne sur l’Assemblée. Le député de l’opposition Ahmat Alabo n’a d’ailleurs pas pu franchir les portes du Palais.

Dans l’hémicycle, des députés MPS, le parti au pouvoir. Ils sont 129. La majorité des trois cinquièmes est requise pour l’adoption du projet. Idriss Déby Itno a peu de soucis à se faire : le quorum est atteint. Un débat entre députés MPS doit porter sur les 80 pages du projet. Et le MPS va voter comme un seul homme. Aucune surprise attendue.

Tout est verrouillé, à l’intérieur de l’hémicycle comme à l’extérieur. L’opposition est vent debout et fait siège vide à l’Assemblée. Des leaders de l’opposition comme Saleh Kebzaboh par exemple, qui avaient boycotté le Forum national de mars dernier, parlent d’un pouvoir sans partage, d’une présidence intégrale. D’autres partis qui avaient participé au Forum sont absents aujourd’hui de l’hémicycle : le groupe des démocrates formés notamment du PUR, du PND, du PDI ont décidé de ne pas voter le projet. Eux tenaient absolument à une adoption par voie référendaire pour faire entrer le Tchad dans une IVe République.

Deux mandats de plus pour Déby

L’église aussi aurait préféré que le peuple se prononce. « Cette voie parlementaire fausse gravement les règles du jeu démocratique », dit-elle. Le gouvernement a répondu ce weekend: seul le président peut décider de la tenue d’un référendum. « Nous étions au Forum, mais voilà : Idriss Déby Itno fait ce qu’il veut », constate un opposant qu’on ne peut qualifier de radical.

Dans quelques heures, le Tchad va donc ouvrir une nouvelle page de son histoire politique et constitutionnelle. Le régime sera présidentiel. L’opposition parle de régime présidentiel intégral, car le poste de Premier ministre a été supprimé et que le président Déby Itno n’a pas suivi l’idée du Forum national, qui était de créer un poste de vice-président. Les mauvaises langues disent que sans Premier ministre et sans vice-président l’horizon politique d’Idriss Déby Itno est sans nuages, c’est à dire sans concurrents sérieux.

Avec la nouvelle Constitution, le mandat du président passe à six ans. Renouvelable une fois. Les compteurs sont remis à zéro pour Idriss Déby, dont le cinquième mandat doit s’achever le 21 août 2021. Il n’aura alors que 68 ans.

 

RFI