Trump promulgue de nouvelles taxes sur l’importation d’acier et d’aluminium

Donald Trump a signé ce jeudi 8 mars deux décrets qui instaurent des taxes de 25% sur l’importation d’acier, et de 10% sur l’importation d’aluminium. Ces nouvelles taxes n’entreront pas en vigueur avant deux semaines. Le président américain a exempté ses deux plus proches voisins de ces nouvelles barrières douanières, et se dit prêt à négocier avec les autres pays.

La mise en scène est soignée, constate notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Donald Trump a invité des sidérurgistes à la cérémonie de signature. Ils se tiennent debout derrière le président, leur casque sous le bras. Et lorsqu’il annonce l’imposition de ces nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium, Donald Trump reprend le thème qui l’a porté au pouvoir : une Amérique assiégée qui doit se défendre.

« Nos industries ont été visées pendant des années et des années, pendant des décennies même, par des pratiques commerciales déloyales qui ont conduit à la fermeture d’usines, l’abandon de millions d’ouvriers, une hécatombe pour des communautés entières. Ce n’est pas seulement un désastre économique, c’est aussi un désastre sur le plan de la sécurité. Nous voulons construire nos navires, nos avions, notre équipement militaire avec de l’acier de l’aluminium de notre pays. »

« Vous voulez dire un mot ? Allez-y ! » demande ensuite le président tout sourire à l’un des ouvriers. Dusty Steven, sidérurgiste du Kentucky prend alors la parole. « Il y a deux ans nous avons fermé 60 % des capacités de l’usine quand le marché est tombé. Mais quand ces taxes seront instaurées nous pourront tourner à 100% et plus de 300 emplois reviendront dans la communauté. »

Comme toujours Donald Trump privilégie la politique intérieure à ses relations avec la communauté internationale. Avec l’instauration de ces taxes, le président compte sécuriser le vote de la classe blanche ouvrière de la « Rust Belt », la ceinture de rouille, dans la perspective des élections de mi-mandat.

Canada et Mexique exemptés

« Je tiens une promesse que j’ai faite en campagne et que j’ai faite pendant une grande partie de ma vie », a lancé Donald Trump, assurant que les Etats-Unis, avaient, pendant des décennies, été victimes de pratiques commerciales qu’il a assimilées à une « agression ». Ces taxes, de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium, entreront en vigueur dans 15 jours.

Le Canada, premier partenaire commercial et premier fournisseur d’acier des Etats-Unis, en sera cependant exempté « pour le moment », de même que le Mexique. « Du fait de notre relation spéciale avec le Canada et le Mexique, nous allons exempter ces deux pays des taxes pour voir si nous parvenons à conclure un accord sur le libre-échange. Si nous parvenons à signer l’Aléna, il n’y aura pas de taxe pour le Canada et le Mexique. »

« Beaucoup de flexibilité »

La Maison Blanche a précisé que tous les pays concernés pourraient entamer des discussions avec les Etats-Unis pour négocier, eux aussi, une éventuelle exemption. « Nous allons faire preuve de beaucoup de flexibilité », a assuré le président américain. « Certains des pays avec qui nous sommes en affaires sont de grands partenaires, des alliés militaires importants et nous allons regarder cela de près. Les taxes ne seront pas effectives avant au moins quinze jours et nous verrons qui nous traite équitablement et qui ne le fait pas. »

« L’aspect militaire sera pris en compte. Nous verrons qui paye ses factures et qui ne les paye pas, a ajouté le président américain. Avec notre armée, nous subventionnons beaucoup de pays et ce sont des pays extrêmement riches. Cela doit cesser, et cela entrera aussi dans l’équation. Beaucoup des pays qui nous traitent le plus mal sur le plan commercial et militaire sont nos soi-disant alliés. Donc nous voulons juste de l’équité. Nous voulons que tout soit réciproque. »

Mécontentement chez les républicains

L’annonce de la mise en place de droits de douane a suscité une véritable fronde au sein même du camp républicain où nombre d’élus ne partagent pas l’avis du magnat de l’immobilier selon lequel les guerres commerciale sont « bonnes et faciles à gagner ».

Son principal conseiller économique, Gary Cohn, a démissionné mardi en raison de son opposition à de telles mesures. Quelques minutes après la cérémonie de signature, le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a fait part en termes très clairs de sa désapprobation. « Je suis en désaccord avec cette décision et j’en crains les conséquences imprévues », a-t-il lancé.

rfi